Édifices d'Afrique du Nord susceptibles de dater du 1er millénaire

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Vous trouverez ci-dessous la liste non exhaustive des monuments d'Afrique du Nord concernés par notre étude.


Introduction à cette étude


Ami lecteur, vous seriez tenté de dire qu’il n’existe pas en Afrique du Nord d’édifice daté du premier millénaire et qu’il n’y a pas lieu de rédiger un seul article là-dessus.

À cela nous pourrons vous répondre que les romains s’y sont installés au début du premier millénaire et qu’il subsiste de nombreux restes de leur passage. À titre d’exemple, citons Volubilis, au Maroc, Constantine, en Algérie, Carthage, en Tunisie, Leptis Magna et Sabratha en Libye. Et que, par ailleurs, les arabes ont occupé cette région à partir du VIIIesiècle. Ils y ont élevé des monuments tels que la mosquée de Kairouan, en Tunisie, et ce, antérieurement à l’an 1000.

Vous objecterez alors que le site n’a pas été construit dans le but de décrire des monuments romains ou arabes mais des monuments chrétiens.

Cela est vrai. Mais d’une part, et ce site le montre, il existe une continuité entre l’architecture romaine et l’architecture de l’antiquité tardive : les premières grandes églises chrétiennes étaient des basiliques. Ces basiliques étaient des monuments civils que, à la suite de Constantin, les empereurs ont affectés au culte chrétien. Par ailleurs certaines représentations romaines ont été reproduites par les chrétiens : par exemple l’image des « oiseaux au canthare » que l’on voit sur des mosaïques romaines et aussi sur des sépultures chrétiennes. Notons enfin que, à partir du IIesiècle, période dite d’apogée de l’empire romain, le christianisme s’est fortement développé dans tout l’empire et, plus particulièrement, en Afrique du Nord. Et il est à parier que de nombreuses villas romaines des IIIe ou IVe siècles ont eu pour propriétaires des chrétiens.

Pour ce qui concerne les arabes, il faut remarquer qu’ils ont été directement en contact avec des populations chrétiennes en Cappadoce, en Égypte, en Sicile ou en Espagne. Et ils ont subi l’influence des peuples habitant ces pays. En fait, l’art musulman du premier millénaire est plus issu de l’art wisigoth d’Espagne que de l’art des déserts d’Arabie.

Il faut cependant constater l’existence d’un énorme « trou » dans la documentation, entre, d’une part, les romains, et d’autre part, les arabes (ou plutôt les musulmans). Il semblerait que, entre le IVe - Ve siècle et le XIesiècle, il n’y ait eu, à de rares exceptions près (églises coptes en Égypte, mosquée de Kairouan en Tunisie), aucune construction nouvelle. C’est du moins ce que laisse penser la lecture des livres ou guides touristiques.

Cela a de quoi surprendre. En effet, d’une part la civilisation romaine était très implantée en Afrique jusqu’aux invasions Vandales dans la première moitié du Ve siècle. Ceux-ci ont certes été, au début, de féroces pillards mais ils n’ont pas tout détruit et ont essayé de se maintenir pendant un siècle en constituant un royaume. Quant aux arabes, qui ont conquis l’Espagne au début du VIIIe siècle, ils devaient avoir de solides bases arrières pour lancer de telles opérations et ces bases arrières ne pouvaient se situer que dans le Maghreb. Par ailleurs, une fois l’Espagne conquise, ils y ont constitué une brillante civilisation dont les effets ont dû se ressentir dans le Maghreb.

On est donc en face d’un vrai problème : en toute logique, le développement de l’Afrique du nord ne s'est pas brusquement arrêté en l’an 500 et la civilisation arabo-musulmane ne s’est pas brusquement épanouie dès l’an 1100. Il a dû y avoir des constructions entre ces deux dates.

Ce problème n’admet que deux solutions.

• Soit il existe encore dans les pays d’Afrique du Nord des bâtiments construits durant le premier millénaire. En comparaison avec ce qui s’est, semble-t-il, passé en Europe, ce seraient des bâtiments que l’on n’a pas cherchés ou que l’on attribue à des époques différentes.

• Soit il n’y aurait pas eu réellement construction de bâtiments nouveaux, et, au contraire, destruction des anciens bâtiments. En conséquence, il faudrait envisager la succession d’événements graves, comme par exemple des dérèglements climatiques ayant engendré une importante désertification.