Autres églises d’Aude susceptibles d’avoir été édifiées avant l’an mille 

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Les édifices décrits ci-dessous ont été identifiés comme susceptibles d’être datés du premier millénaire :
Azille-Minervois (chapelle rurale Saint-Étienne de Vaissière), La Redorte (Chapelle), Peyriac-Minervois (Église Paroissiale), Saint-Hilaire (abbatiale)

Cependant cette estimation est entachée d’une grande incertitude car leur étude s’est révélée très insuffisante. Et ce, pour diverses raisons. La première d’entre elles tient au fait que, dans bien des cas, l’église étant fermée, on n’a pu accéder à l’intérieur. Parfois il arrive que certaines parties extérieures soient aussi inaccessibles. On comprend bien que, pour une évaluation correcte, un édifice doit être analysé de fond en combles, intérieur comme extérieur.

Il existe aussi au moins une autre raison : la plupart des images ci-dessous ont été photographiées en 2003 ou 2005. C’est-à-dire il y a plus de dix ans, bien avant que nous ayons pris conscience d’une plus grande ancienneté de ces édifices. Et surtout avant que nous ayons réussi à déterminer certains critères d’évaluation. Ce sont d’ailleurs ces critères d’évaluation qui nous ont permis d’estimer a posteriori une plus grande ancienneté de ces édifices à partir de ces simples photographies.




Azille-Minervois (chapelle rurale Saint-Étienne de Vaissière)

La chapelle Saint-Étienne de Vaissière est située au milieu des vignes a proximité de la départementale reliant Béziers à Carcassonne. L'image 1 fait apparaître un chevet de trois absides accolées. Ceci laisse envisager qu’il y avait là primitivement une église à trois nefs. Sur la même image, le partage en trois parties du mur pignon de la nef confirme cette hypothèse. Cependant l’état délabré du mur sud (image 6) montre qque cette église a subi bon nombre de transformations.

Une de ces transformations est apparente sur l'image 2. On y voit en effet sur les murs de l’abside deux grandes baies dont l’une est circulaire (oculus) et l’autre caractéristique des baies romanes (rectangulaire surmontée d’un arc en plein cintre) Cette seule différence contraire à l’esthétique des bâtisseurs romans devrait permettre de conclure que l’une au moins des deux baies n’est pas contemporaine à la première construction. Mais il y a plus ! On constate en effet que les colonnes adossées au dessous des deux baies ont été tronquées. Très certainement, au cours de la première construction les deux baies n’avaient pas été installées. Sans doute existait-il une baie axiale de petites dimensions. Plus tard, le maçon a qui l’on demandait d’ouvrir une baie dans le mur aveugle n’a pas craint de détruire les colonnes qui le gênaient.

L’oculus, quant à lui, se trouvait sans doute sur la façade occidentale. Il a été utilisé en remploi. On voit sur l'image 4 les restes de son décor.

Un des chapiteaux de l’image a une forme particulière. Nous l’appellerons « adossant » (il a à l’arrière une forme plane et à l’avant une forme arrondie ; les contours sont nettement relevés). Nous avons vu de tels chapiteaux à l’église de Menat (Puy-de-Dôme), antérieure à l’an 1000.




La Redorte (Chapelle)

La petite chapelle située dans la commune de la Redorte ne présente pas à priori de grand intérêt. Elle est utilisée durant l’été pour diverses expositions artistiques (images 7, 8, 9). Certains points méritent pourtant d’être signalés.

Tout d’abord il semblerait que l’abside à plan semi-circulaire ait été greffée postérieurement à la nef en remplacement d’une autre construction. Il est possible que l’église primitive ait été à chevet carré.

Mais l’intérêt principal doit se porter suer les chapiteaux (images 10, 11, 12).

Celui de l'image 10 représente un homme portant une sorte de kilt entre deux animaux fantastiques. (Daniel entre les lions ?). Tout dans ce chapiteau (forme, vêtement du personnage, thème iconographique) témoigne d’une ancienneté préromane. On retrouve les personnages à kilt ainsi que le thème de Daniel dans le tympan de Lapeyre (Lapeyre/Aveyron/Occitanie/France).

Le thème du dragon ou du monstre (image 11) est aussi préroman.

Quant au IIIechapiteau (image 12), il semble gothique. Mais le tailloir qui le surplombe et qui lui est parfaitement adapté n’est pas du tout gothique. Ici encore on serait en présence d’une œuvre préromane tout à fait inusitée.

Pour ces 3 chapiteaux, les datations envisagées s’étalent entre le VIeet le Xesiècle.




Peyriac-Minervois (Église Paroissiale)

L’église de Peyriac-Minervois semble elle aussi dépourvue de tout intérêt (image 13). Les images 14 et surtout 15, montrant des piliers à impostes au niveau du transept, font envisager une datation antérieure à l’an 1000 (seulement pour les piliers. Les voûtes seraient plus tardives).




Abbatiale de Saint-Hilaire

Comme les églises précédentes, celle de Saint-Hilaire d’Aude semble ne révéler aucune trace d’ancienneté. Certes on peut voir inséré dans un mur un bas-relief à entrelacs dits « carolingiens » mais ce bas-relief provient peut être d’une autre église que l’abbatiale (image 17). L’indice est néanmoins suffisamment important pour inciter à étudier cette édifice avec soin.

L’image 18 est celle du sarcophage de Saint Sernin. Il s’agit d’une œuvre très belle dont la réalisation a été attribuée au Maître du Tympan de Cabestany. On peut lire dans les pages consacrées à Saint-Papoul ou Rieux-Minervois du présent site les réserves que nous émettons en ce qui concerne le Maître de Cabestany.

Ces réserves sont encore plus fortes vis-à-vis de cette attribution. Nous convenons certes qu’il puisse exister des ressemblances entre les sculptures de Saint-Papoul, de Rieux–Minervois et du tympan de Cabestany (sans pour autant attribuer ces ressemblances au talent d’un seul sculpteur). Mais nous ne voyons pas objectivement de ressemblance entre ces sculptures et le sarcophage de Saint Sernin. Par contre, il existe une forte ressemblance entre ce sarcophage et les sarcophages romains de
« l’école d’Arles » datés du IVe siècle. Nous n’en déduirons pourtant pas que ce sarcophage est du IVe siècle, car trop de détails semblent diverger. Mais l’attribution à un sculpteur du XIIe siècle ne nous convient pas non plus.