Introduction aux problèmes de datation 

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Ami lecteur, vous avez sans nul doute entendu parler des grands débats scientifiques qui ont secoué le monde : la révolution copernicienne, le darwinisme, etc. Des expressions comme le « conflit entre science et religion » vous font imaginer – nous font imaginer – qu’il a existé deux groupes antinomiques, les savants et les hommes de foi. Et que cette opposition était statique, chacun étant sûr de ses convictions.

Une telle conception ne correspond pas à la réalité. En effet, il faut constater qu’une idée nouvelle bouleverse des certitudes préalablement acquises. Lorsque Copernic a émis sa théorie de l’héliocentrisme, tout le monde pensait que c’était le soleil qui tournait autour de la terre. Et sans nul doute les premiers qui se sont opposés à cette théorie devaient être des savants, qui, parce qu’ils avaient enseigné le géocentrisme, ne voulaient pas se déjuger. Et ce n’est que petit à petit que l’héliocentrisme a fini pas s’imposer aux savants, aux hommes de foi, et, enfin, à toute personne qui ne connaissait rien aux problèmes de sciences ou de religion.

Toute théorie nouvelle suscite un rejet. Ce rejet peut être justifié par des raisons objectives. Celui qui rejette a soigneusement étudié les arguments du théoricien et apporte des arguments contradictoires.

Mais il arrive aussi que le rejet soit « épidermique », sans argument sérieux. Celui qui rejette, refuse obstinément de prendre en compte les arguments de l’autre. Ami lecteur, dans les pages qui vont suivre je vais m’efforcer d’apporter des arguments afin de combattre une idée communément répandue et à laquelle je croyais moi-même il y a quelques années. Cette idée c’est que, à la suite d’invasions barbares le monde antique a été détruit et que pendant à peu près 600 ans rien ou presque n’a été construit.

Vous pouvez d’emblée rejeter ces arguments. Dans ce cas, la lecture des pages suivantes ne vous apportera pas grand-chose de ce que vous savez déjà. Vous pouvez aussi les accepter d’emblée car votre propre expérience vous a amené aux mêmes conclusions que moi.

Dans ce cas passez directement au paragraphe 9 : « Essai de taxonomie du bâti au Moyen-Âge », véritable début d’une mise en place d’un système empirique de datation. Il se peut enfin que vous soyez sceptique ou hésitant. Cette attitude est tout à fait normale. Dans ce cas la lecture des pages suivantes est susceptible de vous convaincre. Cette conviction est absolument nécessaire afin d’aborder les problèmes de datation.

En effet, si on est intimement persuadé que toutes les églises du Moyen-Âge datent du XIIesiècle, il n’y a absolument aucun problème de datation et la lecture de tout le reste devient inutile.