Vestiges coptes d’Isna 

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Le temple égyptien d’Isna est installé aux bords du Nil, en amont de Louksor. À proximité immédiate de ce temple, on peut voir les restes d’une église copte (image 1). Il semblerait qu’il s’agissait d’une église à plan basilical, à nef à 3 vaisseaux. Les murs latéraux du vaisseau central étaient portés par des colonnes cylindriques. Le vaisseau central était prolongé d’une abside semi-circulaire (à plan outrepassé ?).

À côté de ces restes d’églises, avaient été déposés de curieuses pierres en forme d’évier. Cependant il ne s’agit pas d’éviers mais bien d’autels. La plupart portent en effet des symboles typiquement chrétiens. De plus, leur forme fait penser à la liturgie de l’Eucharistie, la messe des chrétiens. En l’occurrence, il s’agirait même de la messe au temps des premiers chrétiens.

Il semblerait que ces premiers chrétiens se réunissaient pour partager un véritable repas, de pain et de vin. Le pain devait être déposé sur les deux plateaux de part et d’autre de la cuve centrale. Comme le fait actuellement le prêtre, le célébrant d’alors devait consacrer le pain puis le vin, suivant ainsi les paroles de l’Evangile : « Faites ceci en mémoire de moi ». Puis il répandait le vin peut-être mêlé d’eau, sur le pain. Celui-ci était partagé avec les fidèles, et le vin qui s’était écoulé dans la cuve centrale était recueilli et distribué à chacun des participants.


Les images ont été placées suivant une certaine chronologie. Les cuves des images 2 et 3 portent des représentations symboliques qui n’appartiennent pas à des modèles chrétiens mais plutôt païens.

Sur l’image 4, on voit apparaître des croix pattées, mais, en y regardant de près, on constate que le bras supérieur de la croix n’est pas un triangle mais un anneau circulaire. Ceci fait penser au ânkh ou croix ansée des égyptiens. Mais ce n’est pas tout à fait le ânkh qui a des branches étroites et rectilignes (hormis la supérieure en forme d’anneau). On est en présence de deux symboles superposés, un symbole chrétien et un symbole païen. Il y a une explication à cela : au début du IIe siècle, un édit de l’Empereur Trajan interdit de poursuivre des chrétiens sur simple dénonciation. En conséquence, s’ils ne veulent pas être persécutés, les chrétiens doivent éviter de montrer leur appartenance à cette religion. Ils sont donc obligés de camoufler cette appartenance en choisissant des symboles connus d’eux seuls (par exemple, le poisson) ou en insérant des symboles païens dans leurs symboles chrétiens. Il semblerait donc que ces 3 premiers autels datent des persécutions.



Les autels suivants (images 5, 6, 7, 8) portent des croix pattées. C’est-à-dire des symboles purement chrétiens.

Enfin le dernier autel porte une croix pattée à six branches. Ce motif pourrait représenter la croix universelle qui montre toutes les directions (verticale, nord-sud, est-ouest).