Divers monuments de Goslar 

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Dans cette seconde page parmi les quatre consacrées à Goslar, nous étudions les édifices suivants : l'église Saint-Jacques, l'église de Neuwerk, l’église des Saints Pierre et Paul (ou de Frankenberg).

Nous n’avons eu l’occasion de visiter Goslar qu’en l’espace d’une demi-journée. Ce qui est nettement insuffisant pour une étude approfondie. Cependant, cette petite étape s’est néanmoins révélée fructueuse pour d’autres édifices que la Marktkirche précédemment étudiée.



L’église Saint-Jacques de Goslar

Un panneau installé dans l’entrée nous informe de la datation de cette église : XIe siècle. Or, si l’on examine bien les images 1, 2 et 4, rien n’indique a priori qu'elle est d’une telle ancienneté. Certes, la partie inférieure de la façade Ouest pourrait dater de cette époque mais l’ensemble de la façade, avec ses tourelles polygonales, fait plutôt penser à une œuvre du XIIIe ou du XIVe siècle. Certes aussi, l’analyse des piliers de l'image 4 fait envisager que les piliers primitifs étaient rectangulaires et de faible largeur et que chacun a été pris en sandwich par les piliers ou pilastres supportant les voûtes de chacun des vaisseaux. Là encore, on pourrait être en présence d’une église primitivement charpentée remontant au VIIe ou VIIIe siècle et ultérieurement voûtée (au XIIIe siècle).

Ajout le 23 avril 2023 : Nous n'avions pas pu tout photographier au moment de notre visite et ce n'est que tardivement que nous avons pu obtenir l'image 6. Ce serait l'intérieur de la partie inférieure de l'ouvrage Ouest. On y observe sur chacun des murs latéraux un arc en plein-cintre soutenu par des piliers rectangulaires par l'intermédiaire d'impostes. Nous pensons – sans certitude absolue – que ces arcs et piliers pourraient être les restes des arcs et piliers séparant le vaisseau central de la nef de ses collatéraux. Si tel est le cas, la datation pourrait être avancée de plusieurs siècles. Mais pour cela, il faudrait faire des vérifications.

Datation envisagée pour l'église Saint-Jacques de Goslar : an 1050 avec un écart de 150 ans.



L'église de Neuwerk à Goslar

En allant visiter l’église de Neuwerk, citée par les guides touristiques comme des XIIe et XIIIe siècles, nous n’avions pas envisagé un seul instant que cet édifice pouvait dater du premier millénaire.

Le décor, à tendance « kitch », de l’extérieur de l’église nous confortait dans cette opinion (images 7, 8 et 9). Remarquer cependant la présence d'arcatures lombardes caractéristiques de l'art roman.

Quelle n’a pas été notre surprise en entrant à l’intérieur (image 10) ! Certes, le décor pictural dû à une restauration récente était tout aussi kitch. Mais, par rapport au chevet (image 8), le décor sculpté s’est révélé beaucoup plus simple, signe d’une ancienneté dans l’art roman. Il y avait aussi un élément très surprenant : deux colonnes opposées adossées aux murs du vaisseau central et percées d’un grand trou contenant un anneau (image 15). Quelle est donc la signification de cette disposition ?

Enfin, il faut remarquer que l’intérieur de cette nef est semblable à celui de la Marktkirche pour laquelle nous avions envisagé plusieurs étapes de construction : au VIe-VIIe siècle, une première nef charpentée analogue à la Madeleine de Béziers. Cette nef est voûtée dans un second temps (XIIe-XIIIe siècle).

Remarquer l'imposte sculptée de l'image 14. Son décor est nouveau pour nous. Il est possible qu'il soit néoroman (XIXe siècle). Cependant, nous devons avouer que nous avons une connaissance très insuffisante sur les décors préromans ou romans dans les pays au Nord et de l'Est de l'Europe.

Datation envisagée pour l'église Neuwerk de Goslar : an 1100 avec un écart de 75 ans.




L'église des Saints Pierre et Paul (ou de Frankenberg) à Goslar

Selon la page du site Internet Viamichelin, consacrée à cette église : « L'intérieur de cette église au caractère roman séduit par ses piliers, clés de voûte et surtout par les colonnes finement ouvragées de la galerie occidentale inspirées de celles de la basilique de Königslutter. Au-dessus de la galerie et au niveau des fenêtres hautes, sont préservées des peintures du début du XIIIesiècle. L'autel du XIIesiècle est orné d'un beau retable baroque de 1675 issu, comme la chaire (1698), des ateliers de sculpture sur bois de la famille Lessen, de Goslar. »

Grâce aux images 19, 20 et 21 de l'intérieur, on peut constater la différence entre les parties inférieures et supérieures de la nef. Dans les parties inférieures, les piliers portent les arcs en plein cintre par l'intermédiaire d'impostes. Dans les parties supérieures, les colonnes triples adossées à ces piliers portent les arcs doubleaux eux-mêmes porteurs des voûtes d'arêtes par l'intermédiaire de chapiteaux et de tailloirs. Cette différence entre deux systèmes (imposte et chapiteau-tailloir) n'est pas selon nous anodine. Elle témoigne d'une différence de période de construction. « L'imposte » aurait précédé de plusieurs siècles le « chapiteau-tailloir ». Cela dit, sans ériger cette hypothèse en dogme infaillible. Dans le cas présent, la nef de l'église primitive aurait été à trois vaisseaux charpentés. Les piliers porteurs du vaisseau central devaient être de type R0000. Ultérieurement, on aurait décidé de voûter l'église. Pour ce faire, les colonnes triples auraient été adossées aux piliers (un pilier sur deux) afin de porter des arcs doubleaux eux-mêmes porteurs des voûtes. On a ici la chance de pouvoir dater (approximativement) cette nouvelle construction qui apparaît homogène. En effet, les arcs brisés (qui apparaissent ici comme arcs doubleaux) constituent une évolution dans l'architecture romane dans sa transition avec le gothique. La voûte en croisée d'ogives constitue une autre évolution par rapport à la voûte d'arêtes. L'arc brisé se serait répandu à partir de 1130 (Saint-Lazare d'Autun). La voûte en croisée d'ogives, quant à elle, serait plus tardive (après 1209 pour la cathédrale de Béziers). On aurait donc une construction dans la seconde moitié du XIIe siècle.

Datation envisagée pour la nef primitive de l'église des Saints Pierre et Paul : an 800 avec un écart de 150 ans.