Monuments du Liban  

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Bien qu’ayant visité le Liban à deux reprises (mais assez rapidement et seulement dans des zones sûres), nous n’avons pas pu identifier autant de monuments du Premier Millénaire que dans d’autres pays du Proche-Orient.

Certes il existe un monument-phare de cette période, le temple de Baalbek . Et, par ailleurs, de nombreux restes de l’époque romaine, comme, par exemple, les Thermes de Beyrouth. Mais, dès le début de la rédaction de ce site, nous avons décidé d’exclure tous les monuments romains à l’exception de ceux ayant donné naissance aux monuments chrétiens. Nous pensions à ce moment-là que les monuments romains avaient été correctement étudiés et que leur datation ne devait pas être remise en question. Notre réflexion a évolué sur ce point, mais nous estimons que l’étude des monuments chrétiens est suffisamment complexe pour en rajouter d’autres.


Le site d’Anjar

Anjar (images de 1 à 6) est un site archéologique de vallée de la Bekaa à proximité de la frontière syrienne. Il aurait été découvert dans les années 50 . Il s’agirait d’une construction omeyade (la dynastie des Omeyades aurait fondé le califat de Cordoue en 756) qui n’aurait subsisté que durant quelques dizaines d’années. C’est le calife Al Whalid 1er (705-715 après J.-C.) qui est à l’origine de la construction de la cité. Celle-ci aurait été détruite par Marwan II et ses troupes 40 ans plus tard.

Les murs de cette cité sont constitués de lits de pierres et de briques disposés en alternance. On a là un type de construction que l’on retrouve dans les constructions romaines dites du Bas-Empire et ce, un peu partout dans le monde romain. Ces fortifications sont invariablement datées du IVesiècle. Nous pensons cependant que leur édification a dû s’étaler sur plusieurs siècles. On retrouve la construction en briques plus tard dans l’architecture musulmane (tour Hassan à Rabat, Maroc). La cité d’Anjar pourrait donc indiquer qu’il y a eu continuité d’emploi de la brique dans l’architecture musulmane.


La ville d’Amioun révèle deux petites églises qui nous ont semblé intéressantes bien qu’elles soient toutes deux datées du XIIIesiècle. On les attribue à la période des croisés. Cependant il faut noter que toutes deux ont un plan basilical (nef à trois vaisseaux). Or nous avons constaté en France que, pour les petites églises, le plan basilical ne concernait que les églises anciennes (du Premier Millénaire). Nous pensons donc que si les croisés, venus de l’ouest de l’Europe, avaient entrepris de construire ces églises, ils auraient adopté des plans de nefs uniques et non, comme ici, de nefs à trois vaisseaux.

En conséquence, nous émettons l’hypothèse que ces églises sont peut-être plus anciennes. Elles auraient été voûtées postérieurement. Il s’agit là d’une hypothèse bien mince qui mériterait d’être vérifiée.

Il faut noter cependant la présence d’éléments qui pourraient dater du Haut Moyen-Âge : une cuve baptismale (image 12), un trône épiscopal (image 14), preuves de l’existence en cet emplacement d’un édifice antique.

Il est même possible que les fresques (images 9 et 10) attribuées au XIIIesiècle soient antérieures à cette période, mais nous n’avons pas d’argument permettant de confirmer une telle hypothèse.


Les monastères rupestres de la vallée de Kadisha ont certainement une origine très ancienne (Premier Millénaire) mais il est difficile de les évaluer (images 15 et 16).

L'image 17 représente l’abside de l’église de Der El Khamar. Au vu des arcs brisés surmontant les culs-de-four des absides, nous ne pouvons envisager que cette église puisse dater du Premier Millénaire. Nous avons pourtant voulu la représenter parce que le décor polychrome de cette abside est tout à fait analogue à celui de l’église de Thines, église située en France dans une zone montagneuse reculée de l’Ardèche. Cette coïncidence est-elle un pur hasard ? Nous ne pouvons le dire.

Toujours dans le palais de Der El Khamar, une série de plaques de mosaïque ont été déposées, sans doute pour les préserver du pillage dû à la guerre. Le très bel exemplaire de l'image 18 représente deux paons s’abreuvant au canthare, scène devenue à présent traditionnelle dans ce site. Nous n’avons pu identifier quelle était la scène représentée à la surface de l’eau bue par le paon.