Divers édifices du Cantal susceptibles de dater du Ier millénaire (page 5/5) 

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Les édifices étudiés dans cette page sont : l’église Saint-Beauzire de Trizac, l’église Saint-Maurice-et-Saint-Louis de Vebret, l’église Saint-Georges d'Ydes-Bourg.

À la fin de cette page, nous effectuerons une petite conclusion concernant les églises du Cantal.



L’église Saint-Beauzire de Trizac

Nous avons visité l'église de Trizac en juin 2018 et rédigé la même année une page décrivant cette église sur ce site Internet. Nous avions joint à cette page les images de 1 à 9 que nous avions prises à cette occasion. Voici ce que nous avions écrit :

« Selon un panonceau situé à l’entrée de l’église :« La paroisse de Trizac est une des paroisses primitives de l’Auvergne, sa création remonte à l’époque mérovingienne, Ve-VIIIe siècle). [...] D’après un polyptyque recensant les biens de la Haute-Auvergne de l’abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens auquel appartenait le monastère de Mauriac, Trizac avait, au début du IXe siècle, trois églises dédiées respectivement à Notre-Dame, Saint Jean-Baptiste, et Saint Beauzire. Actuellement subsiste une seule église dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, mais placée sous le vocable de Saint Beauzire. »

Apparemment, aucun document ne vient à l’appui de l’affirmation que la « création (de la paroisse de Trizac)  remonte à l’époque mérovingienne ”. Par contre, il est fortement possible que l’existence, « au début du IXe siècle, (de) trois églises dédiées respectivement à Notre-Dame, Saint Jean-Baptiste, et Saint Beauzire » soit avérée.

Cependant l’affirmation « Actuellement subsiste une seule église dédiée à Notre-Dame de l’Assomption » laisse penser que l’actuelle église est l’une des trois églises mentionnées au début du IXe siècle. Et donc qu’elle date de cette période.

Une telle constatation devrait nous satisfaire. Nous avons tant combattu à de nombreuses reprises l’idée selon laquelle toute église était postérieure à l’an mille, que pour une fois que l’on nous apprend qu’une église est datée du IXe siècle, nous devrions sauter de joie.

Et pourtant nous ne cédons pas à cette tentation. Pourquoi donc ? Parce que, jusqu’à preuve du contraire, rien dans l’architecture de cet édifice ne permet d’envisager une date antérieure à l’an 900 : les piliers sont cruciformes de type R1111. Les arcs reliant les piliers sont simples mais brisés (image 4). Un seul élément pourrait faire envisager que cette église était primitivement charpentée et non voûtée, comme elle l’est actuellement : sur l'image 4, les deux chapiteaux situés de part et d’autre de l’arc brisé et qui portent les arcs doubleaux soutenant la voûte centrale, sont placés en dessous du sommet de l’arc brisé. Et non au-dessus comme c’est le cas pour toutes les églises romanes conçues dès l’origine pour être voûtées.

Si donc cette église était à l’origine charpentée, puis voûtée ultérieurement, il est possible qu’elle soit antérieure à l’an mille. Cependant, nous ne pensons pas qu’on puisse la faire remonter jusqu’au début du IXe siècle : la forme des chapiteaux, l’association chapiteau-tailloir sont pour nous des révélateurs d’une datation plus tardive.

Image 6 : deux personnages assis entourent un vase installé sur une colonne. Au-dessus de ce vase, une main jaillit dans un geste symbolique (3 doigts dressés, 2 doigts retournés). On retrouve l’image symbolique des « oiseaux au canthare » mais ici le symbole est sans doute orienté vers le culte chrétien.

Image 7 : toujours la représentation des « oiseaux au canthare » mais ce sont des chevaux ailés qui encadrent le vase sacré. Le cheval ailé est un symbole à caractère solaire que l’on retrouve chez les celtes (monnaies gauloises) mais aussi chez les grecs et les romains (Pégase, Phaéton).

Image 8 : encore la représentation des « oiseaux au canthare ». Ici ce sont bien des oiseaux.

Image 9 : représentation d’une sirène tenant les deux parties de sa queue. Image que l’on retrouve fréquemment sans qu’on ait encore trouvé d’explication convaincante.


Datation envisagée pour l’église Saint-Beauzire de Trizac : an 1050 avec un écart de plus de 100 ans. »


Nous avons à nouveau visité l'église de Trizac en juin 2024 en compagnie d'Anne-Marie et Alain Le Stang. Les images de 10 à 21 ont été prises lors de cette visite.

Auparavant, revenons à l'image 9 que nous avions insuffisamment commentée auparavant. Depuis nous avons rencontré puis étudié des images semblables. Il s'agit d'une sirène à deux queues. Nous pensons que le nom de « sirène » est un ajout tardif. On aurait attribué ce nom, issu de la mythologie grecque, à une représentation quasi humaine sans rapport avec la figure antique. D'ailleurs, très souvent, c'est un homme qui est représenté. Nous pensons que cette image est un avatar d'une autre représentation : le torse d'homme émergeant des feuillages.

Image 11 : Sur cette vue transversale de la nef, les deux grands arcs brisés font immédiatement penser que cette église a été construite durant la période gothique. Observons cependant de plus près le pilier situé entre les deux arcs. En remontant à partir du bas, l'appareil apparaît régulier et il continue à l'être au-dessus des chapiteaux porteurs des arcs situés de part et d'autre du pilier et ce, sur environ 1 mètre au_dessus de ces chapiteaux. Mais l'appareil n'est plus régulier au-dessus encore. Et il en est de même en ce qui concerne les arcs. Nous envisageons donc qu'il y a eu deux phases de travaux. Au cours de la première phase, les piliers de type R1010 auraient été érigés ainsi que les chapiteaux situés de part et d'autre. Il est probable que ces piliers étaient beaucoup plus hauts qu'à présent. Les chapiteaux devaient, soit porter des arcs en plein cintre, soit des linteaux en bois. Et la nef devait être charpentée. Ultérieurement, la partie au-dessus des chapiteaux inférieurs aurait été supprimée et remplacée par la partie actuelle : arcs brisés, voûte brisée et implantée sur des murs latéraux abaissés.

Image 13 : Chapiteau avec masques et croix pattée hampée.

Image 14 : On retrouve la scène des oiseaux s'abreuvant au canthare (images 7 et 8). En fait, il ne s'agit pas d'oiseaux mais de chevaux ailés (Pégase ? Cheval solaire ?).

Image 15 : Chapiteau à entrelacs et feuillages.


Image 16 : On retrouve la scène de l'image 6. Contrairement à ce que nous avions écrit précédemment, les personnages ne sont pas assis. L'un est à genoux et l'objet situé entre les deux personnages ne serait pas un calice, mais un chapiteau placé sur une colonne.

Image 18 : On retrouve le chapiteau de la sirène à deux queues. On peut voir que l'extrémité de la queue saisie par l'homme s'apparente plus à une feuille qu'à une queue de poisson ou à a un pied humain. Remarquer le décor d'arcades entre les deux têtes humaines.

Image 20 : Chapiteau avec masques et arcades. L'arc du milieu a l'aspect d'une fenêtre à remplage typiquement gothique. On est en droit d'être surpris au vu de l'aspect archaïque de ce chapiteau. Mais le chapiteau est taillé dans le basalte, pierre très difficile à sculpter. Il est donc possible que ce chapiteau date du XIIIe siècle.


Nouvelle datation

À la suite de cette deuxième visite qui a fait apparaître l'existence de plusieurs campagnes de travaux, nous proposons une nouvelle datation pour l’église Saint-Beauzire de Trizac : an 975 avec un écart de plus de 100 ans.



L’église Saint-Maurice-et-Saint-Louis de Vebret

Nous avons visité cette église en juin 2024 en compagnie d'Anne-Marie et Alain Le Stang. Les images de 22 à 30 ont été prises lors de cette visite.

La page du site Internet Wikipédia décrivant le village de Vebret nous apprend ceci :

« L'église Saint-Maurice-et-Saint-Louis est considérée comme un des trésors du patrimoine roman cantalien. Elle est citée dans une charte de Clovis retranscrite au XIIe siècle. L'édifice commencé au XIIe siècle fut souvent remanié, notamment au XVe siècle, par l'adjonction de deux chapelles latérales. Celle de droite est réservée aux châtelains de Couzan : les armoiries des familles de Fontanges et de Vaublanc ornent le vitrail. La façade ouest est en pierres de taille de tuf volcanique. Des restaurations commencées en 1997 ont permis de mettre au jour un décor peint, dont les plus anciens éléments datent de l'époque romane.

Deux éléments caractéristiques sont à relever :

– Le clocher à peigne en forme de pyramide tronquée, percé de trois ouïes abritant les cloches.

– Le Christ monumental, de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle
(image 30). La statue de deux mètres de hauteur sur deux mètres d'envergure, du type “Christ triomphant”, est d'une rigidité imposante. La statue, en bois polychrome, est placée en évidence dans la nef centrale. Elle a fait l'objet d'une exposition très remarquée à Paris en 1992.

L'église et le Christ polychrome sont classés monuments historiques, respectivement en 1930 et 1957.
»


Commentaire sur ce texte

Dans la page précédente, nous avons pris connaissance de l'information suivante sur la « charte de Clovis » : «  L'histoire médiévale de Sauvat est connue grâce à la Charte dite de Clovis, qui date du VIIIe siècle, ou du début du IXe siècle, et qui recense les biens de l'abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens : l'église Saint-Martin de Sauvat y est citée comme appartenant à la réserve de l'abbaye. Elle y est mentionnée en ces termes : In villa Salvat est ecclesia indominicata Sancto Martino dicata”.».

Si la charte en question est bien datée du VIIIe siècle, elle ne peut être attribuée à Clovis qui a vécu plus de 200 ans auparavant.

En admettant que cette charte soit bien datée du VIIIe siècle ou du début du IXe siècle et qu'elle mentionne l'existence d'une église à Vebret, il nous est difficile d'admettre que ce soit l'église actuelle. Ou, dans le cas contraire, cette église aurait subi de telles transformations que les parties anciennes seraient devenues totalement illisibles.

On découvre quelques chapiteaux intéressants :

Image 26 : Chapiteau représentant sur chaque angle un homme aux jambes repliées. C'est un chapiteau d'aspect moderniste : le corps est triangulaire, bras et jambes sont désarticulés, les membres étant de simples bâtons. Nous pensons que le modèle s'inspire de la scène du « torse d'homme émergeant des feuillages ».

Image 27 : Chapiteau d'un style totalement différent du style roman. Est-il du Moyen-Âge ?

Image 28 : Chapiteau à entrelacs.

Image 29 : Chapiteau à entrelacs et volutes.


Datation envisagée pour l’église Saint-Maurice-et-Saint-Louis de Vebret : an 1100 avec un écart de plus de 50 ans.



L’église Saint-Georges d’Ydes-Bourg

Nous avons visité l'église Saint-Georges d’Ydes-Bourg en juin 2018 et rédigé la même année une page décrivant cette église sur ce site Internet. Nous avions joint à cette page les images de 31 à 36 que nous avions prises à cette occasion. Voici ce que nous avions écrit :

« Dès le premier examen des images,  l’église Saint Georges d’Ydes semble hors du cadre de notre étude sue les édifices du premier millénaire. L'image 31 fait apparaître une nef unique prolongée par une abside semi-circulaire unique. Les grandes fenêtres encadrées de fines colonnettes font penser à un édifice des alentours de la deuxième moitié du XIe siècle ou première moitié du XIIe siècle.

Cependant, nous avons choisi de l’étudier à cause de divers éléments sculptés qui le distinguent d’autres monuments.

Tout d’abord, si l’on analyse le portail de l'image 32, on s’aperçoit qu’il y a de part et d’autre de l’entrée, placées perpendiculairement à celles-ci, deux colonnades derrière lesquelles sont situés des bas-reliefs. L'image 33 montre une de ces deux colonnades avec, en arrière, la représentation du prophète Habacuc. En face, on a une représentation de l’Annonciation.

Ce type de construction (rangées de colonnes ou de statues placées perpendiculairement à l’entrée et l ‘encadrant) est fréquent au XIVe ou au XVe siècle. Il l’est beaucoup moins à l’époque romane. Nous ne l’avons rencontré auparavant qu’une fois, à Beaulieu-sur-Dordogne. Compte tenu de la qualité de la réalisation, la sculpture d’Habacuc pourrait dater du XIIe siècle. Il en serait de même pour les deux autres sculptures représentant « Samson dominant le lion » (image 35) et « Daniel et les deux lions » (image 36).

Mais quel est selon nous l’intérêt de présenter ces œuvres qui n’appartiennent pas au premier millénaire ? Nous pensons que certaines de ces images ont traversé les siècles et nous ne comprenons pas pourquoi. Nous cherchons à mettre ces images en relation les unes avec les autres. Nous avions rencontré auparavant « Samson dominant le lion » et « Daniel et les deux lions ». Mais séparément. On les trouve ici réunis en un même lieu. Nous essayons donc de collecter ces images en espérant qu’un jour un commentaire ou un texte nous permettrons de les comprendre.

Datation envisagée pour l’église Saint-Georges d'Ydes : an 1125 avec un écart de 75 ans. »


Nous avons à nouveau visité l'église d'Ydes-Bourg en juin 2024 en compagnie d'Anne-Marie et Alain Le Stang. Les images de 39 à 48 ont été prises lors de cette visite. Les images 37 et 38 sont extraites des galeries d'Internet car, comme pour la fois précédente, nous n'avons pas eu accès à l'intérieur.

La page du site Internet Wikipédia relative à cette église nous apprend ceci :

« Historique

L'église a été construite au XIIe siècle. D'abord commanderie templière, elle passe aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 131
3. [...]

Le porche

La façade occidentale présente un porche très profond voûté en berceau légèrement brisé.
[...]

L'arc qui borde le porche est orné d'une moulure décorée de figures anthropomorphes et zoomorphes.

Au fond du porche, la porte est constituée de deux baies surmontées chacune d'un arc en plein cintre. Le tympan est orné d'une “tête hurlante”, nommée “Salguebrou” (Sauve-toi,….brrr !) ou encore “Salgabri” dans la région. Ce genre de tête, dont le but devait être de chasser les démons et de défendre l'accès de l'église aux mauvais esprits.

Les murs nord et sud du porche abritent deux beaux bas-reliefs figurant l'Annonciation
(image 43) et Habacuc (image 33). »


Commentaires de ce texte

Il nous est difficile de dire si l'église est une création templière ou plus simplement une acquisition templière. Nous ne connaissons pas suffisamment l'ordre du Temple (ainsi d'ailleurs que les autres ordres de chevalerie) pour savoir s'il y a eu création d'un style templier. On s'attendrait à voir des croix templières ou hospitalières mais nous n'en avons pas vues. Les chapiteaux du chevet représentant Samson et le Lion (image 35) et le prophète Daniel et les deux lions (image 36) sont probablement symboliques des relations entre pouvoir temporal et pouvoir spirituel. Dans le premier cas, le lion représenterait la force temporelle au service du Mal. Samson quant à lui serait le chevalier du Bien au service de l’Église. Dans le second cas, le Prophète Daniel représenterait l’Église et les deux lions apprivoisés par Daniel seraient au service du Bien. Mais ce ne sont là que des hypothèses qui ne peuvent prouver une création templière.

Le tympan (image 41) d'une porte située côté Sud (image 40) est quant à lui plus éclairant. Il représenterait Saint Georges (à qui l'église est dédiée). Saint Georges est à cheval. Son cheval foule de ses sabots le dragon. Tout à côté, une femme tient en laisse le dragon. Ce pourrait être la Femme de l'Apocalypse qui maîtrise la Bête. La sculpture date selon nous du XIIIe siècle.


Venons en, à présent, à l'arc qui surmonte la porte, dont il est dit : « L'arc qui borde le porche est orné d'une moulure décorée de figures anthropomorphes et zoomorphes.»

Nous avouons être « passés à côté » de cet arc lors de notre première visite. Nous n'avions pas vu l'intérêt que la moulure pouvait représenter.

Avant de l'étudier, il faudrait revenir (deux pages antérieures) à l'étude de la Basilique Notre-Dame des Miracles de Mauriac. Les images de 8 à 12 de cette page présentent une moulure analogue à celle-ci. Sur l'arc, sont disposés les signes du zodiaque de droite à gauche. Mais aussi, avant le début de la liste (le Bélier) et après la fin (les Poissons), divers animaux probablement en lien avec le zodiaque.

On retrouve donc ces figures du Zodiaque sur l'arc de l'église Saint-Georges, avec le Bélier, suivi (en direction de la gauche) par le Taureau puis les Gémeaux (image 45). La course se termine par le Capricorne, le Verseau et le Poisson (image 46).

Mais ce n'est pas tout, car il semble que la scène continue à se dérouler sur la corniche horizontale située à la base de l 'arc.

Image 44 : un homme à cheval poursuit un loup, lequel loup poursuit deux mammifères marins.

Image 45 : précédant le Bélier, un loup poursuit un cerf.

Images 46 et 47 : un coq et un petit enfant nu s'opposent aux poissons.

Image 48 : une sorte de grosse belette poursuit le coq.

Ces quatre dernières images contiennent des scènes apparemment anodines. Mais les scènes du zodiaque sont aussi apparemment anodines. On pourrait même penser que c'est le produit d'une imagination fertile, œuvre d'un artiste un peu dingue. Mais ce n'est pas le cas. Les représentations du zodiaque ont été reproduites presque à l'identique durant des siècles par une multitude d'artistes ; ces images avaient un sens. En conséquence, nous sommes tenus d'envisager que les scènes de ces 4 images ont eu un sens pour ceux qui les ont sculptées. Nous avons déjà vu la scène de l'homme poursuivant un loup. Celle du loup poursuivant un cerf serait issue de la mythologie celtique pour expliquer le rythme des saisons. Le coq est là pour annoncer la levée du jour. Peut-être y a-t-il un coq pour annoncer l'année solaire ? On raconte par ailleurs qu'il y aurait un petit bonhomme dénommé annus qui représenterait l'année. Ce serait, dans le cas présent, le garçonnet situé devant le coq.

Nous sommes en présence de deux types de représentations. La première est celle du Zodiaque : 12 figures historiées qui sont, si ce n'est identiques entre elles, du moins identifiables pour chacune. Pour le Cantal, nous en avons deux, à Mauriac et à Ydes-Bourg. Mais nous en avons enregistré d'autres sur notre site. Et il y en a beaucoup plus encore car il semblerait que le Zodiaque ne soit présent qu'à partir du XIIe siècle, période que nous n'étudions que dans des circonstances exceptionnelles. On remarque que dans de nombreux cas, le Zodiaque est associé aux Travaux des Mois avec 12 scènes aussi très caractérisées.

Le deuxième type de représentation est constitué par les diverses scènes historiées qui, éventuellement, accompagnent le Zodiaque. À Mauriac et Ydes, ce sont toutes les figures situées sous les signes du Bélier et du Poisson. À la différence du Zodiaque, ces scènes ne sont pas codifiées : on ne retrouve pas les mêmes scènes à Mauriac et Ydes, et probablement ailleurs. Tout se passe comme si on avait laissé libre initiative au sculpteur pour ces scènes-là. Ce qui n'empêche pas qu'elles aient eu un sens perceptible par les spectateurs.

Datation : nous maintenons la datation envisagée auparavant pour l’église Saint-Georges d'Ydes-Bourg : an 1125 avec un écart de 75 ans.



Conclusion en ce qui concerne les églises du Cantal

Il faut tout d’abord remarquer que sur la carte interactive des monuments du Cantal, tous sont affectés d’un drapeau bleu. Ce qui signifie qu’ils auraient été construits dans l’intervalle de temps de l’an 1000 à l’an 1200. Ces dates de l’an 1000 et de l’an 1200 doivent être considérées, non dans un sens strict, mais approché. Il est d’ailleurs extrêmement difficile de fournir une datation. Surtout pour les périodes antérieures à l’an 1200.

Nous sommes toujours étonnés et, pour tout dire, amusés, d’apprendre qu’un monument donné date du « premier quart du XIIesiècle ». Et ce, sans qu’un texte quelconque vienne à l’appui de cette évaluation.

Les spécialistes qui fournissent une telle évaluation sont-ils eux-mêmes capables d’évaluer avec une telle précision leur propre maison d’habitation ? Et, en admettant que, l’ayant eux-mêmes fait construire, ils soient parfaitement au courant de cette construction, quelle peut être la vraie date ? la date de collecte des fonds ? Celle d’achat des terrains ? Du dessin d’architecte ? De la mise en chantier ? De la fin des travaux ? De la pendaison de crémaillère ? Autant de dates différentes qui rendent aléatoire la datation exacte.

En conséquence, il faut mettre un flou sur les dates extrêmes de l’intervalle 1000-1200.

Cela étant, nous constatons que tous les monuments du Cantal que nous avons analysés sont postérieurs à l’an 1000 (avec une certaine marge d’erreur). Ce n’est pas le cas pour d’autres départements. Il y a dans ces départements des églises postérieures à l’an mille, on en trouve d’autres qui lui sont antérieures.

Nous pensons que le Cantal est une zone montagneuse qui a été exploitée tardivement. Ce territoire devait être occupé dès l’époque romaine par des populations pauvres qui ont très peu construit. Plus tard, le territoire aurait été colonisé par des communautés monastiques.

Le texte précédent :  « Trizac avait, au début du IXesiècle, trois églises dédiées respectivement à Notre-Dame, Saint Jean-Baptiste, et Saint Beauzire » est révélateur. Ces trois églises correspondent à ce que nous savons du « groupe cathédral ». Le « groupe cathédral » était un ensemble de plusieurs églises situées à l’intérieur d’un périmètre entourant la cathédrale. Nous pensons que chacune de ces églises était destinée à une communauté particulière. Plus tard, ces églises multiples aurait été remplacées par une seule grande église, la cathédrale. C’est ce qui s’est semble-t-il passé à Trizac. Plusieurs petites églises ont été remplacées par une seule prenant le nom de toutes les anciennes.

Il pourrait en être de même pour d’autres églises comme celles d’Aurillac ou de Mauriac.