La basilique Saint-Andoche de Saulieu
Sur cette église Saint-Andoche de
Saulieu, voici ce qu’en dit la page qui lui est conscrée sur
le site Internet Wkipedia : «
Église de style roman construite vers 1130-1140.
Le visiteur qui aborde la basilique Saint-Andoche dans la
jolie petite ville de Saulieu, aux portes du Morvan et de
l’Auxois, ne s’aperçoit pas de l’extérieur qu’il se trouve
devant une église comptant parmi les plus importantes de
la Bourgogne. Cette basilique se trouve sur l’emplacement
d’un lieu de culte très ancien, qui s’est développé au
moins depuis le Ve siècle sur le tombeau des
saints Andoche, Thyrse et Félix, martyrs du IIe
siècle, venus de l'Orient pour évangéliser la région.
D’une grande église carolingienne, subsistent toujours les
vestiges de la crypte. L’église, érigée par Étienne de
Bagé dans la première moitié du XIIe siècle, a
été largement défigurée au cours des siècles suivants. De
cette basilique romane, probablement légèrement
postérieure à Vézelay et à Autun , il ne nous reste que la
nef qui montre une structure clunisienne avec ses trois
étages sous berceau brisé et son triforium aveugle, ainsi
que les clochers restaurés de la façade. La nef est d’une
architecture sobre mais très élégante et harmonieuse, et
directement influencée par la cathédrale d’Autun.
L’édifice est mutilé et partiellement détruit par les
outrages du temps; le chœur et le transept de l’église
romane n’existent plus et sont remplacés au début du XVIII
e siècle par le chœur actuel tandis que le portail
Ouest a été refait au XIXe siècle. Mais c’est
la collection de chapiteaux de la nef qui est à juste
titre la merveille de Saulieu. La cinquantaine de
chapiteaux des colonnes engagées, d’une qualité et d’une
abondance grandiose, est souvent comparée aux chapiteaux
d’Autun où on retrouve plusieurs fois le même thème.
Motifs végétaux, animaux et plusieurs scènes bibliques
montrent un art très expressif, issu de Cluny et arrivé
par Autun et Vézelay à Saulieu, où cet art atteint la
perfection. Le problème de la datation des deux ensembles
de chapiteaux d’Autun et de Saulieu n’est pas facilement
résolu, mais souvent les spécialistes s’accordent sur la
qualité supérieure des chapiteaux de Saulieu. À Saulieu,
vous pourrez ensuite visiter le Musée Pompon, où vous
verrez quelques fragments provenant de la basilique, et
l’église Saint-Saturnin sur le cimetière, dont certaines
parties sont anciennes. »
Les indications de datation données
ci-dessus étant assez vagues et peu documentées nous avons
consulté le livre « Bourgogne
Romane » de la collection Zodiaque.
En voici quelques extraits : « ...
Dévastée par les Sarrasins qui, au milieu du VIIIesiècle,
ravagèrent le pays d’Autun, l’abbaye fut relevée et
restaurée grâce aux libéralités de l’empereur Charlemagne.
De ces temps, date peut-être une crypte, aujourd’hui
fâcheusement comblée, que l’on connaît par une série de
plans et de dessins brossés au
XIXesiècle, peu avant la restauration de la
basilique haute. Comme d’autres sanctuaires préromans de
la région bourguignonne, tels Saint-Benigne de Dijon,
Saint- Pierre de Flavigny, Saint-Germain d’Auxerre,
Saint-Pierre-le-Vif de Sens, cette église souterraine
comportait, à l’Orient du vaisseau principal, une rotonde
qu’il serait intéressant de dégager ... ». Nous
interrompons ce récit pour faire deux observations.
La première concerne la destruction de la ville de Saulieu
par des « Sarrasins
». Nous sommes surpris par le nombre important de récits
relatant des invasions par des Sarrasins au VIIIesiècle,
ou par des Normands aux IXeet Xesiècles.
Et à l’inverse, l’absence d’invasions par des Francs, des
Burgondes, des Lombards, des Goths. Ces derniers peuples
auraient-ils été extrêmement pacifistes ? Nous remarquons de
plus que les Sarrasins et les Normands auraient opéré leurs
raids très loin de leurs bases arrière, en Espagne pour les
premiers, dans les pays nordiques pour les seconds. Ces
observations jettent un doute sur l’identité réelle des
agresseurs. Si toutefois agression il y a eu.
Nous avons décrit dans les pages précédentes les cryptes de
Saint-Bénigne de Dijon et de Saint-Pierre de Flavigny. La
rotonde de Saint-Pierre de Flavigny est beaucoup moins
apparente que celle de Saint-Bénigne. Nous comptons décrire
les deux autres rotondes dans les pages consacrées au
département de l’Yonne.
Poursuivons la lecture de « Bourgogne
Romane » : « ...
Quoi qu’aient pu écrire les historiens à la suite de
Courtépée (Note
: Claude Courtépée (1721-1781) est un abbé et un historien
bourguignon qui a rédigé une Description Générale et
particulière du Duché de Bourgogne en sept volumes
(1774-1785)), la chronologie de la réédification de
l’église actuelle au cours du XIIesiècle ne
peut être déterminée de façon précise. L’on se fonde sur
la consécration solennelle à laquelle procéda le 21
décembre 1119 le pape nouvellement élu, Calixte II ...
Courtépée, cependant, passe tout bonnement la consécration
des reliques sous silence et ne mentionne que la
translation des reliques de Saint-Andoche et de ses
compagnons ... »
Essayons de résumer un peu ce que nous
avons appris. D’une part, le site Internet nous dit que
cette église a été bâtie dans la première moitié du XIIesiècle.
Il est même précisé vers 1130-1140. D’autre part, le livre «
Bourgogne Romane
» donne la date de consécration de 1119. Contrairement à ce
que l’on pourrait croire, ces deux estimations ne sont pas
tout à fait contradictoires. La datation d’un édifice
contemporain en fonction de son seul style et indépendamment
de tout document écrit peut varier de plusieurs dizaines
d’années.
Par contre, nous voyons une importante contradiction entre,
d’une part la date de 1119 pour l’achèvement de cette
église, et celle de certaines églises d’Auvergne. Ainsi par
exemple nous avons, en étudiant l’église Saint-Saturnin du
Puy-de-Dôme, vu l’estimation de datation suivante :
troisième quart du XIIesiècle. Soit
l’intervalle (1150-1175). Une telle datation serait
éventuellement conciliable avec l’estimation précédente de
Saint-Andoche de Saulieu (1130-1140) . Mais à condition que
les styles soient identiques. Ce qu’ils ne sont pas. Il
suffit d’observer les piliers et arcs entre piliers de
chacune des deux églises, susceptibles de provenir de
l’église primitive. À Saint-Saturnin, les arcs reliant les
piliers sont en plein cintre et simples. À Saulieu, ils sont
brisés et doubles. Nous estimons avec peu de chance d’être
contredits que l’arc en plein cintre dit « roman » précède
de plusieurs dizaines d’années l’arc brisé dit « gothique ».
Et que l’arc cintre précède l’arc double. Donc, selon nous,
et par sa seule architecture, l’église de Saint-Saturnin est
antérieure de plus de 50 ans à Saint-Andoche de Saulieu. On
aurait donc un écart d’estimation de l’ordre du siècle. Donc
beaucoup trop important.
À remarquer que la comparaison des architectures peut
être complétée par une comparaison des œuvres sculptées. Et
là encore, l’église de Saint-Saturnin apparaît plus ancienne
que celle de Saulieu. À Saint-Saturnin, les chapiteaux, de
facture grossière et aux thèmes classiques de la période,
sont réellement romans. À Saulieu, la finesse d’exécution
des chapiteaux et l’apparition de thèmes de la Vie du Christ
(Pendaison de Judas, Fuite en Égypte), préfigurent la
période gothique.
Comment alors arriver à concilier les points de vue ? D’une
part, nous avons dit à Saint-Saturnin que la datation qui
nous était proposée devait être avancée d’au moins un
siècle. D’autre part, concernant Saint-Andoche de Saulieu,
nous estimons que la datation de 1119 est trop basse. Nous
savons qu’une date de consécration n’est pas forcément une
date de fin des travaux. Un déplacement de reliques peut
être l’occasion de consacrer l’autel où seront déposées les
reliques. Dans ce cas, on aurait d’abord consacré le chœur
et on aurait construit la nef après.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Andoche de Saulieu : an 1050 avec un
écart de 50 ans.