Diverses églises de Haute-Loire susceptibles de dater du Ier millénaire (page 1/3) 

• France    • Auvergne-Rhône-Alpes    • Article précédent    • Article suivant   


Certains des édifices étudiés dans cette page ainsi que dans deux autres analogues, situées peu après celle- ci dans le même chapitre concernant la Haute-Loire, n’ont pas été visités. Leurs images, en général des copies d’écran Internet, servent à expliquer et à justifier les datations. Pour d’autres, la visite n’a été que partielle. Elle n’a concerné le plus souvent que l’extérieur. Pour d’autres enfin, la visite a été plus complète mais l’édifice en question ne rentre pas tout à fait dans le cadre de notre étude qui concerne le seul premier millénaire. Bien que la plupart de ces derniers soient d’époque romane (XIeou XIIesiècle), ils ont été introduits dans notre site car des détails architecturaux, des scènes historiées, des objets sculptés peuvent être mis en relation avec le premier millénaire.


Les quatre édifices étudiés dans cette page sont : l’église Saint-Pierre d’Arlempdes, l’église Saint-Laurent d’Auzon, l’église Saint-Pierre de Blesle, l’église Saint-Sébastien de Bousselargues à Blesle.



L’église Saint-Pierre d’Arlempdes

Le petit village d’Arlempdes occupe un site très pittoresque dominé par un dyke volcanique occupé par les ruines d’un château. La chapelle de ce château est le seul élément demeuré intact. Elle est sûrement romane, voire préromane (étroitesse des fenêtres), mais n'y ayant pas eu accès, il nous est difficile de nous prononcer sur ce point (image 6).

L’église Saint-Pierre est l’église paroissiale du village. Nous n’avons pu visiter que l’extérieur (images 1, 2 et 3). Les images 4 et 5 sont extraites d’Internet. La nef est unique. On constate tout d’abord, par les différences d’appareil, que les murs extérieurs ont fait l’objet de plusieurs campagnes de travaux (image 3). Il semblerait que les arcatures côté extérieur soient postérieures à la construction. De même, il semblerait que les grandes arcades côté intérieur (images 4 et 5) soient elles aussi postérieures à la construction initiale. Ces deux opérations ont pour conséquence d’élargir les murs gouttereaux, permettant l’installation d’une voûte en plein cintre. Nous pensons donc que l’église primitive devait être charpentée et qu’elle a été voûtée par la suite.

En conséquence, cette église primitive pourrait être antérieure à l’an mille. Le fait que les arcs reposent sur les piliers par l’intermédiaire d’impostes et non du système chapiteau-tailloir va dans le même sens.

Cependant des vérifications plus poussées s’imposent et, par prudence, nous proposons la datation suivante : an 1050 avec un écart de 150 ans.




L’église Saint-Laurent d’Auzon


L’église Saint-Laurent était non seulement fermée au moment de notre visite, mais aussi en travaux et en partie couverte d’échafaudages (image 10). Il nous a donc été très difficile de nous en faire une idée. Nous avons néanmoins pu examiner certains chapiteaux du portail d’entrée situé sur la façade Sud (images 9 et 10).

Le chapiteau de l'image 11 pourrait être une scène de la Nativité. La Vierge Marie, allongée, est assistée de son époux Joseph, qui porte une main à sa bouche et une autre sur le corps de la Vierge. Au-dessus d’eux, l’Enfant Jésus couché dans une mangeoire est veillé par l’âne et le bœuf. Sur la face gauche du chapiteau, les bergers lèvent les yeux au ciel à l’appel de l’ange, tandis que deux brebis viennent lécher les pieds de la Vierge.

L'image 12 représente la scène classique de « Daniel entre les deux lions ».

Nous estimons que des scènes de la Vie du Christ comme celle de la Nativité sont apparues vers le XIIesiècle. Ce porche dans son ensemble pourrait donc être postérieur à l’an 1100. Cela ne signifie pas pour autant que l‘église date de la même période, le porche pouvant être un ajout tardif.

L'image 14 extraite d’Internet est insuffisamment claire pour permettre une évaluation correcte. Nous sommes par contre beaucoup plus intéressés par l'image 15 qui pourrait être celle d’une chapelle d’une grande ancienneté. En particulier si l’image observée est celle de la partie Est (c’est à dire le côté du sanctuaire) de l’édifice. On serait en présence d’une chapelle à chevet plat. Nous pensons que ce type de chapelle est plus ancien que celui des chapelles à abside en cul-de-four. Sans-doute pour des raisons techniques, la voûte en plein-cintre étant plus facile à construire que la voûte en cul-de-four. Un autre signe d’ancienneté apparaît dans le décor de fresques, et ce, à l’exclusion de tout autre décor, en particulier un décor sculpté. C’est là une particularité caractéristique des églises les plus anciennes. Cependant, cette seule image est insuffisante pour permettre de réévaluer la datation que nous envisageons : an 1100 avec un écart de plus de 100 ans.




L’église Saint-Pierre de Blesle


Nous avons visité cette église, mais rapidement, pour prendre quelques photographies et sans chercher à la comprendre. Il faut dire qu’elle se révèle être d’une grande complexité. Cette complexité se révèle dès le premier abord (images 17 et 18). Elle s’accentue à l’intérieur, où l’on découvre de nombreux témoins de différents travaux tels, par exemple, ceux des trois travées totalement différentes des images 19 et 20.

Mais c’est le plan de l'image 16 qui est le plus révélateur de ces nombreuses transformations. Sur les six travées qui constituent l'ensemble, on n’en trouve pas deux de semblables.

Lorsque nous avons visité cette église en octobre 2010, nous n’avions pas les clés de lecture que nous avons aujourd'hui à notre disposition et nous avons surtout pris des photographies de la partie Est de l’édifice (images 19 et 20) correspondant à la partie du plan située au-dessus. Si nous devions refaire une visite, nous regarderions de plus près la partie Ouest (en bas du plan) qui pourrait correspondre à la nef primitive à trois vaisseaux.

Le chapiteau de l'image 21 présente un décor assez rare pour être remarqué. Cela doit être un des rares chapiteaux où il a dû être laissé libre cours à l’imagination de l’artiste.

Sur celui de l'image 22, deux dragons sortent des feuillages pour dévorer des têtes humaines.

Bien que l'image 23 soit un peu floue et restaurée d’une façon criarde, on distingue des scènes très caractéristiques des périodes que nous étudions, comme la sirène à deux queues encore appelée sirène bifide.


Cependant, au cours de notre visite de Blesle, nous avons surtout remarqué les chapiteaux qui ornent les fenêtres des absidioles du chevet (image 26). Ces fenêtres parfaitement agencées témoignent d’un art roman tardif, du XIIesiècle. On devrait découvrir dans les représentations sculptées de ces chapiteaux un témoignage du retour à l’orthodoxie de cette période : absence de représentations plus ou moins démoniaques, présence de représentations bibliques.

Or ce n’est pas ce que l’on voit ici : dragons entrelacés ( image 27) ; dragon dévorant un bouc (peut-être une interprétation libre du Sacrifice d’Abraham, image 28) ; femme dont les seins sont dévorés par deux serpents (interprétation libre de la Luxure, image 29) ;  deux cavaliers guerroyant sous un globe percé de trois trous
(symbolisme inconnu, image 30).

Dans l’attente d’un réexamen plus approfondi de l’église Saint-Pierre de Blesle, la datation envisagée est l’an 1100 avec un écart de 100 ans.




L’église Saint-Sébastien de Bousselargues à Blesle


Nous n’avons pas visité cette église : les images 31 à 36 qui la représentent sont issues d’Internet.

Son plan (image 31) nous montre une église à nef unique, probablement charpentée, prolongée par une abside semi-circulaire. Le tout apparemment sans intérêt. Les vues extérieures ( images 32, 33 et 34) confirment cette impression.

On découvre sur l'image 35 que l’intérieur de l’église est orné de fresques. En conséquence, l’église devient d’un seul coup plus intéressante, même si les fresques ont été peintes à une époque plus tardive que celle que nous étudions. Il arrive souvent en effet que des fresques anciennes aux couleurs défraîchies par le temps soient recouvertes par des fresques plus récentes.

L'image 36 des fresques du cul-de-four de l’abside nous montre le Christ trônant entre les symboles des quatre évangélistes. Ces fresques sont bien conservées, de facture assez malhabile. Elles pourraient dater du XIVeou du XVesiècle.

Datation envisagée pour l’église Saint-Sébastien de Bousselargues à Blesle : an 1100 avec un écart de plus de 200 ans.