Cappadoce (Turquie) : sites et églises rupestres
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Le plateau de Cappadoce, au centre de l’Anatolie, a été
autrefois recouvert d’une couche de cendres volcaniques
expulsées d’un volcan haut de plus de 7000 mètres. Ces amas
de poussières ont formé une sorte de tuf, pierre tendre et
friable qui a comblé les vallées. Les eaux de ruissellement
ont tracé leurs chemins dans cette roche, créant des forêts
de cheminées de fées.
Le spectacle est somptueux et envoûtant (images
1, 7 et 8) et a inspiré les décors de films de
mondes imaginaires.
Très tôt sans doute, les hommes ont su
profiter de ces amas de tuf, non seulement pour y extraire
des pierres, mais aussi pour utiliser les carrières comme
habitations. Et il suffit de quelques heures de visite pour
repérer les ouvertures d’accès aux pièces troglodytes (images 2 et 3);
remarquer sur l'image 3 la
grande porte surmontée d’un arc en plein cintre : elle
donnerait accès à une chapelle souterraine.
La fabrication de ces constructions troglodytes est inverse
de celle des constructions aériennes. Les constructions
aériennes s’effectuent en général au-dessus des précédentes.
Par contre les aménagements troglodytes nouveaux se font en
creusant sous les constructions antérieures. D’autant plus
que les parties basses entourant les pitons et les cheminées
de fées où sont logés les habitats sont sur-creusées durant
les fortes pluies. Si bien que petit à petit le niveau de
circulation s’abaisse par rapport aux pièces creusées dans
le roc. Ainsi, sur l'image
4, la chapelle située au dessus est plus ancienne
que la pièce située au-dessous.
On constate, toujours sur l'image
4 et sa suivante, l'image
5 , que la chapelle n’est en fait qu’une
demi-chapelle. Toute une partie du roc a dû s’effondrer
laissant l’ouverture béante.
Toutes les chapelles ne se sont certainement pas effondrées
comme celle-ci et il doit en exister d’intactes. Sans doute
en existe-t-il remontant au Premier Millénaire. Celle de l'image 6 présentant une
croix pattée en est peut-être une.
La chapelle des images 13
et 14 en est peut-être une autre. En effet,
certains détails font penser à d’autres analogues vus dans
le midi de la France et datés du Premier Millénaire. Il y a
tout d’abord la présence de banquettes le long des murs dans
la nef (image 13).
L’arc triomphal, outrepassé, est porté par de faux piliers
creusés dans le roc mais imitant de vrais piliers surmontés
d’imposte. Au fond de l’abside, on peut voir ce qui semble
un siège et non un autel : dans les églises des premiers
temps, l’évêque trônait sur un siège au fond de l’abside.
Bien sûr nous ne sommes pas ici dans le Midi de la France,
mais en Turquie. Cependant, il faudrait vérifier s’il
n’existe pas des points de concordance. La présence au
dessus de l’entrée (image
12) d’une voûte en croisée d’ogives datable du XIVesiècle ne signifie pas que la chapelle date de
la même époque : cette voûte a pu être ajoutée plus
tardivement afin de séparer en deux pièces une entrée
nettement plus haute que celle-ci.
Les panneaux en métal des trois
dernières images n’appartiennent certainement pas au Premier
Millénaire. Ils témoignent d’une présence chrétienne en
pleine terre musulmane. Sans doute appartenaient-ils à des
familles chrétiennes disparues lors des déportations
massives de 1915.