La basilique Saint-Kunibert de Cologne  

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Nous n'avons pas visité cette basilique. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

«  Histoire

Selon la légende, saint Kunibert, né vers 600, évêque de Cologne et conseiller du roi Dagobert Ier , aurait fait don d’une église dédiée à saint Clément sur le site de la basilique actuelle. Après sa mort, il a été enterré ici selon ses souhaits.


Avant 1210, à l’instigation du prévôt de Saint-Kunibert, futur archevêque de Trèves, Théoderich von Wied, la construction d’une nouvelle église a commencé. Pour compenser la pente du terrain vers le Rhin, une crypte a été construite comme sous-structure. En 1226, le chœur a été achevé, et un an avant le début de la construction de la cathédrale gothique, Saint-Kunibert a été consacrée comme une église collégiale, en 1247, par l'évêque auxiliaire Arnold de Semigalia. À cette occasion, l’archevêque de Cologne, Konrad von Hochstaden, organisa un grand festival pour la haute noblesse et le haut clergé.

Construction et équipement


L’église à trois nefs est la plus récente de Cologne parmi les grandes églises romanes.  [...] La date tardive de sa construction est probablement la raison de sa conception très autonome et riche en formes. Les murs extérieurs de l’abside s’élèvent en filigrane sur deux étages sous la galerie naine qui ferme la façade. Le pignon du toit de la nef, qui s’élève entre les tours est, comporte trois niches structurantes.

À l’intérieur, la basilique, qui a été restaurée après la Seconde Guerre mondiale, se caractérise dans ses parties orientales par un bâtiment de halle différencié et inondé de lumière avec une abside. Contrairement aux autres églises romanes de Cologne, il y a des passerelles soutenues par des colonnes en maçonnerie “à double coque” sur deux niveaux. Les fenêtres d’origine du début du XIIIe siècle (vers 1230), qui ont été stockées pendant la guerre et ont donc été conservées, sont remarquables. [...]

La nef avec la structure murale de trois étages et la voûte nervurée dans le “système lié” repose sur des piliers rectangulaires de dimensions alternées, dont la dernière paire avant la zone de croisement orientale se distingue par un gothique tardif.  [...] Sous le chœur se trouve la crypte soutenue par une colonne centrale avec le Kniberspuntz, une fontaine probablement de l’époque préchrétienne, dont l’eau permettait la bénédiction des enfants. [...] »


Commentaire de ce texte

Nous sommes à nouveau confrontés au problème de sur-interprétation des textes écrits. L'historien de l'art qui a étudié cette église a essentiellement consulté des textes écrits la concernant, sans chercher à comparer son architecture à celle d'autres édifices de la même région. À partir de textes écrits probablement en 1210, 1226 et 1247, dates citées d'une façon explicite, l'auteur du texte a élaboré un scénario de construction. Il faudrait certes relire ces chartes de 1210, 1226 et 1247 pour vérifier si le scénario correspond bien à la réalité. Mais une sur-interprétation de ces chartes est probable. Cette sur-interprétation se traduit très souvent par la réaction suivante :
« le texte le plus ancien signalant cette église date de 1210... donc il n'y avait pas d'église avant cette date ! ». Je ne sais absolument rien de mes arrière-grands-parents du côté paternel. Dois-je en déduire qu'ils n'ont pas existé ?

Il suffisait pourtant de se déplacer quelque peu dans la région pour constater des similitudes entre bâtiments. Ami lecteur, faisons-le ensemble en remontant tout d'abord de quelques pages précédentes jusqu'à celle de « L'abbatiale Saint-Nicolas de Brauweiler ». La nef de cette église est exactement semblable à celle de Saint-Kunibert : élévation à trois étages avec, au premier étage, grands arcs en plein cintre portés par des piliers de type R0000 , au deuxième étage, arcature aveugle formée d'arcs doubles portés par des colonnettes cylindriques ; au troisième étage, départ des voûtes gothiques. On a donc là deux architectures très semblables. Mais l'une est datée de 1023 et l'autre de 1226. Soit deux siècles de différence ! Quant à la page suivante intitulée, « L'église Saint-Jean-Évangéliste de Cappenberg », on y apprend que 
« Le début de la construction d'une église non voûtée ... remonte probablement à 1122. ». Tout en contestant la date de 1122 (qui est tout de même antérieure d'un siècle à celle proposée pour Saint-Kunibert), nous notons que cet auteur a remarqué que l'église primitive n'était pas voûtée, observation que nous avons faite sur de nombreux autres édifices d'Allemagne.


Architecture

La ressemblance entre ces deux églises, Saint-Kunibert de Cologne et Saint-Nicolas de Brauweiler, permet de penser qu'elles ont subi le même schéma évolutif. Ce qui frappe surtout, c'est la présence de ce deuxième étage d'arcatures aveugles. Un deuxième étage qui diffère par son style du premier étage et qui, en conséquence, a été construit après. Mais qui suscite de l'incompréhension. En effet, dans les basiliques paléochrétiennes, toutes les surfaces murales situées au-dessus des grands arcs étaient nues, dépourvues de sculptures ou, à l'exception des fenêtres, d'aspérités. Ces grandes surfaces étant couvertes de fresques ou de mosaïques ; il ne fallait pas d'obstacle qui nuise à leur lecture (voir les édifices de Ravenne). Or, dans le cas présent, l'arcature constitue un tel obstacle et on ne comprend pas son utilité. Notre hypothèse est la suivante : lorsqu'elle a été construite cette arcature n'était pas fermée mais ouverte. Il devait y avoir une galerie de circulation au-dessus des bas-côtés formant tribune au-dessus du vaisseau central de la nef. Le sol de cette galerie était un simple plancher. Les galeries Sud et Nord communiquaient entre elles grâce à l'ouvrage Ouest. Ultérieurement on aurait décidé de voûter les trois vaisseaux de la nef en croisées d'ogives. Cette transformation conduisait à rehausser le plafond des collatéraux. Et donc à supprimer les galeries. Ce qui a entraîné la fermeture des baies donnant sur le vaisseau central de la nef. D'où les arcatures aveugles.


Dernière remarque

On constate une différence entre les deux églises : Saint-Nicolas de Brauweiler et Saint-Kunibert de Cologne. Dans la première église, il y a un transept haut et débordant, alors que, dans la seconde, il n'y a pas de transept mais des tours situées à la verticale des collatéraux de la première travée à partir du chevet. Nous pensons que ce plan obéit au schéma suivant : à l'origine, construction d'une basilique à nef à trois vaisseaux non voûtés, avec une ou trois absides en prolongement. L'étape suivante est la construction d'un faux transept ou transept bas : on construit un toit transverse sur chacun des collatéraux de la première travée. L'étape d'après serait la construction de tours à la verticale de ces collatéraux. C'est ce qui se serait passé à Sainte-Madeleine de Béziers. Pour Saint-Kunibert, on aurait sauté l 'étape intermédiaire pour passer directement à la construction de tours sur les collatéraux. Dans l'évolution des transepts, l’étape d'après est la construction de transepts hauts et débordants. En ce sens, le transept de Saint-Nicolas de Brauweiler serait postérieur aux tours du chevet de Saint-Kunibert de Cologne.

Datation envisagée pour la basilique Saint-Kunibert de Cologne : an 800 avec un écart de 200 ans.