Églises à arcatures lombardes de l'Aude
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Escales, Montbrun (N. D. du Colombier), Ouveillan, Pouzzols, Saint-Couat, Sainte-Valière, Vinassan, Lagrasse (Abbaye Sainte-Marie)
Les édifices décrits ci-dessous ont été identifiés comme susceptibles d’être datés du premier millénaire.
Cette estimation vient de leur ressemblance. Comme on le constatera dans les images suivantes, les murs extérieurs de ces édifices (plus particulièrement ceux des chevets) présentent le même type de décoration dite à arcatures lombardes (voir ce mot dans le glossaire).
Selon une argumentation que nous comptons développer dans l’étude de l’abbatiale de Saint Guilhem le Désert (Hèrault/Occitanie/France), la construction d’édifices à arcatures lombardes se serait effectuée durant une période de trois siècles, environ du Xeau XIIesiècle. Les édifices ici représentés se situeraient de par leur caractère archaïque parmi les plus anciens.
Cependant cette estimation est entachée d’une grande incertitude car, comme on le constatera pour ceux-ci, nous n’avons pu visiter l’intérieur qui aurait peut-être fourni des renseignements précieux.
Escales
(images 1,2, 3 et 4)
Le chevet (images 1,2)
de l’église paroissiale Saint-Martin d’Escales ne manque pas
de charme avec ses 3 absides accolées décorées d’arcatures
lombardes. Chacune des absides est percée d’une fenêtre côté
Est. Les fenêtres sont surmontées d’un “sourcil” formé d’un
cordon de basalte.
A la difference de ce que l’on verra un peu plus loin, les
fenêtres s’inscrivent bien dans le décor d’arcatures et
semblent contemporaines à ce décor.
Derrière ce chevet on peut voir le mur pignon de la nef . Ce
qui permet d’envisager une net à trois vaisseaux de type
basilique romaine.
Cette opinion est confortée par l’image
3. La forme basilicale est ici évidente. On voit
même, tout au fond, les trois fenêtres situées sur le mur
gouttereau du vaisseau central. Ces fenêtres sont
caractéritiques du modèle romain. Elles permettaient de
realiser un éclairage diffus du vaisseau central. De même
les portails ouest et sud font penser à des modèles romains.
Enfin le plan de l'image 4
est aussi typique d’une basilique à 3 nefs de modèle
ancien. Les piliers sont cruciformes de type R1111. La
datation envisagée est du VIesiècle pour la
nef (an 550 avec un écart estimé de 150 ans) et Xesiècle
(an 950 avec un écart estimé de 100 ans) pour le chevet.
Montbrun-des-Corbières
(Notre-Dame-de-Colombier)
La chapelle Notre-Dame-de-Colombier à Montbrun-des-Corbières
: (images 5 à 11)
est aussi décorée d’arcatures lombardes mais d’un type
différent du précédent. Tout d’abord, dans le cas précédent,
il y avait trois absides toutes trois à arcatures lombardes.
Ici l’abside est unique mais il y a deux bâtiments accolés à
la nef, tous deux à arcatures lombardes, faisant office de
transept. On constate que ce transept est bas : les toits
des deux bâtiments s’appuient contre les murs gouttereaux de
la nef sans les dépasser en hauteur. Selon nos hypotheses,
les transepts bas feraient partie des premiers transepts.
Par ailleurs la nef, à un seul vaisseau, n’est pas, elle, à
arcatures lombardes. Très probablement cette nef est
antérieure aux constructions à arcatures lombardes qui
l’enserrent. Mais il s’agit d’une hypothèse à verifier pas
l’axamen détaillé des constructions et la visite de
l’intérieur de l’édifice.
Remarquer encore sur l'image
10 que la fenêtre n’est pas placée au centre du
panneau. On en déduit qu’elle a été ouverte après le décor à
arcatures lombardes. Cette hypothèse est confirmée par la
lecture de l'image 9. En
effet la fenêtre du bras nord du transept n’est pas
surmontée d’une arcature. Les ouvriers qui ont percé la baie
n’ont pas cru devoir restituer le décor d’arcature.
Ouveillan
Le décor à arcatures de l’église d’Ouveillan est un peu
différent des précédents. Et il doit être difficile
d’évaluer s’il leur est antérieur ou postérieur.
La façade abritant le portail d’entrée est décorée d’une
très belle croix pattée en basalte incrusté. C’est sans
doute le résultat d’une forte restauration car il est
douteux que cette croix soit arrive intacte jusqu’à nous (image 15). Il doit en
être de même du chapiteau en marbre blanc de l’image
suivante (image 16).
Par contre le tailloir situé au-dessus pourrait être
d’origine. Remarquer le décor d’entrelacs à feuillages.
Pouzzols-Minervois
On retrouve le même décor d’arcatures lombardes à
Pouzzols-Minervois. Remarquer qu’ici les arcs ont un rayon
plus important. Des incrustations de basalte soulignent le
dessin des arcs.
Saint-Couat
d’Aude
L’église de Saint-Couat pose quelques problèmes.
Le portail d’entrée (image
19) est du XIXesiècle. L’arc qui le
surplombe semble, à première vue, dater de la même époque.
Pourtant un examen détaillé fait apparaître que les joints
de pierre de dessous de l’arc ne correspondent pas avec ceux
qui nous font face. (image
20). Pour quelles raisons ce subterfuge ?
La clé sommitale de l’arc est décorée d’une croix pattée
hampée. Il s’agit là d’un motif qu’on trouve vers le VIIIesiècle.
Parfois il accompagne l’Agneau Pascal. Cette pierre pourrait
être de récupération. Elle aurait été retaillée en forme de
clé sommitale. Les deux impostes de marbre qui sont censées
soutenir cet arc pourraient elles aussi avoir été récupérées
(image 21).
Seules l’abside ainsi qu‘un étroit avant-chœur sont à
arcatures lombardes (images
22, 23 et 24).
Le mur nord (image 25)
témoigne de nombreuses reprises : une porte (image
26) et, au-dessus, une fenêtre (images
27 et 28), au profil nettement outrepassé. (Il
est possible que l’apparence outrepassée provienne du fait
que c’était primitivement un oculus (fenêtre ronde).
Sainte-Valière
Seule l’abside est à arcatures lombardes (images
29 et 30)
Vinassan
Seule l’abside centrale est à arcatures lombardes. Les deux
autres absides pourraient être de beaucoup postérieures.
D’ailleurs l’église elle-même semble relativement récente XIXesiècle) (images
31 et 32 ci-dessous).
- Remarquer que, concernant l’abside centrale à arcatures lombardes, l’appareil des pierres semble plus soigné que dans les cas précédents. La construction pourrait être plus tardive du XIeou du XIIesiècle.
- Nous n’avons que peu de renseignements sur cette abbaye visitée il y a longtemps. Seul subsiste son chevet formé d’une abside et de deux absidioles toutes trois dotées d’arcatures lombardes (image 33). Sur le plan (image 34), le mur ouest n’est certainement pas le mur d’origine. Il est peu probable en effet qu’il y ait eu une seule travée de nef.