Autres églises préromanes des Asturies (1/2)
Nous venons d’étudier dans les articles
précédents neuf édifices préromans des Asturies dont
certains se révèlent d’un intérêt exceptionnel. Mais
l’ensemble des monuments préromans ne se réduit pas à ces
neuf édifices. Nous avons eu connaissance de l’existence de
six autres. Peut-être même en existe-t-il d’autres encore
qui n’ont pas été portés à notre connaissance ou qui restent
à découvrir ?
Nous n’avons pas visité ces six édifices. Nous n’avons
d’ailleurs pas cherché à le faire : selon les informations
de l’Office de Tourisme d’Oviedo, fort bien documenté, ils
auraient été probablement fermés.
Les images et les commentaires que nous produisons
ci-dessous sont extraits d’Internet. Bien sûr, nous y
apportons une analyse critique. Mais rien ne vaut une visite
sur place qui permet de corriger l’analyse critique ou de
découvrir des détails importants qui ont échappé au regard
des autres.
L’église
San Juan de Pravia
Le plan de l’édifice (image
4) montre deux types de chevets. Un chevet de
type « rectangulaire », un chevet qui devait être celui de
San Salvador de Valdediós avant l’ajout des absidioles. Le
principe est le suivant : si on considère une nef basilicale
à trois vaisseaux, les collatéraux sont arrêtés par un mur
plat à l’Est, tandis que le vaisseau central est prolongé
par une pièce carrée constituant le sanctuaire. C’est en
fait le modèle même de la basilique romaine, sauf que la
pièce n’est pas carrée mais demi-circulaire : c’est
l’abside.
L’autre type de chevet est l’abside semi-circulaire située à
l’intérieur du premier chevet. Nous n’avons pas visité
l’église. Aussi nous ne savons pas si les murs des deux
absides existent en élévation ou s’il s’agit de restes
trouvés lors de fouilles. Nous pensons, au vu des images
1 et 2, que c’est la première hypothèse qui est la
bonne. Les murs des deux absides existent encore en
élévation.
En toute logique, il apparaît que le chevet de type
rectangulaire a précédé l’abside semi-circulaire. Ce chevet
devait se situer dans le prolongement de la nef. Le fait que
l’axe de ce chevet forme un angle de quelques degrés par
rapport à celui de la nef n’est pas un problème en soi. Au
contraire ! c’est un signe d’ancienneté. Beaucoup d’églises
très anciennes témoignent du même défaut de « désaxement ».
Nous ne sommes d’ailleurs pas certains que cela soit un
défaut mais un acte volontaire : beaucoup d’églises
primitives étaient dédiées à deux saints (Pierre et Paul,
Gervais et Protée, Nazaire et Celse) et il est possible que
dans l’église, chaque volume principal ait été attribué à un
saint : exemple Pierre pour le sanctuaire, Paul pour la nef.
Datation
de San Juan de Pravia
D’après la page Internet de Wikipedia consacrée à cette
église, « l’église fut
construite au VIIIesiècle par la volonté du
roi des Asturies, Silo, selon les indications le la pierre
de fondation. Elle a dû être construite entre les années
774 et 783 » .
N’ayant pas vu la pierre de fondation ni même eu
connaissance du texte exact, il nous est difficile d’y
apporter des critiques. Contentons nous d’étudier
l’évolution de son architecture. Nous pensons que l’église
primitive était formée d’une nef à trois vaisseaux et quatre
travées. A l’Ouest, cette église était précédée d’un porche.
L’actuelle tribune communiquant avec la nef par trois
grandes baies était installée au premier étage de ce porche.
A l’Est, l’édifice était clos par le grand chevet
rectangulaire.
Ce n’est que plus tard que le transept aurait été construit.
Les bâtisseurs auraient utilisé pour cela les deux premières
travées (les plus proches du chœur) de l’ancienne nef. Et
ils auraient prolongé ce transept par l’abside
semi-circulaire.
Nous pensons que l’église primitive que nous venons de
décrire est antérieure à l’an 800. Mais il nous est
difficile d’apporter des précisions là-dessus. En
particulier en ce qui concerne la fourchette (774-783).
Cette dernière date nous semble néanmoins un peu hasardeuse.
En effet, des fouilles ont permis de découvrir un baptistère
à l’intérieur de cette église (image
8). Il semblerait que cette cuve soit réservée à
un baptême par immersion, pratique qui aurait disparu vers
le VIeou le VIIesiècle (tout cela
mériterait une étude plus approfondie que celle que nous
venons de faire). Par ailleurs la pierre wisigothique de l'image 9 pourrait être
aussi plus ancienne que la fin du VIIIesiècle.
L’église
Santiago de Gobiendes
Nous avons décrit ci-dessus une église à chevet «
rectangulaire ». C’est exactement ce que l’on trouve ici
avec l’église Santiago de Gobiendes.
Le site Internet qui traite de cette église ne mentionne pas
de texte fondateur, mais l’évalue au IXesiècle.
Nous pensons qu‘elle est pus ancienne d’au moins deux
siècles. Ses caractéristiques sont en effet les suivantes :
c’est une nef à trois vaisseaux charpentés. Les murs
gouuteraux du vaisseau central sont portés par des colonnes
rectangulaires de type R0000.
Les saillies des impostes débordent dans toutes les
directions. Les arcs entre piliers sont simples.
Notre propre datation : an 550 avec un écart de 150 ans.
L'église
San Pedro de Nora à Regueras
On retrouve dans cette église les mêmes éléments
caractéristiques que ceux découverts dans l’église
précédente Santiago de Gobiendes.
Le site Internet Wikipedia place (sans justification) sa
construction dans la période du règne d’Alphonse II le
Chaste (791-842).
Notre propre datation : an 550 avec un écart de 150 ans.