Autres monuments de Bavière (page 1/3) 

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Cette page contient la description des monuments suivants : la chapelle Saint-Vitus à Kottingwörth (Beilngries), l'église filiale Saint-Urbain, quartier de Palsweis à Bergkirchen, la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Corbinien de Freising, l'église filiale Saint-Michael de Kleinmehring, à Grossmehring, l'abbaye de Mallersdorf à Mallersdorf-Pfaffenberg.

Nous ne les avons pas visités. Notre étude de ces édifices s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.



La chapelle Saint-Vitus à Kottingwörth (Beilngries)

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

La première église de la colonie de Kottingwörth, qui a probablement été édifiée au IXe siècle, a probablement été construite en bois. Au XIIe siècle, la première église en pierre a été construite, dans laquelle le prince-évêque d'Eichstatt, Otto, a consacré l’autel entre 1183 et 1195. Les restes des murs de cette église ont été conservés dans les deux tours de la façade Sud. La tour Ouest a été construite vers 1250, la tour orientale avec la nef, vers 1310. Le rez-de-chaussée de la tour orientale, aujourd’hui chapelle Vitus, était à l’origine le chœur de l'église à l’Est. La tour Ouest formait l’extrémité de la nef à l’Ouest. Dans la première moitié du XVIe siècle, les deux tours ont été surélevées et pourvues de toits pyramidaux. Au cours de la construction de la nef baroque, les tours ont reçu leurs dômes en oignon actuels. En 1760/1761, le bâtiment de l’église médiévale a été remplacé par un nouveau bâtiment baroque, les deux tours étant incorporées dans une façade à double tour sur le côté Sud de l’église, qui fait maintenant face au Nord. Les plans de la nouvelle église ont été dessinés par le maître d’œuvre Giovanni Domenico Barbieri (1704-1764), originaire de Roveredo dans les Grisons.
  [...] En 1891, lors de travaux de rénovation dans la chapelle Vitus, des peintures murales blanchies à la chaux du XIVe siècle ont été découvertes et redécouvertes jusqu’en 1895.

L’église et le cimetière sont entourés d’un mur, dont certaines parties mesurent jusqu’à quatre mètres de haut,. Ce qui suggère la fonction d’une église fortifiée, qui servait de refuge à la population en temps de guerre. L’entrée est formée par une tour de porte du XVIe siècle avec un toit à pignon
(image 4). [...] »

Bien que l'examen de cette église sorte du cadre que nous nous sommes fixé, le premier millénaire de notre ère, nous avons choisi de l'étudier pour deux raisons. La première de ces raisons est l'existence d'une tour-porche d'entrée de l'enclos paroissial (image 4). Dans le texte ci-dessus, il est dit que cette tour est du XVIe siècle. Nous pensons, sans cependant apporter de preuve, qu 'elle pourrait être antérieure à cette date. Ce pourrait être un portique, c'est-à-dire un bâtiment à l'usage des visiteurs ou, plus encore, à des réfugiés réclamant l'asile.

La deuxième des raisons est liée à l'orientation de l'église dans la direction Sud-Nord. Nous nous sommes posés la question de cette orientation. L'explication nous est donnée dans le texte ci-dessus. On déduit de cette explication que l'église primitive était située au rez-de chaussée et entre les deux tours de la façade Sud. Ce serait donc à cet emplacement que se trouveraient les parties les plus anciennes et non dans la nef (image 5). Malheureusement, hormis l'image de la chapelle Saint-Guy située au rez de chaussée de la tour orientale abritant de belles fresques du XIVe siècle (image 6), nous n'avons pas d'image des autres parties anciennes.

Datation envisagée pour la chapelle Saint-Vitus à Kottingwörth (Beilngries) : an 1100 avec un écart de 200 ans.




L'église filiale Saint-Urbain, quartier de Palsweis à Bergkirchen

Les divers sites Internet qui parlent de cette église la datent principalement du XIIIe siècle. Nous ne sommes pas tout à fait d'accord avec cette datation. Nous l'estimons antérieure d'au moins un siècle. Cette église est décorée d'arcatures lombardes sur presque toute sa surface. Si les arcatures lombardes sont assez rares en Bavière, elles sont nombreuses dans le Sud de la France, la Catalogne et le Nord de l'Italie. Nous estimons qu’elles ont été employées pendant plusieurs siècles, du Xe au XIIe siècle. Dans le cas présent, elles sont absentes sur les murs Nord et Ouest du clocher. En regardant successivement les images 9, 10 et 11, on constate que la frise d'arcatures conserve le même niveau en passant par les mur Nord et Ouest de la nef (image 9), le mur Sud de la nef et le rez-de-chaussée du clocher (image 10) et enfin le rez-de-chaussée du clocher côté Est (image 11). Par contre, les frises d'arcatures sont différentes entre le rez-de-chaussée et les étages supérieurs du clocher. D'où l'idée qu'à l'origine, il n'y avait pas de clocher : on avait une chapelle à nef unique et chevet carré. Ultérieurement, une tour a été construite au-dessus du chevet. On retrouve cette disposition dans des chapelles du Sud de la France estimées peu antérieures à l’an mille.

L'intérieur de la chapelle (image 12) est lui aussi comparable à celui des chapelles du Sud de la France (arc triomphal en plein cintre porté par des impostes).

Datation envisagée pour l'église Saint-Urbain, quartier de Palsweis à Bergkirchen : an 1050 avec un écart de 100 ans.




La cathédrale Sainte-Marie et Saint-Corbinien de Freising

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

Dès 715, la première église Sainte-Marie du diocèse actuel se dressait sur la colline de la cathédrale, fondée comme église épiscopale par Boniface en 739. Vers 860, l’évêque Anno a construit une nouvelle cathédrale à trois nefs, qui a été rénovée après un incendie en 903. La (troisième) cathédrale d’aujourd’hui, un bâtiment à cinq nefs avec une double façade de tour, simple de l’extérieur et de 78 m de long, est d'origine romane et il existe un nouveau bâtiment qui a commencé en 1159, en partie en utilisant des composants anciens, achevé et consacré en 1205. Elle a remplacé l’ancienne église, qui avait été détruite par un incendie dévastateur le 5 avril 1159, le dimanche des Rameaux. La cathédrale a été redessinée plusieurs fois au cours des siècles.

Le plafond plat en bois roman d’origine a été remplacé en 1481-1483 par une voûte gothique, qui existe encore aujourd’hui. Au cours du premier baroque (à partir de 1619), les nervures gothiques ont été enlevées. La rénovation commencée pour le 1000e anniversaire a conduit à la forme rococo richement décorée d’aujourd’hui, en moins d’un an et demi, vers 1724, par les frères Cosmas Damian et Egid Quirin Asam.


Extérieur

Les tours ont été construites en brique et en partie en tuf. La tour Nord, contrairement à la tour Sud, est effilée par deux légers talons, qui résultent de l’élimination des divisions romanes. Son escalier en forme de fuseau est d’origine. Des restes de frises voûtées romanes et de bandes de pilastres ont été trouvés. Ils ont été éliminés en 1724 lorsque les tours ont été peintes.
»


Explication de texte

Concernant les tours, dans la phrase « La tour Nord, contrairement à la tour Sud, est effilée par deux légers talons,... », le mot « talon » désigne probablement le retrait entre deux étages de la tour, retrait identifiable par une corniche qui fait le tour du bâtiment. Les « frises voûtées romanes » et les « bandes de pilastres » sont très probablement des arcatures lombardes qui montrent que cette tour était bien romane.


Datation

Le texte précise que nous sommes en présence d'une nef à 5 vaisseaux. Malheureusement, nous n'avons pas d'image des collatéraux. Ce qui permettrait (peut-être) de vérifier si, à l'origine, la nef était à 3 ou à 5 vaisseaux. La seconde hypothèse serait la plus logique, car dans le vaisseau central de la nef actuelle, on constate l'existence de tribunes (image 17). Bien sûr, l'ensemble apparaît entièrement baroque. Mais nous savons qu'un décor baroque cache très souvent des structures plus anciennes.

De quand date cette église ? D'une part, on nous dit que « Elle a remplacé l’ancienne église, qui avait été détruite par un incendie dévastateur le 5 avril 1159,... ». Mais d'autre part, on apprend que « Le plafond plat en bois roman d’origine a été remplacé en 1481-1483 par une voûte gothique,... ». Nous affirmons que si cette église a été construite après 1159, son vaisseau central n'a pas été recouvert d'un plafond en bois, mais d'une belle voûte de pierre : les maçons bavarois étaient aussi qualifiés que leurs collègues de Bourgogne qui avaient su 50 ans auparavant couvrir de voûtes de pierre des églises comme Cluny ou Vézelay. Mais alors ? Comment expliquer la phrase « Elle a remplacé l’ancienne église, qui avait été détruite par un incendie... » ? Nous pensons qu'elle est fausse : les auteurs ont eu connaissance d'un incendie qui se serait produit le 5 avril 1159. Ils en ont aussitôt déduit que l'église avait été entièrement détruite et qu'on avait dû en construire une autre. En France, chaque année, se produisent 80 000 incendies d'immeubles. Combien d'immeubles sont à ce point endommagés qu'il faut les remplacer ?

Autre observation : si cette église avait été construite après 1159, elle serait dotée d'un transept et, très probablement, d'un chevet à déambulatoire. Ce n'est pas le cas. Bien au contraire ! Il semblerait bien, d'après l'image 16, que le chevet est formé d'absides semi-circulaires situées dans le prolongement des vaisseaux de la nef : plan selon nous typiquement antérieur à l'an mille.

Les cryptes sont souvent considérées comme les parties les plus anciennes d'un édifice. Nous pensons que, pour la plupart d'entre elles, ce n'est pas le cas. Elles auraient été aménagées dans un édifice construit auparavant. Cependant, il arrive aussi très souvent que pour leur construction, les bâtisseurs utilisent des matériaux (colonnes et chapiteaux) en remploi. La crypte que l'on a ici (image 18) en est l'exemple.

Datation envisagée pour la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Corbinien de Freising : an 900 avec un écart de 150 ans.

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L'église filiale Saint-Michael de Kleinmehring, à Grossmehring

La page du site kleinmehring.de nous apprend ceci :

« Kleinmehring est un quartier de Großmehring, qui se trouve entre Ingolstadt et Vohburg, directement sur le Danube. Kleinmehring a probablement été fondée dès 500 ap. J.-C. en tant que colonie bavaroise, mais elle est mentionnée pour la première fois dans un document sous le nom de Möringen seulement en 1007. Au cours des siècles suivants, le nom Zaglhaim est également apparu pour la colonie. Du quartier actuel de Kleinmehring, Großmehring s'est rapidement développé en tant que communauté administrative, de sorte qu'aujourd'hui aucune frontière claire ne peut être tracée entre les deux endroits. [...] »

L'architecture de cet édifice ne semble pas présenter un grand intérêt. D'autant que nous n'avons pas d'image de l'intérieur. On note cependant une particularité. : la tour-clocher n'est pas située, côté Ouest, comme on le rencontre dans de nombreuses églises (dans ce cas le clocher fait office de porche d'entrée de l'église), mais côté Est. C'est-à-dire au-dessus du sanctuaire. Si nous avons choisi d'étudier cette église, c'est à cause de plusieurs sculptures en bas-relief probablement récupérées d'un monument antérieur. En voici la description.

Image 21 : Sculpture en bas-relief de provenance inconnue. Elle est actuellement placée sur le mur Est du clocher (image 20). On y voit à gauche une bête fantastique à groin proéminent (un sanglier ?). Et à droite, un bonhomme nu. Un hermaphrodite ? Il porte un sein, mais son visage est celui d'un homme orné d'une moustache. Il porte une épée à sa main droite et un arc (ou un sceptre ?) à sa main gauche. Entre la bête et le personnage, une sphère qui pourrait symboliser le cosmos.

La figure est énigmatique. Néanmoins elle fait penser à une autre image : Saint Michel terrassant le dragon avec son épée. Et justement, la chapelle est dédiée à Saint Michel. Cependant, on est bien loin de la représentation de Saint Michel.  Mais il faut nous mettre en évidence : l'histoire de Saint Michel et du Dragon n'a pas de contenu biblique. Il a donc bien fallu que cette histoire se crée. Ne serait-il pas possible que la légende de Saint Michel et du dragon ait été créée à partir de croyances religieuses ayant précédé ou accompagné le christianisme ?

Image 23 : Imposte sculptée. C'est l'imposte de l'arc du portail Sud, actuellement muré (portail visible sur l'image 22). Cette imposte porte un décor de damier estimé préroman.

Image 24 : Autre sculpture en bas-relief de provenance inconnue et d'emplacement actuel non déterminé. On y voit deux hybrides, presque identiques, affrontés. Ces hybrides n’ont que deux pattes et une queue de serpent. Entre les deux, un disque représentant un visage humain. Nous n'avons pas trouvé d'explication à cette représentation.

Datation envisagée pour les bas-reliefs de l'église Saint-Michael de Kleinmehring, à Grossmehring : an 900 avec un écart de 150 ans.




L'abbaye de Mallersdorf à Mallersdorf-Pfaffenberg

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

Dès 1109, soit deux ans après la fondation du monastère bénédictin, une première église aurait été consacrée selon une tradition médiévale tardive. Cette soi-disant vieille chapelle, qui était située à l’ouest de l’église actuelle, a été démolie en 1759.

Sur le site de l’église actuelle, un nouveau bâtiment a été érigé dès le XIIe siècle, qui a été consacré en 1177. Il a été substantiellement reconstruit dans le style roman tardif au milieu du XIIIe siècle et re-consacré en 1265. Selon les connaissances actuelles, il s’agissait d’une basilique à trois nefs sans transept. Sa double façade avec le portail Ouest a été largement conservée, et la nef est également susceptible de dater de ce bâtiment. Dans les années 1460 à 1463, le chœur spacieux de style gothique tardif a été construit. Il existe encore aujourd’hui. À partir de 1613, elle a été redessinée à sa forme actuelle en tant qu'église à piliers muraux. Cependant, les galeries latérales d’origine ont été enlevées au XVIIIe siècle. Vers 1670, il a été redécoré dans le style baroque.
À partir de 1740, sous l’abbé Heinrich VI Widmann, il a été redessiné dans le style rococo. »


Commentaires de ce texte


Nous décelons dans ce texte de nombreuses petites erreurs. Ainsi la phrase « Dès 1109, soit deux ans après la fondation du monastère bénédictin, une première église aurait été consacrée... » donne à penser que son auteur estime qu'il ne s'est rien passé avant l'an 1107 (puisque deux ans après, on construit une première église). Nous voyons là une réaction fréquente chez les historiens : si on leur présente un document montrant l'existence d'un monument, alors ce monument existe, si on ne présente pas de document, le monument n'existe pas ! (Je ne sais absolument rien de mes arrière-grands-parents côté paternel. Dois-je en déduire qu'ils n'ont pas existé?). Dans le cas présent, il y a de fortes chances que l'église consacrée en 1109 ne soit pas la première église et que d'autres aient été construites avant. Pourquoi donc ? Parce qu'il y a eu fondation, non pas d'un monastère, mais d'une communauté monastique. C'est-à-dire qu'il y a eu en 1107 formation d'un groupe humain destiné à occuper le lieu, à y manger, à y dormir, à y prier. Et pour que cette communauté puisse vivre en ce lieu, il fallait qu'il y ait une cuisine, un dortoir, une chapelle.

Autre erreur révélée par la phrase : « Sur le site de l’église actuelle, un nouveau bâtiment a été érigé dès le XIIe siècle, qui a été consacré en 1177. Il a été substantiellement reconstruit dans le style roman tardif au milieu du XIIIe siècle et re-consacré en 1265. ». Cette erreur, tout aussi fréquente chez les historiens de l'art du Moyen-Âge, consiste en la croyance qu'une consécration est une inauguration, l'inauguration d'une nouvelle église. Et on a dans la phrase ci-dessus la mise en œuvre de cette croyance. Les historiens qui ont étudié cette église ont lu des documents montrant qu'il y a eu deux consécrations successives, en 1177 et en 1265. Ils en ont déduit qu'en 1177, il y a eu inauguration d'une nouvelle église qui a donc été « érigée dès le XIIe siècle ». Mais il y a eu une autre consécration en 1265. Donc l'inauguration d'une toute nouvelle église, l'ancienne ayant été « reconstruite ... au milieu du XIIIe siècle ». Il faut savoir que l'acte de consécration consiste à déclarer qu'un objet donné (église, crypte, autel, reliquaire, …) est aussi sacré que les reliques qu'il contient. En conséquence, l'acte de consécration peut s'appliquer à beaucoup d'autres objets de vénération qu'une église nouvelle.

Ces erreurs, dues à une lecture superficielle de textes anciens, empêchent les spécialistes de l'art d'analyser en profondeur l'architecture du bâtiment.


Les chapiteaux du portail Ouest (images de 31 à 36)

Nous estimons que ces chapiteaux sont romans. Cela signifie, d'après la définition qui nous est donnée de l'art roman, qu'ils datent du XIe ou XIIe siècle. Ils se situent donc à l'extérieur de la période que nous étudions, le premier millénaire de notre ère. Nous avons cependant choisi de les étudier car l'iconographie du Moyen-Âge est un domaine que nous connaissons mal, principalement à cause de sa complexité : certaines images, comme la scène du Péché Originel, traversent les siècles. D'autres apparaissent subrepticement sans que l'on sache si elles sont profanes ou religieuses, inspirées par un peuple ou un individu, décoratives ou symboliques. L'ignorance dans laquelle nous nous trouvons nous oblige à dépasser le cadre strict du premier millénaire, en espérant trouver ailleurs les réponses aux questions que nous nous posons.

La première de ces questions résulte de l'observation des chapiteaux placés au-dessus des piédroits du portail Ouest, à savoir : ceux de gauche (image 31) et ceux de droite (image 32). Quel est le rapport avec l'église où l'on va rentrer ? Comprenons bien que lorsqu'on aborde un monument public, il y a toujours un signe souvent artistique qui permet de caractériser ce monument. Ainsi, pour une mairie française, il y a l'inscription République Française, Liberté, Égalité, Fraternité. Dans le cas présent, rien de tel ! Ces chapiteaux ne montrent pas qu'on va entrer dans une église. Il y a, bien sûr, d'autres sculptures, comme celle du tympan, qui montrent cela. On note aussi que certains chapiteaux ont été sculptés pour servir seulement de décor. Mais les scènes historiées sont dépourvues de lien apparent avec le culte chrétien. Étudiions certaines d'entre elles.

Image 33 : Deux chapiteaux du porche, côté gauche. Celui de gauche représente un homme accroupi. Il est possible que ce chapiteau s'inspire du chapiteau dit « torse d'homme émergeant de feuillages », vu à plusieurs reprises à Saint-Bénigne de Dijon, et qui, selon nous, pourrait désigner un ancêtre fondateur. Le chapiteau de droite est vu ici pour la première fois. Nous ne comprenons pas cette scène reliant un hybride à tête humaine et un masque.

Image 34 : Chapiteau du porche, côté gauche. C'est l'image du centaure, hybride à corps de quadrupède et torse humain. Une image assez répandue mais, dans le cas présent, profondément modifiée par rapport au modèle original.

Image 35 : Chapiteau du porche, côté gauche. C'est la seule image qui pourrait avoir un contenu chrétien : une Vierge à l'Enfant. Nous voyons cependant une objection : aucune des deux personnes représentées ne porte d'auréole. Mais le bonnet qui entoure leur tête pourrait faire office d'auréole. Remarquons aussi que l'Enfant n'est pas dans les bras de sa Mère, mais dans un cercle qui pourrait représenter le Ciel, un Ciel constellé de petits points : étoiles ?

Image 36 : Chapiteau du porche, côté gauche. Image un peu inattendue d'une femme allaitant. Ses mains sont posées sur les genoux. Nous avons déjà eu l'occasion d'identifier des femmes à longue natte mais cette représentation est plus évocatrice. Cela pourrait être l'image de la déesse-mère ou déesse nourricière.


Datation


Le texte de Wikipédia, ainsi que les images 25 à 30, nous permettent d'envisager que, bien avant le XIIe siècle, il y avait à cet emplacement une église à nef à trois vaisseaux charpentés, dépourvue de transept. Comme il est écrit dans le texte de Wikipédia, probablement inspiré de sources écrites, « À partir de 1613, elle a été redessinée à sa forme actuelle en tant qu'église à piliers muraux. Cependant, les galeries latérales d’origine ont été enlevées au XVIIIe siècle. » ; les collatéraux ont été supprimés au XVIIe ou XVIIIe siècle. Il ne resterait de cette ancienne église que les piliers et arcs qui supportaient le vaisseau central. Très probablement, les piliers de cette basilique ancienne devenus « piliers muraux » sont cachés par le décor baroque. Nous ne pouvons cependant en apporter la preuve. En conséquence, notre évaluation de datation se fera à partir des sculptures du portail Ouest.

Datation envisagée pour les sculptures du portail Ouest de l'abbatiale de Mallersdorf à Mallersdorf-Pfaffenberg : an 1125 avec un écart de 75 ans.