Autres églises de l’Hérault susceptibles de dater du 1er Millénaire : Page 4/6
Cette page référencie les huit édifices
suivants : Villeneuve-lès-Maguelone
: Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Mas-de-Londres :
Église paroissiale, Minerve : Église paroissiale
Saint-Étienne, Montaubérou
(Montpellier) : Église
Saint-Pierre-de-Montaubérou, Montbazin : Église
paroissiale Saint-Pierre, Montferrier : Église
paroissiale, Notre-Dame-de-Londres : Église paroissiale,
Paders : Église paroissiale.
Maguelone
: Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul
L’îlot de Maguelone a été le siège d’un diocèse durant le
Premier Millénaire. Et ce, alors que la ville voisine de
Montpellier n’était sans doute qu’une simple bourgade. Il
est difficile d’imaginer, en voyant ce petit territoire qui
émerge de peu de la mer voisine, qu’il ait pu y avoir en cet
endroit une ville de plusieurs milliers d’habitants. Il y a
là pour nous un petit mystère qui, toujours selon nous, n’a
pas été élucidé. Car si ce petit morceau de terrain était
une ville, il devait y avoir des habitations, des remparts,
un port ; où sont-ils donc passés ? Nous pensons qu’une
réflexion devrait être faite donnant lieu à une
modélisation. Car plusieurs facteurs ont pu intervenir
simultanément entraînant la disparition de cette ville – si
toutefois une ville a bien existé en ce lieu : transgression
marine (le niveau de la mer aurait monté d'environ un mètre
en 2000 ans), forte érosion maritime précédant un comblement
dû aux dépôts alluvionnaires du Rhône.
Toujours est-il que peu de choses semblent subsister de ce
passé.
Considérons par exemple le très beau portail de cette
cathédrale (image 2).
Les bas-reliefs sont de très grande qualité (images
2 et 3) mais manifestement, ce portail
s’apparente à un patchwork, une construction récente
effectuée à partir d’éléments anciens (fin XIIesiècle,
début XIIIesiècle).
La nef de Maguelone est voûtée en
berceau brisé sur doubleaux brisés (image
5). Un tel type de voûtement devrait normalement
conduire à une datation de la fin du XIIesiècle
ou début du XIIIesiècle. Cependant, un point de
détail entre en conflit avec cette datation. En effet, on
constate toujours sur l'image
5 que les doubleaux supportant la voûte ont 3
ressauts : pour une portion de voûte, il n’y a pas un
doubleau mais trois : un arc supporte un arc qui supporte un
arc qui supporte la voûte. Si, à l’origine, il avait été
prévu de voûter en berceau brisé, on aurait mis un seul arc
doubleau. En fait, selon nous, les murs latéraux existaient
auparavant. Mais ils étaient trop éloignés l’un de l’autre
pour permettre l’installation d’une voûte. Cette façon
d’opérer (mettre un doubleau à 3 ressauts) permettait
d’alléger la partie centrale de la voûte et de la placer sur
les murs latéraux.
Il ne s’agit là que d’une conjecture mais qui doit pouvoir
se confirmer par d’autres observations. On en déduirait
alors que les murs latéraux sont antérieurs au
XIIesiècle, sans pour autant certifier qu’ils
sont antérieurs à l’an 1000. L’examen de l’abside (image
4) pourrait constituer un autre élément de
datation. Les grandes fenêtres qui l’éclairent semblent être
caractéristiques d’une époque tardive (XIeou
XIIesiècle). Mais si on y regarde de plus près
: une colonnade fait le tour de cette abside en étant
interrompue à chaque fenêtre. Il semblerait que les fenêtres
ont été percées après la pose de la colonnade, la détruisant
en partie. L’abside pourrait donc être antérieure au XIesiècle.
Mas-de-Londres
: Église paroissiale
Peu de choses à dire sur cette église à nef unique et à
abside polygonale, dont nous n’avons pu visiter l’intérieur.
Une remarque cependant : les absides polygonales semblent
avoir précédé les absides circulaires.
Minerve
: Église paroissiale Saint-Étienne
Église à nef unique et abside semi-circulaire. A
l’extérieur, on voit que les sommets des puissants
contreforts des murs dépassent les bords du toit (images
10 et 11). Une telle anomalie fait envisager que
le toit a été légèrement rabaissé. Ce toit était sans doute
primitivement charpenté. Il est actuellement voûté en
berceau brisé sur doubleaux brisés (image
12). Les doubleaux s’appuient sur des impostes.
Selon nous, l’utilisation d’impostes et non de chapiteaux
serait signe d’ancienneté. Cette église pourrait donc dater
du premier millénaire.
La présence d’une table d’autel datée de
456 (image 14)
témoigne aussi de l’ancienneté du site, sans pour autant
constituer une preuve de l’ancienneté de l’église elle-même.
Par ailleurs, nous attachons de l’importance à un élément
apparemment anodin : l’arc qui surplombe et protège le
portail d’entrée (image
12) est légèrement, mais nettement outrepassé. La
rareté des arcs outrepassés dans cette partie de la France
milite en faveur d’une ancienneté. L’église pourrait donc
dater, en grande partie, du premier millénaire.
Montaubérou (Montpellier)
: Église Saint-Pierre-de-Montaubérou
Le plan de cet édifice long et étroit fait envisager qu’il
ait été primitivement charpenté. Ceci doit néanmoins être
vérifié par une visite approfondie.
Montbazin
: Église paroissiale Saint-Pierre
Avec l’église Saint-Pierre de Montbazin, nous nous trouvons
en présence d’un édifice relativement complexe.
Il y a d’abord ce grand arc situé à l’extérieur (image
17) dont nous le comprenons pas l’utilité. Peut
être a-t-il servi à porter une sorte de tour, un ouvrage
Ouest ?
Le plan (image 18)
nous fait envisager que la nef primitive comportait un seul
vaisseau. Elle était prolongée par une abside polygonale
(cinq côtés). Les deux absidioles situées de part et d’autre
de l’abside principale auraient été installées
postérieurement après le percement des deux côtés de cette
abside les plus proches de la nef.
La présence d’impostes sur les piliers fait envisager une
datation du premier millénaire.
Cette église est décorée de très belles fresques (image
21) que nous daterions du XIIesiècle.
Montferrier
: Église paroissiale
Le chevet de l’église de Montferrier dépasse à peine des
murs extérieurs (image
22). La disposition intérieure est un peu
surprenante (image 23).
On aimerait disposer d’un plan de cette église afin de le
comparer à celui d’églises d’Italie du Sud qui ont la
particularité de posséder trois absides à l’intérieur et une
seule apparente à l’extérieur, les deux autres étant
insérées dans la maçonnerie.
Notre-Dame-de-Londres
: Église paroissiale
L’église de Notre-Dame-de-Londres présente la particularité
d’avoir deux absides dans le chevet. Tant que nous n’avons
pas visité cette église nous sommes incapables de dire
pouquoi. Une remarque : les fenêtres de la deuxième abside (image 25) ainsi
que la porte (image 24)
sont à ressaut (non pourvues de colonnettes permettant de
les décorer). Ceci pourrait être un signe d’ancienneté. Mais
pour en être assurés, il faudrait accroître le nombre
d’observations.
Paders
: Église paroissiale
Cette église est surprenante à bien des points de vue. Tout
d’abord, c’est une église à chevet plat. Mais de plus
grandes dimensions que celles que l’on a vues précédemment.
Le chevet est bordé au Nord et au Sud par une colonnade. Ces
colonnades ont permis de porter une voûte en plein cintre. (image 26 et suivantes).
A remarquer que l’on retrouve cette même colonnade dans la
crypte de Saint-Guilhem-le-Désert. Nous avions envisagé
lorsque nous avons étudié Saint-Guilhem que la crypte
pourrait être le chevet de l’église primitive. L’église de
Paders nous permet d’imaginer quelle était cette église
primitive.
L’arc triomphal est outrepassé par dépassement des impostes.
Ces impostes sont aussi très remarquables car les saillies
sont tournées vers l’intrados et non dans toutes les
directions (ce type d’imposte serait postérieur à l’imposte
multidirectionnelle: Ve- VIesiècle)
et antérieur au couple chapiteau-tailloir (à partir du IXeou
Xesiècle) ;
Le plan de l’édifice est lui aussi très particulier. Tout
d’abord, on peut se poser la question de savoir si les
arcades de la nef permettaient d’accéder à des chapelles au
Nord et au Sud, comme c’est actuellement côté Nord (mais la
chapelle Nord est gothique). On remarque cependant que ces
arcs sont de dimensions différentes. On songe en les voyant
à ceux de l’église Saint-Jacques de Béziers. En conséquence,
il est possible que l’église de Paders soit wisigothique.
La datation de cette église est estimé à l’an 850 avec un
écart estimé de 150 ans.