Diverses églises de Saône-et-Loire susceptibles de dater du 1er millénaire (7/22) 

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Les huit églises décrites dans cette page sont : l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Châteauneuf, l’église Saint-Martin de Châtel-Moron, l’église Notre-Dame de Chazelle, l’église Saint-Martin de Chérizet, l’église Saint-Étienne de Chiddes, l’église Saint-Pierre de Chissey-lès-Mâcon, l’église Notre-Dame-de-l'Assomption de Ciel, l’église Saint-Martin de Ciry-le-Noble.



Châteauneuf : Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul

Il nous est difficile d’évaluer cet édifice à partir des éléments dont nous disposons. En particulier, alors que la nef semble relativement homogène (mais sur seulement deux travées : image 3), les collatéraux (images 4 et 5) semblent plus disparates. Concernant ces collatéraux, les pilastres (à section rectangulaire) adossés aux piliers centraux ont été probablement ajoutés ultérieurement. Et il en serait de même pour les colonnes adossées côté vaisseau central. Les piliers primitifs devaient être de type R0000. Ce qui signifierait que la nef primitive devait être charpentée. Nous estimons, en schématisant énormément, que les nefs charpentées sont antérieures à l’an mille, et que les nefs voûtées sont postérieures à l’an mille. Mais dans le cas présent, les arcs reliant les piliers sont doubles et brisés, preuve d’une relative avancée. Et donc d’une datation de peu postérieure à l’an mille.

Le linteau de porte de l'image 2 daterait de la même période. Il représente les apôtres sur un fond d’arcades. Ce linteau doit être comparé à d’autres linteaux comme Saint-Génis-des-Fontaines ou Saint-André-de-Sorède (qui nous semblent plus anciens que celui-ci).

Datation envisagée pour l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Châteauneuf : an 975 avec un écart de 75 ans.






Châtel-Moron : Église Saint-Martin

Sur cette église, nous ne possédons que des éléments disparates : si l’abside (image 7) semble typiquement romane, l’imposte de l'image 8 ornée d’un décor de rondelles. serait préromane. La cuve baptismale de l'image 9 a, quant à elle, un faux air roman. La croix pattée de droite est un symbole d’origine antique mais elle a été réutilisée par les templiers et les hospitaliers. Il est donc difficile de conclure. Par contre, la croix de gauche installée sur un tertre est quant à elle nettement plus récente. Cette cuve baptismale daterait du XVesiècle.

Datation envisagée pour l’église Saint-Martin de Châtel-Moron : an 1050 avec un écart de 150 ans.




Chazelle : Église Notre-Dame

Nous avons sélectionné cette église à cause des arcatures lombardes qui décorent son clocher (images 10 et 11). Nous estimons que ces arcatures font partie de la deuxième génération d’arcatures lombardes.

Concernant le chevet (image 12), on a un faux air d’arcature lombarde. Il s’agit d’une forme différente de chaînage de bord de toit. Ce bord de toit est porté par des chevrons qui soutiennent la corniche du toit.

Datation envisagée pour l’église Notre-Dame de Chazelle : an 1100 avec un écart de 100 ans.






Chérizet : Église Saint-Martin

Là encore, nous n’avons que peu de choses à dire sur cette église. Remarquons seulement que l’arc triomphal (image 14), qui est brisé, est porté par de puissants piliers rectangulaires surmontés d’impostes. Les sections différentes de l’arc et des piliers font envisager que cet arc a été construit ultérieurement aux piliers.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette constatation ne résout pas le problème : qu’y avait-il avant ?

Une cuve baptismale analogue à celle de l'image 15 (cuve cylindrique portant dans les quatre directions des têtes humaines ou animales), a été vue dans une page précédente.

Datation envisagée pour l’église Saint-Martin de Chérizet : an 1025 avec un écart de 75 ans.




Chiddes : Église Saint-Étienne

On retrouve dans cette église l’arc triomphal brisé assis sur des piliers rectangulaires surmontés d’impostes.

Datation envisagée pour l’église Saint-Étienne de Chiddes : an 1025 avec un écart de 75 ans.






Chissey-lès-Mâcon : Église Saint-Pierre

L'image 21 met en évidence une église à nef unique. Il est cependant possible que primitivement cette nef ait été à trois vaisseaux. Et que, ultérieurement, les collatéraux aient été supprimés, avec obturation des baies ménagées sous les arcs porteurs du vaisseau central. Comment le vérifier ? Par l’examen des murs extérieurs. Si l’hypothèse est bonne, on doit retrouver les mêmes arcs, côté extérieur.

Chapiteau de l'image 22 : Nativité.

Chapiteau de l'image 23 : Chapiteau énigmatique. Femme menacée par un porteur de lance. À gauche, une femme danse devant un musicien.

Chapiteau de l'image 24 : C’est le même chapiteau que précédemment. À droite, une femme joue d’un instrument de musique.

Chapiteau de l'image 25 : Deux gryphons opposés.

Chapiteau de l'image 26 : Masque crachant des feuillages.

Chapiteau de l'image 27 : Feuillages.

Ces chapiteaux (en particulier les trois derniers) semblent dater d’un art roman tardif.

Datation envisagée pour l’église Saint-Pierre de Chissey-lès-Mâcon : an 1100 avec un écart de 100 ans.




Ciel : Église Notre-Dame-de-l'Assomption

Première étude d'avril 2019

Les images 30 et 31 montrent une nef à trois vaisseaux. Les piliers sont de type R0101. Cette forme de pilier est inusitée. Nous envisageons que, primitivement, la nef ait été charpentée avec piliers de type R0100. Plus tard, elle aurait été voûtée grâce à la transformation des piliers en R0101. Un indice qui pourrait permettre de confirmer cette hypothèse : la présence d’une imposte débordant côté collatéral (image 31). Mais, bien sûr il s’agit là d’une hypothèse bien ténue qui ne peut remplacer une visite sur place.

Datation envisagée pour l’église Notre-Dame-de-l'Assomption de Ciel : an 950 avec un écart de 150 ans.


Ajout le 5 février 2025

En septembre 2024, nous avons eu l'occasion de visiter l'église de Ciel en compagnie d'Alain Le Stang. Nous avouons avoir été un peu déçus par cette église. Nous avons même failli passer outre, pensant nous trouver en présence d'une église néoromane. Et c'est vrai que son aspect extérieur dépourvu de toute fioriture (images 28, 29 et 32) ainsi que son aspect intérieur blanchi à la chaux (images 30, 31 et 33) ne permettent pas de caractériser une église romane. Les chapiteaux de la nef tous identiques et non décorés font plutôt penser à une restauration de la fin du gothique ou de la Renaissance.

Cependant les diverses absides du chevet (images de 34 à 37) sont attribuables au roman tardif. Mais c'est surtout la nef qui est intéressante en dépit des problèmes qu'elle pose.

Examinons l'image 38. On y voit, à gauche, deux grands arcs en plein cintre et à droite, un autre arc légèrement brisé. On retrouve cet arc à gauche sur l'image 39. Il repose à gauche sur un pilier par l'intermédiaire d'une imposte et à droite sur un tailloir porté par un chapiteau lequel est porté par un pilastre adossé au pilier. Il y a là une anomalie qui fait penser à une réparation ou à la consolidation d'une structure.

Mais c'est surtout l'arc de droite qui est intéressant car il est double et nettement brisé. L'image 40 montre que cet arc est porté par des tailloirs posés sur des chapiteaux portés par des colonnes demi-cylindriques. Cette travée est donc fortement différente des précédentes. Cela suppose qu'il y a eu deux campagnes de travaux. Nous pensons que c'est la partie gauche aux arcs en plein cintre qui est la plus ancienne. Primitivement, il ne devait pas y avoir de transept. Lorsqu'on a décidé de construire un transept, on a décidé de le construire en remplacement d'une partie de nef. Il a donc fallu modifier une travée en diminuant sa largeur. Pour cela, on a construit un arc brisé. Nous estimons que cet arc brisé double porté par le système chapiteau-tailloir est postérieur aux arcs voisins simples et en plein cintre portés par des impostes.

Il reste l'énigme concernant les collatéraux (images 31 et 33). Ceux-ci sont voûtés en voûtes d'arêtes sur doubleau brisé. Les doubleaux sont portés du côté des piliers par des chapiteaux eux-mêmes portés par des pilastres adossés aux piliers. Nous avions déjà signalé en avril 2019 que les piliers primitifs devaient être de type R0100. Ce qui signifie qu'ils étaient à plan rectangulaire avec une saillie rectangulaire côté collatéral (cette saillie est la projection du pilastre). Il est probable que nous avions eu cette idée parce qu'apparemment l'ensemble fait un tout homogène. Sur l'image 31 capturée en avril 2019, l'imposte au-dessus des piliers est prolongée d'une façon continue par le tailloir au-dessus du chapiteau. C'est encore plus visible sur l'image 33. Ce serait donc cette idée d'un tout homogène qui nous aurait conduit à émettre l'hypothèse de piliers de type R0100.

Nous n'avions pas vu à ce moment-là que les chapiteaux n'étaient pas de style roman. Mais la visite récente de cette église nous a fait découvrir deux détails supplémentaires. Pour chacune des images 41 et 42, on peut voir une fissure verticale entre le pilastre et le pilier. Cette fissure se prolonge sur la corniche. Il est possible que la fissure soit plus importante, mais cachée par un enduit récent. L'existence de ces fissures permettrait de prouver que le pilastre, le chapiteau, le tailloir et l'arc doubleau seraient des ajouts au pilier primitif. Et donc le pilier primitif serait de type R0000 et non R0100, comme nous l'avions annoncé précédemment.

Cela nous incite à changer l'évaluation de datation.

Nouvelle estimation de datation pour l’église Notre-Dame-de-l'Assomption de Ciel : an 750 avec un écart de 150 ans.





Ciry-le-Noble : Église Saint-Martin


Nous pensons que, dans de nombreux cas, les absides semi-circulaires n‘étaient pas primitivement voûtées en cul-de-four. Elles l’auraient été plus tard grâce à l’adjonction d’une colonnade de fond d’abside permettant de porter le cul-de-four de l’abside. C’est ce nous voudrions voir dans l'image 44.

Datation envisagée pour l’église Saint-Martin de Ciry-le-Noble : an 1050 avec un écart de 100 ans.