Deux églises de Berzé-la-Ville 

• France    • Bourgogne - Franche-Comté    • Article précédent    • Article suivant    


La Chapelle aux Moines de Berzé-la-Ville

Le site Internet qui est consacré à cette chapelle nous apprend ceci : « La chapelle est construite au début du XIIe siècle à l’initiative de l’abbé de Cluny, Hugues de Semur, bâtisseur de Cluny III. Elle faisait partie d’un prieuré dont elle est aujourd’hui le seul vestige accessible au public. Elle est constituée d’une chapelle basse qui conserve encore de nombreuses traces d’un décor peint et d’une chapelle haute célèbre pour ses peintures murales uniques.

L’abside est peinte sur toute sa hauteur : sur la voûte, le Christ, entouré des apôtres, transmet sa loi et remet les clés à saint Pierre et le livre à saint Paul, qui sont les deux saints protecteurs de l’abbaye de Cluny ; au niveau des fenêtres, sont représentés les vierges sages et les vierges folles ainsi que les martyres de saint Blaise et saint Vincent ; au registre inférieur, sont figurés des saints orientaux et occidentaux peu connus, mais dont des reliques étaient conservées dans le trésor de l’abbaye de Cluny et qui étaient inscrits à son calendrier liturgique. Ces décors sont aujourd’hui les uniques témoignages de la peinture monumentale du temps de l’apogée de l’abbaye de Cluny.
»


Nous n’avons que peu de choses à dire sur cet ensemble que nous avons eu l’occasion de visiter. Nous renvoyons le lecteur aux nombreuses analyses qui ont pu être faites sur les fresques. Certaines de ces analyses sont d’ailleurs consultables sur Internet.

Nous rapporterons ici que certaines impressions dûes à notre visite.

Tout d’abord, le prieuré appelé Château des Moines est installé dans un cadre remarquable (images 1, 2, 3 et 4).

Nous avons été surpris de découvrir qu’il existait une chapelle inférieure (images 5 et 6). Cette chapelle inférieure pourrait être préromane. En effet, son abside en cul-de-four est percée d’une unique fenêtre très étroite à simple ébrasement. L’existence de cette fenêtre montre bien que, à l’origine, cette chapelle était aérienne, même si, à l’heure actuelle, elle peut avoir été enterrée par la construction de bâtiments ultérieurs. Nous estimons que, au cours de la période romane, il y a eu une recherche en vue d’éclairer les chœurs d’églises. En conséquence, nous estimons que, à partir des environs de l’an 1000, et probablement même avant en ce qui concerne les grands édifices, les chœurs d’églises ont été dotés de plusieurs grandes fenêtres.

Cette chapelle est décorée de fresques très dégradées. Le décor imite la maçonnerie de pierres. Ce type de décor est relativement fréquent au XIVesiècle.


On retrouve la même idée de décor (imitation de maçonnerie) dans la nef de l’église supérieure (images 8, 9, 10). En effet, dans la voûte de cette nef, de grands traits rouges encadrent des représentations de doubleaux.

Nous pensons que la nef primitive devait être charpentée.

L’arc triomphal séparant la nef du chœur est porté par des chapiteaux à feuilles dressées qui pourraient dater du XIesiècle (images 11 et 12).


Mais ce sont surtout les fresques romanes qui ont suscité le grand intérêt des historiens de l’art (images de 13 à 24).

Il faut reconnaître qu’elles ont été admirablement bien conservées.

Elles ont été étudiées dans le détail.

Les concernant, nous n’aborderons qu’une question : celle de la datation.

Les spécialistes les qualifient de « romanes » et les datent du XIIe siècle.


Certains indices permettent de penser que ces fresques sont plus proches de l’art gothique que de l’art roman. Regardons par exemple le Christ pantocrator de la voûte absidale (image 15). Le Christ pantocrator (ou le Dieu pantocrator) est présent dans les représentations romanes. Nous pensons même qu’on l’a représenté bien avant l’an mille. Mais ce Christ pantocrator est en règle générale entouré par les symboles des évangélistes issus de la lecture approfondie de l’Apocalypse de Saint Jean, lecture dont le Beatus de Llebana écrit au VIIIesiècle, rend témoignage.

Ces symboles des évangélistes (tétramorphes), sont absents à Berzé-la-Ville. Il faut cependant avouer que cette absence ne constitue pas un critère absolu d’évaluation, car la représentation du tétramorphe a perduré dans certaines représentations gothiques.

Autre indice : les représentations romanes portent surtout sur des thèmes symboliques, ou des scènes historiées, souvent peu compréhensibles et mal identifiées.

Dans les images gothiques, on voit apparaître des scènes réellement figuratives. Comme des portraits d'anges ou de saints. Ce qui est le cas ici.

Un autre indice est repérable dans les images 22 et surtout 23. La fresque colorée recouvre en partie le mur roman en contournant les parties de la fenêtre en retrait. Preuve que la fresque est postérieure au mur roman.

L'image 24 représente un moine noir de Cluny.


Datation

Datation envisagée pour la chapelle supérieure : an 1125 avec un écart de 50 ans. Datation envisagée pour les fresques : an 1200 avec un écart de 50 ans.






L’église Notre-Dame-de-la-Purification de Berzé-la-Ville

Cette église était ouverte au moment de notre passage à Berzé-la-Ville (images 25, 26, 27). Elle est signalée comme romane du XIIesiècle, mais nous n’avons eu aucun élément permettant de confirmer ou d’infirmer cette datation.

Datation envisagée pour l’église Notre-Dame-de-la-Purification de Berzé-la-Ville : an 1125 avec un écart de 75 ans.