L'église San Parteo de Mariana à Lucciana (Corse du Sud) 

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Petite information concernant les églises de Corse

La Corse est une des régions de France que nous ne connaissons que très peu : un seul séjour d'une semaine, principalement consacré à des occupations familiales. En conséquence, les principaux renseignements ou images que nous avons sur les monuments de cette région sont issus de sites Internet. Lire la suite...



L'église San Parteo de Mariana à Lucciana

Nous conseillons la lecture de la page du site Corse Romane consacrée à cet édifice.

Nous acceptons l'hypothèse selon laquelle l'abside, richement décorée de belles arcatures, daterait du XIe siècle (images 1, 3, 4, 5). Et il en est de même pour la nef (images 1 et 2) qui daterait du XIIe siècle. Avec une réserve cependant : il nous semle difficile d'admettre un écart d'un siècle entre les constructions de la nef et de l'abside. Il est possible qu'en sous-structure, la nef soit aussi du XIe siècle.

Cette nef est à un seul vaisseau, longue « de 20 m x 8,50 m (la plus large de Corse) ». Elle est terminée par une abside semi-circulaire encadrée par « deux petites chapelles latérales dont les voûtes reposaient sur un pilastre semi-engagé et sur un pilier aujourd’hui disparus. » (image 9). Au début de notre analyse, nous avions envisagé que cette nef pouvait avoir été, à l'origine, triple. Le cas est relativement fréquent. Cependant le plan de l'image 6 est révélateur. Cette église a été fouillée tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Si cette nef avait été à trois vaisseaux, on pourrait voir les restes des piliers séparant les vaisseaux (de tels restes existent pour l'église précédente). Cette église constitue un cas particulier assez rare. On peut voir sur notre site deux églises comparables très éloignées de la Corse : l'église San Juan de Duero à Soria (Castille et León/Espagne) et celle de Montferrier, dans le département de l'Hérault (Occitanie/France).

Bien que la nef soit datée du XIIe siècle, certaines pièces sculptées ont pu être récupérées du monument antérieur. Ce serait le cas, selon nous, des colonnes du piédroit et du linteaiu de porte de l'image 7. Ce linteau en bâtière (image 8) daterait du premier millénaite (datation estimée : an 800 avec un écart de 150 ans). Il représente l'image classique dérivée des « oiseaux au canthare » : ici, deux lions encadrant l'arbre de vie.

Poursuivons la lecture du site Corse Romane : «  [...] Sous l’édifice des XI e etXII e siècles, des recherches archéologiques effectuées en 1958 ont mis au jour une basilique paléochrétienne datée entre le IV e et le VI e siècle, de dimensions semblables, mais légèrement décalée par rapport à l’église actuelle. [...] Les fouilles ont permis de retracer le plan du premier édifice dont l’abside se situe presque au même endroit que l’abside du XI e siècle. [...] Deux files de six piliers séparaient trois nefs de largeurs inégales. Le sol est formé d’un mortier de tuffeaux qui recouvre de nombreuses tombes peut-être antérieures à la basilique. [...] ». Le plan de l'image 6 a été trouvé sur le site Corse Romane. Il révèle la présence d'« une basilique paléochrétienne datée entre le IV e et le VI e siècle ». Cette église est, en plan, tout à fait semblable (hormis l'abside) à une autre église de Bretagne : Saint-Gunthiern de Locoyarn, située à Hennebont (Morbihan). Une église qui a été précédemment datée - mais pas par nous ! - du XIe siècle. Moralité : si le propriétaire de cette dernière église veut qu'elle soit datée entre le IVe et le VIe siècle, il lui suffit de la détruire et on pourra alors s'émerveiller devant les fouilles de la basilique paléochrétienne de Locoyarn ! Mais laissons là nos plaisanteries douces-amères et regardons de plus près la principale question posée par ces deux églises superposées. Que s'est-il donc passé à cet endroit ? La réponse apparaît simple ! : « Il y avait une première église, mais les envahisseurs barbares sont arrivés et ils ont tout détruit. Plus tard une autre église a été construite ». Cette réponse est beaucoup trop simple. Nous n'y croyons pas. Un envahisseur n'est pas en général un destructeur (sauf dans le cas des places fortes). S'il envahit, c'est pour occuper le terrain et y résider à la place des anciens occupants. Et il n'a aucun intérêt à détruire ce qu'il vient de conquérir, ce qu'il vient d'acquérir de haute lutte. Il y a donc là un mystère. Comment se fait-il qu'une église, semble-t-il en bon état, ait été remplacée par une autre de mêmes dimensions mais différemment orientée ? Nous envisageons qu'il y ait eu là une destruction, non par des barbares, mais par des communautés ayant pratiqué des cultes différents (religions distinctes, hérésies à l'intérieur du catholicisme). Dans le cas présent, une première communauté aurait pratiqué le culte d'un saint donné. Plus tard, une seconde communauté hostile à la première se serait vouée à un autre saint, aurait détruit l'église et, pour montrer sa différence, aurait construit une nouvelle église orientée différemment. Certes, aucun texte ne parle de quelque chose de ce genre. Mais il ne faut pas oublier que ce que l'on sait de l'histoire du premier millénaire est infime par rapport à ce que l'on ne sait pas.

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Datation envisagée pour l'église San Parteo de Mariana à Lucciana : an 1050 avec un écart de 75 ans.

Remarque
: cette datation ne concerne pas les fouilles et le portail Sud plus anciens.