Divers autres édifices à plan centré 

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Dans une des pages précédentes intitulée « Étude statistique sur les nefs à plan centré », nous avons établi une carte de ces édifices. Parmi ces édifices, on trouve certains de ceux représentés ici. En particulier, les nefs à plan circulaire ou polygonal décrites dans les paragraphes 1 et 2 de l’actuelle page. Il y a aussi les baptistères auxquels nous consacrerons une des pages suivantes. Un drapeau spécial est attribué à d’autres édifices dont certains ne sont pas forcément à plan centré. Ces édifices semblent échapper à la nomenclature. Il y a parmi ces édifices ceux à plan rectangulaire (paragraphe 3 de l’actuelle page) et les portiques et portes (dans une des pages suivantes).



    Paragraphe 1 : Les petits édifices à plan circulaire ou polygonal

    Nous avons déjà vu dans une page précédente les nefs à plan circulaire ou polygonal à étage. Les édifices que nous avons ici sont de petits édifices dépourvus d’étage. Ou du moins, s’il en existe un, il ne semble pas avoir une fonction importante. Ces nefs semblent essentiellement localisées en Europe de l’Est. Toutes sont actuellement des églises (images 1 à 6). Mais elles ont pu être employées autrefois pour d’autres fonctions que la liturgie. Elles ont pu servir comme salles de palabres pour les élus d’une collectivité, à l’image de ce que l’on voit encore dans le pays Bamiléké au Cameroun.
    Pour de plus amples informations, consulter nos pages sur les rotondes de Polognede Slovaquie, ou de la République Tchèque.

    Ajout en date du 1 Mars 2024

    L'étude des monuments de l'Autriche nous a permis de découvrir un grand nombre (42) de monuments à plan centré dont la majeure partie sont appelés « ossuaires ».
    Fait remarquable, les plans sont presque tous identiques : grande salle circulaire ou polygonale prolongée à l'Est par une abside semi-circulaire ; l'ossuaire est situé sous la grande salle. Tout aussi remarquable est la ressemblance entre ces ossuaires et les images de 1 à 6 ci-dessus. La forte densité en Autriche de ce type d'église, et la large répartition de leur plan en Europe de l'Est (Pologne, Slovaquie, République Tchèque) font espérer qu'il en existe d'autres et en grand nombre dans ces derniers pays.

    Nous estimons que tous les bâtiments à plan centré devaient être à l'origine des « parlements », c'est-à-dire des endroits où l'on se parle, des lieux de palabres. Ces monuments sont, par leurs tailles diverses, révélateurs de l'importance du pouvoir local. Lorsque les monuments sont, dans une région, rares et de grande taille, la puissance locale est importante. Lorsque les monuments sont petits et nombreux, la puissance locale est limitée.


    Paragraphe 2 : Les grands édifices à plan circulaire ou polygonal (ou dômes)

    À la différence des édifices précédents, ceux-là occupent un espace important. Ils sont dépourvus d’un plancher intermédiaire séparant le bâtiment en deux étages. Ils sont aussi dépourvus d’un noyau central, comme le sont les édifices que nous avons appelés des « parlements » (voir ci-dessus la page intitulée : « Les nefs à étage, à plan circulaire ou polygonal : des parlements au Premier Millénaire ? »).

    Une valeur symbolique est attachée aux édifices à plan centré. Mais elle l’est peut-être plus encore à ceux à plan circulaire ou polygonal, surmontés d’une coupole. Car ces édifices sont censés représenter la terre surmontée du dôme céleste. Ces édifices placés au centre d’un territoire, c’est-à-dire en sa capitale, seraient représentatifs de ce territoire conçu comme un microcosme. Et bien sûr, plus le territoire est grand, plus l’édifice doit être grand. En conséquence, il ne doit pas y avoir de différence de nature entre petits et grands édifices, mais une différence de dimensions. Dimensions non seulement de l’édifice, mais aussi de la capitale dans lequel il se trouve. En ce qui concerne les grands édifices, ces capitales sont Rome (images 7 et 8), Jérusalem (images 9 et 10), Constantinople (images 11 et 12). Il existe aussi une rotonde à Thessalonique.

    On remarque que les édifices à plan centré à étage (parlements) vus dans une des pages précédentes ne sont pas quand à eux forcément installés dans ce qu’on pourrait appeler des capitales. On en trouve certes dans des villes importantes comme Aix-la-Chapelle, Liège ou Dijon. Mais ces villes n’étaient pas forcément des capitales durant le Haut Moyen-Âge. Et même Aix-la-Chapelle, qui est actuellement considérée comme capitale de Charlemagne, ne l’était certainement pas. Aix-la-Chapelle n’était qu’une des résidences royales parmi d’autres. Nous pensons que, dans le monde franc, il ne devait pas y avoir de capitale. Durant le Moyen-Âge, les rois francs étaient souvent en déplacement. Nous pensons que ce devait être encore plus le cas durant le Haut Moyen-Âge. Des lieux comme, par exemple le monastère Saint- Sernin de Toulouse, pouvaient servir de capitales occasionnelles à la cour du roi ou de l ‘empereur.


    Concernant la rotonde de Simiane (images 13, 14 et 15), l’affaire est un peu plus compliquée. D’une part, elle ne ressemble pas à une nef à deux étages (parlement), car il n’y a pas de noyau central. D’autre part, tout en étant couverte d’un dôme, elle ne s’apparente pas aux dômes de Rome, Jérusalem ou Constantinople. Peut-être cette rotonde de Simiane est-elle le résultat d’un réemploi, durant le Moyen-Âge, d’un édifice nettement plus ancien, voire antérieur à l’occupation romaine ?



    Paragraphe 3 : Les édifices à plan rectangulaire

    Parmi les édifices à plan centré, on a ceux à plan rectangulaire. Bien que certains de ces édifices aient été des églises comme Santa María del Naranco (images 16 et 17), nous pensons que leurs fonctions étaient essentiellement civiles. Ils servaient sans doute de lieux de réunion, voire de lieux de débats, de chambres de députés. Toutes les chambres de députés ne sont pas à l’image de l’hémicyclique de notre Assemblée Nationale. Ainsi, les salles de réunion des États Généraux de l'Ancien Régime étaient de très grandes salles rectangulaires. Et les débats de la Chambre des Communes du Royaume-Uni se déroulent dans une salle rectangulaire.
    Voir aussi le paragraphe consacré à la Manécanterie de Lyon (image 18).

Ajout en octobre 2024 de nouvelles formes architecturales d 'édifices à plan centré


Les ossuaires d'Autriche (images 19, 20, 21)

En effectuant nos recherches sur l'Autriche, nous avons découvert ce type d'église à plan centré, en général circulaire. Parfois une minuscule abside était ajoutée côté Est et un porche d'entrée côté Ouest. Ces petites églises étaient désignées comme étant des ossuaires. En fait, dans la plupart des cas, l'église était à deux niveaux. Le niveau inférieur était l'ossuaire proprement dit, une sorte de cave sombre et basse dépourvue de décoration. Le niveau supérieur était occupé par une grande pièce décorée de fresques. Nous pensons que ces églises ont été improprement appelés ossuaires. Ce devaient être des salles de réunion où se prenaient les grandes décisions de la communauté : un peu comme les salles capitulaires des monastères. L'ossuaire situé en dessous et l'abside servaient à sacraliser ces décisions.




Les églises hexaconques (ou octoconques) de Dalmatie (images 22, 23, 24)

Là encore, on a des édifices à plan centré. Même si ces édifices sont à l'heure actuelle considérés comme des églises, il est difficile d'admettre qu'ils ont été construits pour être des lieux de culte. En effet, dans une église, sont réunis des fidèles qui s'adressent à un Dieu. Et pour s'adresser à un Dieu, il faut se tourner dans sa direction (pour une église chrétienne, cette direction est, dans la plupart des cas, celle de l'Est). Revenons à nos édifices hexaconques (images 22 et 23). Soit ces édifices ont été construits pour être des églises. Cela signifie que Dieu est vénéré dans six directions différentes et que les fidèles qui l'adorent sont susceptibles de se tourner le dos. Une telle hypothèse suppose qu'il y a eu auparavant un très gros travail d'exégèse dont on n'a jamais entendu parler. Nous sommes donc obligés d'admettre, qu'à l'origine, ces édifices n'étaient pas des églises. On reprend donc l'hypothèse évoquée ci-dessus concernant les ossuaires d'Autriche : « Ce devaient être des salles de réunion où se prenaient les grandes décisions de la communauté : un peu comme les salles capitulaires des monastères. ». Celle sorte de salle capitulaire aurait accueilli les délégués issus de six parties différentes d'une même unité administrative.