Divers édifices de l’Ardèche susceptibles de dater du Ier millénaire (page 2/3)
Les quatre églises étudiées dans cette
page sont : l’église
Notre-Dame-des-Pitiés de Coucouron, l’église
Saint-Pierre de Larnas, l’église
Saint-Hilaire de Lespéron, l’église
Saint-Étienne-de-Mélas du Teil.
L’église
Notre-Dame-des-Pitiés de Coucouron
Le village de Coucouron est situé sur le plateau ardéchois à
1139 mètres d’altitude ; aux limites du département de
l’Ardèche et à proximité de deux autres départements, la
Lozère et la Haute-Loire. Cette proximité géographique a dû
se traduire dans le passé par une proximité culturelle. Dans
l’Antiquité, la région était occupée par les Gabales qui ont
donné son nom au Gévaudan. Un peu plus au Nord, habitaient
les Vellaves qui ont donné son nom au Vellay.
L’église est très bien entretenue comme le montrent les images 2, 3, 4 et 5.
Malheureusement, des badigeons recouvrent les éléments de
maçonnerie permettant de dater l’édifice. Cependant, nous
estimons que cette église devait être primitivement dotée
d’une nef à trois vaisseaux. En fait, nous serions en
présence de la nef primitive modifiée par un voûtement
tardif.
Le vaisseau central devait être porté par des piliers
rectangulaires de type R0000.
Lors du voûtement, au cours d’une période de transition
entre le roman et le gothique, des demi-colonnes auraient
été adossées aux piliers les transformant en piliers R0101. Remarquer que
les arcs entre piliers sont simples.
Deux chapiteaux provenant d’une partie romane disparue sont
déposés dans l’église (images
7 et 8). Tous deux, de forme symétrique,
appartenaient probablement à un déambulatoire. Sur le second
(image 8), on
reconnaît une image assez répandue dans la région : la
sirène dont la queue, partagée en deux, remonte vers
l’arrière. Dans le cas présent, la queue n’est pas une queue
de poisson. On dirait plutôt une aile d’oiseau. Le chapiteau
de l'image 9 appartient
au portail principal (image
1). Il représenterait la « luxure » : deux
serpents lui dévorent les seins tandis que deux oiseaux lui
picorent la tête.
Datation envisagée
pour l’église primitive : an 750 avec un écart de 200 ans.
Datation envisagée
pour les aménagements ultérieurs (couvrement des nefs ,
portail occidental et, éventuellement, chevet à
déambulatoire) : an 1150 avec un écart de 50 ans.
L’église
Saint-Pierre de Larnas
Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter cette église.
Les images 10 et 11 font
apparaître un appareil relativement grossier faisant penser
à un appareil préroman. Le plan en forme de T de l'image
12 (nef unique suivie d’un transept débordant clos
par 3 absides) fait référence à des édifices au moins
postérieurs à l’an 900. Ce qui ne signifie que l’édifice en
question est réellement postérieur à l’an 900. Le plan a pu
être créé à partir de la modification d’un édifice plus
ancien. Il arrive parfois qu’une nef à trois vaisseaux soit
transformée en une nef unique par suppression des
collatéraux.
Les images
suivantes de 14 à 18
montrent un ensemble de bas-reliefs principalement à
entrelacs (images 14, 16,
17 et 18) caractéristiques d’une période
préromane. En particulier, les entrelacs des images
16 et 18, dits « entrelacs carolingiens».
Datation envisagée
pour l’église Saint-Pierre de Larnas : an 900 avec un écart
de 100 ans.
L’église
Saint-Hilaire de Lespéron
Un panneau placé à l’entrée de l’église nous apprend ceci :
« En 1031, les seigneurs
Pons de Gaujac et Itier de Solignac cèdent l’église
Saint-Hilaire d’Espérone à l’abbaye de
Saint-Guilhem-le-Désert ... ».
Une telle phrase nous fait espérer que l’église actuelle de
Lespéron est antérieure à l’an 1031. Elle rentrerait donc
dans le cadre de notre étude.
L’église est à nef unique (images
19 et 21). Elle est voûtée, en voûte légèrement
brisée sur doubleaux brisés. Le voûtement a pu se faire
tardivement à partir d’une nef auparavant charpentée. Pour
ce faire, les murs latéraux auraient été renforcés par des
arcs adossés.
Les images 23 et 24 présentent
des chapiteaux surprenants. Sur celui de l'image
23, on
peut voir un hybride à corps d’escargot et tête de cochon.
Nous ne comprenons pas la signification de cette scène.
Celle de l'image 24 est
plus explicite. On se retrouve là encore en présence de la
scène devenue classique des « Oiseaux au canthare ». Scène
qui a été modifiée au cours du temps. On retrouve ici les
deux oiseaux encadrant un objet. Mais ici l’objet n’est pas
un canthare, un vase sacré (le Graal ?). Mais un agneau,
l’Agneau Pascal qui semble dévoré par les deux oiseaux.
Alors que dans la scène des « Oiseaux au canthare », il
semblait protégé par les deux oiseaux. On pourrait se
trouver en présence d’un symbole d’un conflit entre deux
religions.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Hilaire de Lespéron : an 1050 avec un
écart de 100 ans.
L’église
Saint-Étienne-de-Mélas du Teil
Voici ce que dit sur cette église la page qui lui est
consacrée sur le site Internet Wikipedia. : « L'église
actuelle regroupe des éléments d'époques de construction
différentes :
- une chapelle
octogonale, qui est la construction apparemment la plus
ancienne. Pour certains, c'est un baptistère, pour
d'autres, c'est une chapelle funéraire. Cette dernière
attribution vient du fait qu'il a été découvert des tombes
engagées sous les murs au cours des fouilles de 1867 et
1848. Au cours de ces fouilles, les archéologues ont aussi
exhumé une construction rectangulaire abritant une cuve
baptismale devant dater de la fondation du monastère. On
peut remarquer la sobriété de son petit appareil, les
absidioles, les colonnes engagées et les chapiteaux. La
chapelle s'ouvre sur la nef Nord de l'église. La chapelle
est voûtée d'une coupole circulaire à nervures plates
s'appuyant sur les colonnes engagées qui doit dater du XIe siècle. Pour Marc Pabois, les fouilles
entreprises entre 1944 et 1948 ont montré que c'est une
chapelle funéraire du premier art roman construite sur un
ancien cimetière.
- l'église comporte trois nefs :
- la nef Nord, la plus ancienne, doit dater du XIesiècle.
Son plan rappelle l'église Saint-Pierre d'Alba. Peut-être
a-t-elle été construite sur les fondations de l'église du
monastère primitif ? On remarque son abside en
cul-de-four, ses bandes lombardes et les tombes sous
dallage. Elle est voûtée en demi-berceau.
- la nef centrale date du XIIesiècle et
comporte cinq travées. Elle est voûtée en berceau brisé.
Les quatre premières travées seraient du début du XIIe siècle d'après
J. Banchereau. La cinquième travée à côté de l'abside est
voûtée par une coupole octogonale sur trompe, surmontée du
clocher de l'église; elle daterait du XIIe
siècle. Un escalier à vis est placé sur le flanc Sud,
permettant d'accéder au clocher. La nef est décorée de
chapiteaux dont deux historiés : le sacrifice d'Abraham,
et la pesée des âmes. On peut voir unE représentation d'un
poisson, peut-être un rappel de Ichtus qui symbolisait les
chrétiens jusqu'au IVe siècle ;
- la nef Sud date du XIXesiècle. »
Nous voyons dans ce texte la
confirmation de ce que nous disons depuis longtemps : les
historiens de l’art font un blocage sur l’an mille. Ils
refusent d’admettre qu’un monument quelconque puisse être
antérieur à l’an mille. En conséquence, ils écartent
systématiquement toute hypothèse qui pourrait mettre en
défaut leurs théories. Dans le cas présent, toutes les
parties de ce bâtiment sont systématiquement datés d’une
date postérieure à l’an mille, que ce soit dans le texte ou
sur le plan de l'image 27.
Considérons l’ouvrage à plan octogonal situé en bas à gauche
du plan. Il est aussi à gauche sur l'image
26. Les images
32 et 33 sont des vues de l’intérieur de ce
bâtiment. Le texte ci-dessus fait référence à des débats
entre chercheurs. Pour les uns, ce corps de bâtiment serait
une chapelle funéraire. Pour d’autres, un baptistère. Si
c’était une chapelle funéraire, les restes humains seraient
probablement enfouis dans le sol et non dans les murs de
l’église. Pratique que l’on trouve plutôt au XIXesiècle.
De toute façon, il faut savoir qu'à partir du VIIeou
VIIIesiècle, il a été interdit d’enterrer dans
des églises. Vers la même époque, les baptêmes par immersion
ont été interdits. Les partisans du baptistère évoquent la
cuve baptismale trouvée lors de fouilles.
Nous pensons que ce corps de bâtiment est bien un
baptistère. Nous sommes même surpris qu’il y ait des
hésitations là-dessus. Il existe un nombre important de
bâtiments ayant la même forme que celui-ci. Tous sont
désignés comme étant des baptistères.
Cela étant, il est difficile pour des historiens de l’art
persuadés que l’an 1000 marque le début de toute
construction, d’admettre qu’il s’agit bien d’un baptistère.
En effet, la plupart des baptistères sont antérieurs à l’an
mille. Les plus anciens ont été édifiés en vue d’effectuer
des baptêmes par immersion. Dans ce cas, le néophyte est
plongé dans une piscine baptismale (notre site décrit
quelques unes de ces piscines creusées dans le sol). Vers le
VIIesiècle, les baptêmes par immersion ont été
remplacés par les baptêmes par infusion (le néophyte est
debout et nu dans une cuve baptismale et le célébrant lui
verse l’eau baptismale sur la tête). Cette nouvelle pratique
baptismale a-t-elle nécessité la construction de nouveaux
baptistères ? Nous l’ignorons. Une étude globale des
baptistères de l’Europe étendue au pourtour de la
Méditerranée analogue à celle que nous faisons pourrait
peut-être le déterminer. Il semblerait que les baptistères
aient fait partie d’un groupe de bâtiments, le « groupe
cathédral ». À partir du IXeou Xesiècle,
ce groupe cathédral aurait disparu au profit d’un seul
bâtiment, la cathédrale. On aurait alors cessé de construire
des baptistères. Plus tard, vers le XIIIesiècle,
il y aurait eu un renouveau des baptistères en Italie (Pise,
Florence, ...).
Nous pensons que la basilique attenante à ce baptistère doit
lui être contemporaine. Elle devait être primitivement
charpentée. Ce devait être une basilique à nef à trois
vaisseaux avec piliers de type R0000
(images 29 et 30).
Les sculptures témoignent elles aussi d’une ancienneté (images 34, 35, 36) .
Tout particulièrement la base de colonne (image
35).
Datation envisagée
pour l’église Saint-Étienne-de-Mélas et son baptistère : an
700 avec un écart de 200 ans.