Chapelle rurale Saint-Paul d’Arnave 

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Cette chapelle est isolée dans la nature. Au XIXesiècle, elle était abandonnée et presque en ruines mais il existait encore un petit pèlerinage auprès d’une pierre sur laquelle des épileptiques posaient leurs têtes. C’est sans doute pour cette raison qu’elle a pu être conservée jusqu’à notre époque.

De nombreux indices militent en faveur d’une haute datation.

Il y a d’abord le fait qu’elle soit à chevet plat (images 1 et 2). C’est, d’Ariège, le seul exemple d’église à chevet carré qui soit décrit dans ce site. Mais, toujours en Ariège, il doit en exister probablement d’autres. Et, en tout cas, il en existe beaucoup d’autres dans des départements proches comme l’Aude et l’Hérault où on en a trouvé plus d’une centaine. La plupart de ces édifices sont attribués au Premier Millénaire.

L’édifice est formé de deux bâtiments. Le plus petit des deux, à droite, abrite le chœur. Le second est celui de la nef. Les pignons des toits, situés nettement au-dessus des toits actuels, permettent d’envisager que ces toits ont été rabaissés. Les deux bâtiments devaient être primitivement charpentés. Ils ont été postérieurement voûtés comme le montrent les images 3 et 4. Le voûtement du chœur a dû se faire grâce à l’adjonction de piliers portant des arcs doubleaux à l’intérieur (image 4) et d’arcades à l’extérieur (images 1 et 2). Ce voûtement du chevet a été effectué probablement avant l’an mille.

En ce qui concerne la nef, voûtée en berceau brisé sur doubleaux brisés, le voûtement est plus récent.


L’arc triomphal visible en partie sur l'image 4 mais plus distinct sur l'image 3 est outrepassé. Il est posé sur de simples impostes. Cette particularité est aussi un des traits caractéristiques des églises à chevet carré.

L’examen détaillé des impostes est aussi révélateur.


L’imposte de l'image 5 est décorée d’un entrelacs de type précarolingien. Il ne faudrait pourtant pas en déduire une datation automatique. Les entrelacs sont des créations sans doute plus esthétiques que symboliques et leur réalisation devait être laissée à la libre interprétation des auteurs.

L'image 6 nous révèle deux objets circulaires. Le plus petit des deux contient une croix pattée. Quant au plus grand, les 6 cavités qu’il contient permettent de dessiner une sorte de croix à 6 branches. Cependant l’imprécision de l’image ainsi que le caractère grossier du travail sculpté font obstacle à toute tentative d’identification.

Il en est de même pour les images 7 et 8.

Il est manifeste que ces impostes ne sont pas romanes. On n’y retrouve pas en effet certains des traits caractéristiques du décor roman. On n’y retrouve même pas des traits d’un décor dit préroman fait de stries régulières et de motifs géométriques.

La datation de ces impostes pourrait donc remonter à une haute époque, VIIIeou IXesiècle.

Dernière image, l'image 9 , qui représente le portail d’entrée. De couleur rose (en marbre ?) , il a été manifestement ajouté ultérieurement.
Il serait d’époque romane (XIeou XIIesiècle).