Autres églises de Seine-Maritime susceptibles de dater du Ier millénaire 

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Les édifices décrits dans cette page ont été identifiés comme pouvant dater du premier millénaire. C’est même sûr pour l’un d’entre eux, le théâtre romain de Lillebonne. Mais pour les autres, rien n’est certain. Ces églises ne nous sont connues que par quelques images extraites d’Internet. Seule une visite approfondie pourrait permettre une meilleure estimation.

Les édifices étudiés sur cette page sont les suivants : l’abbatiale Sainte-Honorine à Graville-Sainte-Honorine, le théâtre romain de Lillebonne, l'abbaye de Saint-Wandrille-Rançon et la chapelle Saint-Saturnin.




L’abbatiale Sainte-Honorine de Graville-Sainte-Honorine


Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter cette église. Les seules images que nous avons d’elles sont extraites d’Internet. L'image 2 montre que la nef actuelle est charpentée. Elle n’a probablement jamais été voûtée. On le voit au niveau des piliers qui s’apparentent à ceux de Bernay (piliers de type R1010). Mais à la différence de Bernay, pour un pilier sur deux, une colonne demi-cylindrique est adossée au pilier côté vaisseau central. Ainsi, pour un pilier sur deux, les piliers sont de type R1011 (ou R1111 car on ne sait rien de la disposition au niveau des collatéraux). Si la nef avait été voûtée, tous les piliers auraient été de type R1111.

À remarquer que cette disposition (alternance de piliers de type R1010 et de piliers de type R1111) a sans doute été prévue dès l’origine car les colonnes adossées n’interrompent pas la continuité des corniches (on voit bien sur l'image 2 que la corniche contourne la demi-colonne adossée). Ces demi-colonnes adossées devaient supporter les poutres horizontales transverses de la charpente du toit, comme c’est le cas actuellement.

Nous pensons que cette église est à peine plus évoluée que Bernay. Elle l’est beaucoup moins que l’église de Vézelay qui, elle, a été entièrement voûtée à la fin du
XIesiècle (elle aurait été consacrée en 1104).

Voici ce qu’en dit la page du site Internet Wikipedia consacrée à cette église : « L’Abbaye de Graville est, parmi les grands établissements religieux installés en bord de Seine, le plus en aval. Ermitage au VIe siècle, le site de Graville devient lieu de pèlerinage lorsqu’il accueille les reliques de Sainte-Honorine. Guillaume Malet, compagnon de Guillaume le Conquérant, rentrant vainqueur de la bataille d’Hastings, lui donne toute sa grandeur (XIe siècle). C'est à lui que nous devons les premiers élans de l’église abbatiale romane que nous pouvons encore admirer aujourd’hui. »

La bataille de Hastings est datée de 1066. En nous conformant au raisonnement précédent, nous en déduisons que l’abbatiale Sainte-Honorine aurait été mise en chantier après cette date. Exactement 30 ans plus tard, à Vézelay, « en 1096 le Pape Urbain II prêche la première croisade ; la construction de l’abbatiale est décidée » (page Vézelay de Wikipedia.). Il nous semble que le saut technologique entre les deux constructions est tel qu’un intervalle de trente ans entre les deux doit être considéré comme très insuffisant. Ou bien doit être très argumenté.

Grâce au plan de l'image 3, on peut prédire que cette abbatiale a été construite en au moins deux étapes. Une première église aurait été bâtie. Il ne resterait de cette église que la nef. Le chevet de cette église, sans doute considéré comme trop petit, aurait été remplacé au cours d’une seconde étape par un transept et un chevet plus important. Toutes les voûtes de cette deuxième construction sont sur croisées d’ogives.

La présence d’arcs doubles entre les piliers fait envisager une datation aux alentours de l’an 1000. Nous adopterons cette date avec un écart de 75 ans.




Le théâtre romain de Lillebonne


Lorsque nous avons commencé la rédaction de notre site, nous avons exclu par avance l’étude des monuments romains qui nous semblaient suffisamment connus et commentés, et pour lesquels il ne devait plus rien y avoir à apprendre. Au cours de nos diverses visites de monuments romains, nous avons réalisé que ce point de vue devait être très probablement remis en question. Cependant, nous n’avons pas les compétences et le matériel requis pour une telle remise en question. Et nous avons abandonné le projet d’étudier aussi les monuments romains.

Malgré ce, pour diverses raisons, certains de ces monuments romains doivent être mentionnés sur notre site. C’est le cas des monuments éloignés de la cité de Rome. Ils permettent de prouver une présence romaine dans des régions reculées.

Dans la réalité, la ville de Lillebonne, colonie romaine appelée « Juliabonna », n’était pas si éloignée de Rome, car elle était accessible par bateau. La traversée à partir d’Ostie par le détroit de Gibraltar était certes longue et pouvait être périlleuse mais sans doute plus facile que le passage de nombreuses frontières dont certaines sont identifiables sur la table de Peutinger par les localités désignées sous le nom « ad limes ». Lillebonne, port d’embouchure de la Seine, devait servir au transbordement de marchandises qui remontaient la Seine jusqu’à Rouen et Paris, voire l’Yonne jusqu’à Sens.

L’existence de ce port d’embouchure permet de comprendre que la colonisation romaine a pu se faire à partir des estuaires de fleuves : Bordeaux pour la Garonne, Nantes pour la Loire, Londres pour la Tamise. Nous comptons reprendre cette idée dans une future page du chapitre « Histoire » de ce site.

La visite du théâtre romain de Lillebonne nous a permis de photographier la section d’un mur romain (images 7 et 8). Ce mur était installé sur une base formée de gros blocs soigneusement équarris. Sur cette base, étaient posées plusieurs rangées de briques. Puis, aux bords de ce lit de briques, deux rangs de blocs parallélépipédiques formant coffrage. À l’intérieur, des blocs plus grossiers étaient placés, collés entre eux par un mortier. Et ce, sur une hauteur d’environ deux mètres cinquante. On renouvelait la même opération au-dessus : lit de briques, coffrage de pierres.

Nous pensons que cette méthode de construction devait avoir un intérêt d’un point de vue architectonique. Mais nous ne savons pas lequel. Et pour quelles raisons il n’a pas été développé après les romains.



L’abbaye de Saint-Wandrille-Rançon et la chapelle Saint-Saturnin


L’abbaye de Saint-Wandrille de Fontenelle aurait été fondée en 649. Mais, par suite de destructions dûes aux invasions vikings, aux guerres de religion ou à la révolution,  il ne reste que des ruines des constructions du Moyen-Âge. Il est donc probable qu’il ne reste rien du monastère primitif, hormis quelques traces découvertes lors de fouilles (image 10).

Nous n’avons pas visité l’église Saint-Michel, église paroissiale du village de Saint-Wandrille. Cette église serait aussi d’origine ancienne mais elle aurait été profondément modifiée au cours du temps. En tout cas, l'image 11 de l’intérieur de l’église ne laisse pas apparaître une quelconque ancienneté. Certes, nous sommes en présence d’une nef à trois vaisseaux comme celles que nous avons trouvées lors de nos recherches. Certaines ont même comme ici des piliers cylindriques. Mais, à notre connaissance, aucune ne porte de chapiteau de style ionique (Sauf à Zvartnots, en Arménie, mais c’est tout de même un peu loin de la Normandie). Par contre, ce style de chapiteau existe dans des églises construites au XVIeou XVIIesiècle.

La chapelle Saint-Saturnin se trouve en limite de propriété de l’abbaye. Nous n’avons pas pu la visiter et les quelques images extraites d’internet se révèlent insuffisantes pour mieux connaître cet édifice. Heureusement, quelques photos du livre « Normandie Romane II » de la collection Zodiaque, non reproduites ici, permettent d’avoir une idée de cet édifice. Il est à plan tréflé. Cela signifie qu’il est en forme de croix, une croix dont les branches Nord, Est et Sud, d’égales dimensions, sont terminées toutes trois par une abside semi-circulaire. Ce type d’église est relativement rare dans l’Europe de l’Ouest.. En France, on le trouve en Provence, à Saint-Pierre-de- Montmajour, et en Bas-Languedoc à Saint-Martin-de-Londres. Nous estimons que ces deux églises sont de peu antérieures à l’an 1000. C’est la date que nous envisageons pour l’église Saint-Saturnin. Ce, d’autant que les photographies du livre  « Normandie Romane II » nous montrent des impostes dont les motifs de décor (entrelacs, animaux fantastiques) pourraient être antérieurs à l’an mille. Cependant une connaissance plus importante de ce type de bâtiment est nécessaire pour une meilleure évaluation.