Monuments du Proche-Orient susceptibles de dater du 1er millénaire

Monuments     • Article précédent    


  • Carte interactive du Proche-Orient

  • Vous trouverez ci-dessous la liste non exhaustive des pays et édifices du Proche-Orient susceptibles de dater du premier millénaire.

    Cette liste est bien sûr amenée à évoluer, suite à de nouvelles visites de monuments, ou suite à d'autres recherches ou découvertes concernant cette région du monde.


  • Arménie :
     

    •  Monastère de Akhtala            • Chapelle d'Ardvi                            • Les églises de Etchmiadzin      •  Monuments de Garni
    •  Monastère de Geghard           •  Monastère de Goshavank          •  Monastère de Haghpat             •  Monastère de Makaravank
    •  Monastère de Marmashen     •  Église Saint-Jean de Mastara     •  Cimetière de Noratous            •  Basilique d’Odzoun
    •  Monastère de Sanahin            •  Églises de Talin                              •  Cathédrale de Zvartnots


    Chypre :
     

      Église Panayia Angeloktisti de Kiti     •  Les édifices paléochrétiens de Kourion    • 
    Église Saint-Lazare de Larnaca    
    •  Basilique paléochrétienne Panayia Chrysopolitissa de Paphos     •  Église de Peristeróna    


    Géorgie :
     

    •  La basilique de Bolnissi                     • Le site de Dmanisi                                      •  L'académie d'Ikalto
    •  Mtskheta (Monastère de Djvari)      Mtskheta (Monastère de Samtavro)     Le complexe monastique de Shuamta  
    •  Tbilissi (Église Anchiskhati)            Tbilissi (Église Méthéki)                             Le site de Vardzia                          Autres églises de Géorgie


    Israël-Palestine :
     
    •  Monuments d'Israël-Palestine


    Liban :
     

    •  Monuments du Liban



    Syrie :
     

    •  Monuments de Syrie


    Turquie :
     

    •  Cappadoce (sites et églises rupestres) 
       •  Cappadoce (Église de Nicéphore Phocas)    •  Istanbul (Basilique Sainte-Sophie)


     
    Le chapitre consacré à l’étude des monuments susceptibles de dater du premier millénaire de notre ère se clôt avec les édifices du Proche-Orient.


    Une architecture romaine aux confins de l’Empire Romain


    Nous n’avons pris conscience que très tardivement, vers la fin de l’année 2012, que l’étude que nous faisions sur les monuments de Béziers et du Biterrois, auparavant datés du XIeou XIIesiècle, devait être étendue à un territoire beaucoup plus grand, l’Europe et le Bassin Méditerranéen, et une période plus grande, le premier millénaire. Nous pensions alors que certains problèmes rencontrés à Béziers pouvaient trouver leurs réponses hors de Béziers. Et que, réciproquement, cette étude pourrait être bénéfique aux monuments extérieurs à Béziers. Mais à aucun moment nous n’avions envisagé une correspondance aussi éclatante entre des édifices situés à plusieurs milliers de kilomètres les uns des autres. Au point d’ajouter à notre recherche des pays aussi éloignés que la Géorgie et l’Arménie, découvertes par des voyages, en 2014 pour la première, en 2016, pour la seconde.



    Une datation plus que surprenante

    La plus grande surprise nous est venue de la datation des édifices. Il faut comprendre que, en France, mais aussi en Europe Occidentale, nous sommes très souvent confrontés à des informations du style, « Église romane du XIIesiècle » , plus rarement, « Église romane du XIesiècle », et pratiquement jamais une datation antérieure à l’an mille. Aussi nous avons été très surpris de découvrir en Arménie ou en Géorgie des édifices ressemblant énormément à certains des nôtres, datés, quant à eux, d’une datation inférieure à l’an mille.


    Pourquoi une telle datation ?

    Selon les informations que nous avons eues, cette datation s’appuierait sur des éléments très probants comme des pierres de dédicace ou des documents d’archives. Cependant, on peut toujours remettre en cause ce type d’argument, en affirmant que la pierre de dédicace provient d’une autre église ou que le document d’archive est incomplet.

    Aussi la véritable question qui se pose est plutôt celle-ci. Pour quelles raisons une église d’un type donné est datée du XIIesiècle en France et du VIesiècle en Géorgie? Nous avons déjà vu cela en ce qui concerne la France. Selon les historiens, la France aurait été fondée à partir du royaume de France créé par Hugues Capet vers l’an 1000. Il aurait constitué ce royaume à partir du domaine royal situé en Ile-de France entourant la ville de Paris. Nous pensons que ce discours est une légende ou plutôt ce que nous appelons un « récit structurant ». Dans ce cas, le récit sert à structurer une identité française.



    Identité des peuples du Proche-Orient

    Nous pensons que chacun des peuples du Proche-Orient ou du Caucase a cherché à définir sa propre identité. Il existe donc des identités multiples : turque, syrienne, arménienne, azérie, géorgienne, tchétchène, kurde. Parfois ces identités sont restreintes à un pays. Parfois elles couvrent plusieurs pays. Certaines sont étroitement liées à une religion (chrétienne orthodoxe géorgienne, chrétienne arménienne, musulmane azérie). D’autres à une langue. Et il est possible que dans le même pays plusieurs peuples se côtoient. Les années de guerre froide, tant du côté occidental qu’en Union Soviétique, ont imposé une chape de plomb sur les aspirations de ces peuples à retrouver leur identité propre. Et la chute du Rideau de Fer a provoqué de nombreux conflits non encore totalement apaisés. Il suffit de voir des cartes récentes de la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan pour réaliser l’existence de ces problèmes.

    Chaque guide touristique rencontré nous apprend qu’il appartient à un peuple pacifique et que c’est le peuple voisin qui est responsable des agressions, mais on devine que, dans bien des cas, le conflit est la conséquence d’une résistance à l’acculturation d’un peuple par le peuple dominant.

    Ce désir d’identité conduit parfois à des interprétations assez étonnantes. Ainsi, en nous faisant visiter le palais de Topkapi, à Istanbul, notre guide turc nous a fait remarquer à partir d’un tableau, que les premiers princes turcs avaient des traits mongoloïdes (question que beaucoup de touristes avaient dû lui poser auparavant), en ajoutant ceci : « Il faut comprendre que, autrefois nous autres turcs avions les yeux bridés, mais que au fur et à mesure, nous avons perdu ces traits caractéristiques ». Il pensait sans doute que la population d’origine mongole, minoritaire, avait fini par être absorbée par la population autochtone, majoritaire. Cependant lui-même s’estimait turc, d’origine mongole.

    La volonté d’affirmer leur identité a conduit les peuples qui estimaient, le plus souvent à raison, avoir été chassés de leurs territoires, à rechercher des traces de leur passé, le plus ancien possible. Il ne faut donc pas s’étonner qu’ils aient choisi parmi toutes les datations possibles d’un monument donné, la plus ancienne. Parfois la datation ne tient pas compte de l’évolution du monument. Cependant, cette datation nous semble beaucoup plus réaliste que celle effectuée par les archéologues français qui refusent d’envisager une datation inférieure à l’an 1000.

    A l’inverse, on assiste aussi à la volonté de certains peuples d’éradiquer toute trace d’identité d’autres peuples. Un exemple nous est donné avec la destruction par les autorités d’Azerbaïdjan du cimetière de khatchkars (croix arméniennes) de Djoulfa, au Nakhitchevan, dans les années 1998, puis 2002 et, enfin, en décembre 2005 (voir les images 5 et 6).