Églises de Pologne susceptibles de dater du Premier Millénaire : les rotondes 

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Au risque d’apparaître par trop répétitifs, nous rappelons que notre étude réalisée sur les églises d’Europe de l’Est ne découle pas d’une observation directe, mais de documents trouvés sur Internet. Par ailleurs, dans la plupart des cas, nous ne disposons que d’une ou deux images et seulement de l’extérieur de l’édifice. Et ce, alors que nous estimons à au moins une cinquantaine le nombre d’images nécessaires à une compréhension souvent partielle d’un édifice donné.

Le lecteur doit donc être conscient que les observations que nous faisons doivent être prises avec d’extrêmes réserves et devraient faire l’objet de recherches mieux documentées.



Une des particularités que l’on retrouve à plusieurs reprises en Europe de l’Est est l’existence de rotondes. Nous en avons trouvé trois en Pologne (image 1 : Saint-Nicolas à Cieszyn ; image 2 : Saint-Jean-Baptiste à Grzegorzowice ; image 3 : Saint-Procope à Strzelno).

Nous envisageons pour l’ensemble des rotondes d’Europe de l’Est une haute datation, antérieure à l’an 1000 : entre les ans 800 et 1000.

Les raisons avancées sont les suivantes. D’une part, nous avons estimé que les édifices à plan centré circulaire ou polygonal étudiés à l’ouest dataient de cette période (800-1000). Il en est ainsi de la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle. Mais aussi de beaucoup d’autres édifices (Ottmarsheim, Saint-Bénigne de Dijon, la tour de Charroux, ..) datés, selon nous à tort, du XIeou XIIesiècle.

D’autre part, le plan de ces rotondes présente une partie circulaire commune à toutes les rotondes, et dans la plupart des cas des « boursouflures » correspondant à des adjonctions de bâtiments. Ces adjonctions sont différentes d’une rotonde à l’autre et ne correspondent donc pas à un plan initial préétabli : le plan primitif était circulaire. Sans adjonction, ou protubérance. On a d’ailleurs déjà eu l’occasion de vérifier cela à l’église Saint-Donat de Zadar : le plan circulaire de l’édifice a été sensiblement modifié par la construction d’un chevet à trois absides.



Nous ajoutons aux images précédentes des images de l’ensemble monastique de Strzelno.

Il y a d’abord des vues intérieures de la rotonde Saint-Procope (images 4 et 5). La nef primitive devait être charpentée. En effet, au vu de l’image 4, le couvrement semble tardif, du XVe ou XVIe siècle. Le chapiteau de la fenêtre géminée séparant le clocher de la nef nous apparaît très intéressant. Le motif de la feuille d’eau dressée se retrouve en d’autres endroits d’Europe (dans les Asturies par exemple) où on l’estime antérieur à l’an 1000. Par ailleurs, nous même avons estimé que le système à deux pierres distinctes (chapiteau + tailloir) était postérieur au système à une seule pierre, que nous avons appelé imposte. Or ici, nous avons un système à une seule pierre intégrant à la fois chapiteau et tailloir.

L’image 6 nous montre l’ensemble monastique de Strzelno avec, à gauche, la rotonde Saint-Procope et, à droite, l’église de la Sainte-Trinité qui apparaît à première vue de style baroque.



L’intérieur de l’église de la Sainte-Trinité révèle une surprise. Les colonnes de la nef (image 7) ne sont pas de style baroque, mais roman (images 8 et 9).
Les spécialistes polonais estiment que ces colonnes datent du XIIe siècle. Nous sommes plus réservés. D’une part, le style et les thèmes (représentation des vertus ?) confirmeraient cette datation. Mais, inversement, l’architecture de l’ensemble (vaisseau principal et, probablement aussi, collatéraux, non voûtés à l’origine, colonnes cylindriques monolithes, arcs non doublés) témoignent d’un certain archaïsme (datation inférieure à l’an 1000).

L’interprétation est donc difficile. Y a-t-il eu, au XIIe siècle, copie d’un modèle archaïque ? Y a-t-il eu modification, au XIIe siècle, d’un édifice bien antérieur à cette période ?