Le site de Dmanisi
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Le site de Dmanisi
Le village de Dmanisi est situé à environ 90 km au Sud-Ouest
de la capitale de la Géorgie, Tbilissi. Il abrite plusieurs
sites archéologiques importants. Tout particulièrement un
ensemble préhistorique ayant permis de retrouver les restes
d’un plus vieil européen connu du genre homo
appelé Homo Georgicus.
On trouve aussi sur le site de Dmanisi
d’étranges statues d’animaux très stylisés comme ici des
béliers (images 3 et 4).
Sur les corps de ces animaux, des scènes énigmatiques sont
représentées. Ainsi, sur l'image
5 on peut voir un homme et un bouquetin. L’homme
vu de face fait penser à certaines pierres tombales vues en
Arménie. Nous n’avons aucune information sur ces statues que
nous estimons dater de la protohistoire (âge du bronze en
Anatolie). Bien que cette période n’appartienne pas au
Premier Millénaire, ici étudié, nous les avons représentées
à cause de leur intérêt exceptionnel.
Les autres curiosités sont : une forteresse médiévale en
grande partie ruinée (image
1 et au premier plan de l'image
14 : datation ?), une tour (images
2, 6 et 7), une petite chapelle à plan
rectangulaire et une « cathédrale orthodoxe ».
La
petite chapelle rectangulaire
Sur la page du site Internet Wikipedia
réservée à l’étude de Dmanisi, cette chapelle (images 8 à 13) n’est pas mentionnée. Elle nous
semble néanmoins très intéressante.
Tout d’abord par son plan. Extérieurement, elle s’apparente
à une maison tout à fait ordinaire, à plan rectangulaire (image 8). Une maison
pourtant, pratiquement dépourvue de fenêtres, et de plus,
plus haute que large. Mais c’est vraiment à l’intérieur que
l’on découvre que cette maison est différente des autres,
avec une nef voûtée en plein cintre et une abside voûtée en
cul-de-four, la nef et le chœur apparaissent comme nettement
différenciés alors qu’ils ne l’apparaissaient pas à
l’extérieur (voir les images
12 et 13).
La base des murs de cette chapelle (images 9, 10 et 11) est de construction
typiquement romaine avec une alternance de lits de briques
et de blocs de pierres. Cependant, on constate à plusieurs
reprises des travaux de réfection (en particulier, sur l'image 11 toute la
partie entourant la fenêtre).
En absence de toute documentation, de toute ornementation
sculptée, et sachant, de plus, que les critères de datation
en Orient peuvent différer de ceux de l’Occident, il nous
est difficile d’avancer une datation. Nous pensons cependant
qu’il y a eu au moins deux périodes dans la construction de
cette chapelle. Durant la première période, vers le IVesiècle,
il y aurait eu édification d’un édifice à plan carré, sans
doute couvert d’un toit en charpente. Ultérieurement, vers
le VIIe ou VIIIesiècle, la nef et
l’abside auraient été voûtées. Pourquoi le VIIeou
VIIIesiècle ? A cause des impostes des pilastres
des images 12 et 13.
Les saillies tournées seulement vers l’intrados de l’arc
semblent caractéristiques de cette période.
La
cathédrale orthodoxe
Dans la page du site Internet Wikipedia
consacré à Dmanisi, cet édifice est daté du VIesiècle.
Sur l'image 14, on
peut voir devant la tour, la cathédrale précédée d’un
bâtiment faisant office de porche à toit cruciforme. Selon
notre guide, il existerait sous le toit une pièce secrète
permettant de cacher les trésors de l’église et de se
réfugier en cas d’invasion.
Cette basilique est dotée d’une nef unique et d’une abside
semi-circulaire (image
15). La nef est voûtée en berceau plein cintre
sur doubleaux plein-cintre (image
18). Ces doubleaux sont portés par des pilastres.
On constate sur les images
16 et 17 que les pilastres sont surmontés de deux
impostes superposées. Ainsi sur l'image
17 on distingue sur le premier pilastre de gauche
en partant du bas une première imposte très plate, puis
au-dessus, les départs d’arcs (celui accolé au mur et l’arc
doubleau de la voûte, lui-même porté par une autre imposte).
Il semblerait qu’il y ait eu deux étapes de travaux. Au
cours de la première étape, la nef aurait été charpentée.
Elle aurait été voûtée durant la seconde étape.
Le narthex (images
19 à 24) est la partie la plus décorée de
l’édifice. C’est aussi très probablement la partie la plus
récente. Mais une partie difficile à dater. L’existence d’un
khatchkar (image 24)
pouvant dater du XIIIeou XIVesiècle
ne constitue pas une preuve formelle, car cette pierre a pu
avoir été installée ultérieurement. La décoration de la
façade Sud (images 19 et
20) est plus sûre. Cette décoration pourrait
aussi dater du XIIIeou XIVesiècle.
Il en est de même du chapiteau de l'image
23. Par contre, le chapiteau à entrelacs de l'image 22 fait penser à
des modèles plus anciens (situés en Europe).
Conclusion
On retrouve en Géorgie ce qu’on avait déjà vu concernant
l’Arménie. A savoir la tendance des chercheurs à fournir la
datation la plus ancienne d’un édifice. Nous pensons que si
la « cathédrale orthodoxe » avait été située en France, elle
serait datée du XIeou XIIesiècle
voire même plus tard que ces deux dates.
Et non du VIesiècle comme l’affirme le site
Internet Wikipedia.
Et nous estimons que, dans ce cas, l’erreur se situe plus du
côté des spécialistes français que du côté des géorgiens.