Autres églises de l’Hérault susceptibles de dater du 1er Millénaire : Page 3/6
Cette page référencie les 5 édifices
suivants : Le Pouget :
Église Saint-Jacques , Les Aires : Église
Saint-Michel-de-Mourcairol, Loiras : Église paroissiale (Stèle
discoïdale du portail), Lunas : Église Saint-Pancrace,
Magalas : Église Saint-Laurent.
Le
Pouget : église Saint-Jacques
Le plan de l’église Saint-Jacques du Pouget est celui d’une
église à nef unique voûtée, terminée par une abside
semi-circulaire (image 2). Cette abside est éclairée par 3 fenêtres orientées
dans les directions Nord, Est et Sud. La nef elle- même est
(ou était) éclairée par 3 fenêtres percées dans la façade
Sud. Une telle part consacrée à l’éclairage fait penser à
une période tardive (c’est-à-dire postérieure à l’an 1000)
dans l’art roman.
Il y a cependant des points qui posent problème. Il s’agit
de la décoration du portail d’entrée (images 3 et 4). ainsi que de la corniche du chevet (images 5 et 6). Les
agrandissements (images
4 et 6) font apparaître des feuillages (ou
palmettes) largement étalés inscrits dans un cadre presque
circulaire (ou en forme de cœur). On trouve ce type de décor
dans des églises attribuées aux wisigoths (par exemple à
Quintanilla de las Vinas, en Castille). églises qui
dateraient du VIIIesiècle. Cependant, il est
possible que le modèle ait été reproduit plusieurs siècles
après sa création. D’ailleurs, à la Madeleine de Béziers,
une corniche reproduit aussi un modèle antique alors même
que cette partie semble appartenir au deuxième millénaire.
Les
Aires : Église Saint-Michel-de-Mourcairol
Le château en ruines de Mourcairol (images
7 et 8) contient une chapelle dédiée à Saint
Michel. La nef de cette chapelle est charpentée (et non
voûtée). Cette caractéristique fait envisager une datation
antérieure à l’an mille (mais ce, sans preuve déterminante).
La table d’autel de l’église paroissiale des Aires
proviendrait de cette chapelle Saint-Michel (image
9). Par sa forme évidée, elle s’apparente à la
table d’autel de Minerve datée du Vesiècle.
Loiras
: Église paroissiale
L’ancienne église de Loiras n’est plus utilisée pour le
culte. Une stèle discoïdale orne le portail d’entrée. Ces
stèles sont relativement fréquentes dans la région : on en a
trouvé une dizaine à Usclas-du-Bosc. Les propositions de
datation sont très diverses mais n’excèdent pas le XIIesiècle.
Cela est peut être dû au décor en forme de fleur de lys
visible à 3 reprises sur cette image
10. Nous envisageons cependant que cette pièce
pourrait être antérieure à l’an 1000 (croix pattée, main
symbolique aux deux doigts dressés et trois autres repliés,
« fleurs de lys » non conventionnelles).
Lunas
: Église Paroissiale Saint-Pancrace
Il nous est pratiquement impossible de retrouver le plan
primitif de l’église paroissiale Saint-Pancrace de Lunas
tant elle a subi de modifications au cours des temps. Pour
preuves de son ancienneté, il ne reste que deux sarcophages
au cimetière (l’un d’entre eux sur l'image
11), deux chapiteaux (images
12 et 13) dont l’un au moins, le second,
représentant un lion, est probablement de remploi (ses
dimensions sont différentes de celles du tailloir qui le
surmontent), et enfin un mur décoré d’arcatures lombardes (images 14 et 15).
Hormis le mur à arcatures lombardes qui doit dater des
alentours de l’an mille, les autres pièces doivent être
attribuées au premier millénaire.
Magalas
: Église paroissiale
C’est tout à fait par hasard que nous avons visité l’église
Saint-Laurent de Magalas, un édifice non catalogué comme
roman et a priori dépourvu d’intérêt.
On découvre en l’approchant une ancienne mesure à grains
pourvue d’un panneau explicatif. Mais rien sur le porche (images 16 et 17).
Pourtant ce porche devrait attirer notre attention.
Observons tout d’abord que c’est un des seuls porches romans
qui subsistent en Bas-Languedoc (il en existe un à Saint
Nazaire de Roujan, mais moins détaché du mur). Les
chapiteaux sont très dégradés. Sur l’un deux (image
18), on peut voir ce qui semble être une large
feuille. Son voisin porte un petit personnage bedonnant
surmonté par une étonnante coiffure qui pourrait être un
monstre dévorant. A côté de lui, on voit un personnage
levant les bras. On retrouve ce personnage sur l'image
19 suivante.
Ce personnage aux mains levées est
pratiquement inexistant dans les représentations romanes
(c’est-à-dire postérieures à l’an 1000). Il est par contre
très présent dans l’antiquité : c’est l’orant … ou l’orante.
Le chapiteau suivant (image
20) est décoré par un motif en forme de V dont
les branches sont terminées par des volutes. On retrouve ce
motif à Saint-Papoul. Et on a aussi à Saint-Papoul la
représentation de l’orant. Tout comme on l’avait fait à
Saint-Papoul, on peut envisager que le porche de Magalas est
antérieur à l’an mille.
La nef de l’église de Magalas est voûtée
en berceau brisé sur doubleaux brisés. On pourrait donc
estimer que cette nef est gothique.
Observons cependant que les doubleaux ne sont pas supportés
par des chapiteaux, mais par des impostes. Impostes qui
selon nous ont précédé les chapiteaux dans l’art roman.
Observons aussi sur l'image
25 que les dimensions du pilastre situé sous
l’imposte sont différentes des dimensions du doubleau au
dessus de l’imposte. Il s’agit là « d’une faute de goût ».
Cette faute de gout est difficilement envisageable dans le
cas d’un plan initial : l’architecte demande au maçon de
respecter les dimensions qu’il a prévues que ce soit
en-dessous et au-dessus de l’imposte. Elle est beaucoup plus
possible dans le cas d’une reprise de travaux si on décide
de voûter l’église en s’appuyant sur des construction
préexistantes.
Comparons à présent les images
25 et 26. Elles permettent de comprendre ce qui
s’est passé : l’église primitive était à nef unique. On a
décidé d’y accoler deux chapelles gothiques au Nord (et deux
autres au Sud). Les murs ont été percés. Mais la corniche
qui courrait le long du mur a été préservée ainsi que les
impostes situées au-dessus des pilastres. Mais ces pilastres
étaient trop épais. Leur épaisseur a été diminuée. Ce qui
fait que l’imposte déborde largement sur le pilastre. Il est
probable que cette opération a été effectuée sans toucher au
doubleau et à la voûte situés au dessus de l’imposte.
On retrouve côté Sud ce qu’on avait vu
côté Nord (image 27).
Constatons par ailleurs sur la même image que la chapelle en
arrière-plan passe derrière l’arc triomphal.
Sur l'image
29, on constate que le pilier supportant l’arc
triomphal semble très restauré. Par contre, le pan de mur
situé tout à côté sur une quarantaine de centimètres semble,
quant à lui, ancien. Il porte une corniche simplement
moulurée. Un autre pan de mur suit, avec un léger
décrochement. On déduit de cette observation que l’ensemble
de l’abside a dû être refait. On revoit la même
particularité sur l'image
30.
En résumé, on peut estimer qu'en l’église de Magalas, une
partie au moins, le porche, peut être datée du premier
millénaire. En ce qui concerne la nef, la présence
d’impostes fait envisager qu’elle pourrait elle-aussi dater
du Premier Millénaire. Le chœur quant à lui serait
postérieur à la nef.