L’église des Saints Apôtres (Agii Apostoli) à Athènes
Nous n’avons pas beaucoup d’informations
sur l’église des Saints Apôtres d’Athènes.
Le Guide Vert Michelin
consacré à la Grèce ne signale qu’une date, « fin du Xesiècle
» et le fait qu’elle ait été la demeure d’un consul de
France aux XVIIIe-XIXesiècles. Ce n’est là pas
grand chose. On aimerait en particulier savoir comment a été
établie la datation. Cependant il est possible qu’elle soit
parfaitement justifiée. A la différence des églises
d’Occident pour lesquelles la datation est très incertaine
(c’est le but de notre étude d’essayer de la clarifier), les
églises d’Orient peuvent disposer de pierres de dédicace ou
d’autres éléments permettant de justifier la datation
proposée.
De plus, le plan de cette église, en forme de croix grecque,
est caractéristique d’une seconde période de construction
d’églises dans l’art chrétien, la première période étant
celle des églises à plan basilical. En Occident, le plan
centré en forme de croix grecque a été très peu utilisé. Il
s’est par contre fortement développé pour les églises
d’Orient, et ce jusqu’à notre époque moderne.
En effectuant le tour de l’église (images 1, 2 et 3), on
voit apparaître le plan en forme de croix. On constate
cependant que ce plan n’est pas celui d’une croix grecque
parfaite. En particulier le corps de bâtiment Ouest
constituant l’entrée (image
3) est plus développé que les deux autres. Cette
particularité qui nous semble être une anomalie est en fait
généralisée à presque tous les bâtiments en forme de croix
grecque. Dans ceux-ci seules les branches Nord et Sud de la
Croix sont identiques. La branche Est qui contient l’abside
principale se distingue en général des deux autres par une
plus grande importance qui lui est donnée (Monuments/
France/Bretagne/ Quimperlé). Quant à la branche Ouest, elle
abrite l’entrée, et doit au moins contenir une porte … mais
pas d’autel pour la célébration du culte.
On constate par ailleurs sur les images
1 et 2 que, à chaque angle formé par deux branches
consécutives de la croix, se trouve une petite construction
en angle recouverte d’un toit. Il s’agit là d’une
disposition particulière que nous avons déjà vue en Géorgie.
Il semblerait que à l’origine cette construction n’existait
pas. Elle aurait été ajoutée afin que l’on (qui donc ? les
prêtres ? les laïcs ?) puisse contourner la partie centrale
sans y pénétrer (nous y reviendrons lorsque nous aborderons
le chapitre Monuments/Proche Orient).
Un grand nombre de bas-reliefs sculptés
ont été déposés aux alentours de l’église. La plupart de
ceux que l’on voit ici sont attribuables au premier
millénaire.
Celui de l'image 4 représente
un type de croix que nous n’avons pas l’habitude de voir en
Occident (peut-être dans des miniatures ou des ivoires). La
présence des feuilles fait envisager une datation entre le VII
eet le Xesiècle.
Les croix pattées des images
5 et 6 à branches fines pourraient dater de la
même période voire une période plus ancienne.
La croix pattée de l'image
7, à branches très évasées serait plus ancienne
encore : IVe- Vesiècle ?)
Remarquer celle de l'image
8. Elle est constituée d’entrelacs et entourée de
deux quadrupèdes à queue feuillue. L’aspect archaïque de la
sculpture pourrait faire penser à une plus grande ancienneté
encore que celles précédemment décrites. Ce n’est
probablement pas le cas. Le thème présenté est celui dit des
« oiseaux au canthare ». Le thème se serait maintenu durant
tout le premier millénaire. Mais, en évoluant, les oiseaux
pouvant devenir, comme ici, des mammifères. Tandis que le
canthare devenait une croix. Par ailleurs la croix est ornée
d’entrelacs dits « carolingiens » . Le bas-relief pourrait
donc dater du VIIIe- IXesiècle.
Le bas-relief de l'image 9
est encore plus intéressant car il associe trois
formes différentes de croix. Celle de gauche s’apparente à
celle déjà vue dans l'image
4.
Celle du milieu constitue une sorte d’intermédiaire
entre la précédente (croix dotée de disques à l’extrémité
des branches) et la croix pattée. Celle de droite est formée
d’un entrelacs de forme très caractéristique. Comme pour l'image 4, la datation
s’avère délicate.
On retrouve le thème des « oiseaux au
canthare » dans l'image 10
et sans doute aussi l'image
11 où seul un oiseau est représenté. Dans le cas
de l'image 10, les
oiseaux s’apparentent à des paons ou des phénix. Le phénix,
qui renaît de ses cendres, est symbole d’immortalité. Tandis
que l’un se retourne sur lui-même, l’autre picore les fruits
d’un arbre ou d’une gerbe (l’arbre de vie ?).
Les images
suivantes 13, 14 et 15
sont celles de l’intérieur de l’édifice. Nous n’avons aucune
information sur les fresques qui ornent les coupoles ou les
culs –de-four des absides.