Autres églises du Bade-Würtemberg
Dans cette dernière page consacrée au
Bade-Würtemberg, nous étudions les trois édifices suivants :
la cathédrale
Saint-Étienne de Breisach am Rhein, l'abbatiale
de l'ancien monastère de Maulbronn, la
chapelle Saint-Sylvestre de Überlingen-Goldbach.
Nous n'avons pas visité ces trois églises. Notre étude de
ces édifices s'est inspirée de pages d'Internet (ex :
Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues
d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté
le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
La
cathédrale Saint-Étienne de Breisach am Rhein
La page du site Internet touristique consacrée à cette
église nous apprend ceci :
« Historique
La colline du Münsterberg de Breisach est occupée depuis
fort longtemps. Dès la fin du Hallstatt,
elle est le siège d'un établissement celtique, compté au
rang des résidences princières. Le Münsterberg a fait, au
cours des années 1980, l'objet de fouilles archéologiques
qui ont permis d'affiner la chronologie de l'occupation et
de démontrer son maintien à la Tène ancienne. Plusieurs
nécropoles tumulaires proches confirment l'implantation
humaine au sein de ce territoire à l'âge du fer.
Ce
rocher permet ensuite aux Romains d'y édifier un castrum
en 260 afin de défendre leur frontière sur le Rhin contre
les Alamans. Elle portait alors le nom celtique de
Brisiacus
(de l'anthroponyme gaulois *Brisios, Brisia et du suffixe
acum. Cf.Brizay,Indre-et-Loir, Brisiacum1050) et était
florissante.
Aux XIe et XIIe siècles, la colline
fortifiée puis le village qui s'y érigea étaient le fief
de la principauté épiscopale de Bâle, jusqu'en 1273. »
Nous n'avons pas d'autre renseignement sur cette église qui
a beaucoup souffert de bombardements lors de la seconde
guerre mondiale.
On remarque que la tour située au Nord-Est (à gauche sur l'image 3) est romane.
Sur les images 3 et 4,
apparaît un édifice à plan circulaire greffé sur le
collatéral Nord du transept. S'agit-il d'une abside ? Ou
d'une cage d'escalier en colimaçon ?
Le croisillon Nord du transept est de style roman.
Mais c'est surtout la nef qui a retenu notre attention (images 2 et 3). Le
décrochement que l'on observe sur les toits fait envisager
qu'elle est à plan basilical (nef à trois vaisseaux, le
vaisseau central étant porté par des piliers). Ce plan s'est
imposé dès l'antiquité et a subsisté durant tout le
Moyen-Âge, y compris durant la période gothique. Mais ici
les fenêtres en plein cintre sont romanes.
On devrait normalement observer, de l'intérieur, cette nef à
trois vaisseaux. Malheureusement, les deux images que nous
avons pu avoir (images 5
et 6) sont insuffisamment précises. On note
cependant, à l'extrême gauche sur l'image
5, aux
extrêmes gauche et droite sur l'image
6, la présence de piliers de type R0000
soutenant des arcs en plein cintre à double rouleau. La nef
était à l'origine très probablement charpentée. Elle a été
voûtée postérieurement, à l'époque gothique (XIVe
voire XVe siècle). La nef d'origine, à piliers
rectangulaires et arcs en plein cintre, était donc plus
ancienne. Cependant, le fait que les arcs soient doubles
relativise cette ancienneté.
Datation envisagée
pour la nef d’origine de la cathédrale Saint-Étienne de
Breisach am Rhein : an 1025 avec un écart de 75 ans.
L'abbatiale
de l'ancien monastère de Maulbronn
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
«
Historique
La construction de l’ancienne abbaye cistercienne, née
dans les collines de la région de Stromberg, a commencé en
1147. C’est ici que l'art gothique a été mis en œuvre pour
la première fois dans le monde germanophone. En 1993, le
monastère a été déclaré site du patrimoine mondial de
l’UNESCO.
Les nombreux bâtiments de Maulbronn sont entourés de murs
et de tours médiévales. Les points forts architecturaux
incluent l’église du monastère roman, le cloître gothique
et la fontaine.
Les cisterciens ont traditionnellement travaillé la terre.
C’est pourquoi leurs influences culturelles et
architecturales se sont étendues bien au-delà des murs du
monastère. La campagne environnante était autrefois
parsemée de leurs fermes, appelées granges. Le complexe
monastique de Maulbronn a été remarquablement bien
conservé et est une représentation impressionnante de
l’histoire de la région et du mode de vie des cisterciens.
Après la Réforme, le duc Christophe de Wurtemberg
convertit le complexe en pensionnat...protestant. Parmi
ses élèves, figuraient d’éminents scientifiques et
écrivains, dont Johannes Kepler, Friedrich Hölderlin et
Hermann Hesse. L’école existe toujours, mais s’appelle
aujourd’hui séminaire théologique évangélique.
[...] »
Le texte ci-dessus est dépourvu d’ambiguïté : « La
construction de l’ancienne abbaye cistercienne, ...
, a
commencé en 1147. ». À bon entendeur, salut ! Nous
sommes néanmoins très sceptiques. Il y a plusieurs raisons à
cela.
La première de ces raisons est le manque de précision de la
formule. Nous voulons bien accepter la formule « La
construction de l’église ...
a commencé en telle année ». Mais ici, ce n'est pas
une église, mais une abbaye. C'est-à-dire un ensemble de
bâtiments (abbatiale, cloître, dortoir, réfectoire, salle
capitulaire, cloître, etc.). Autre remarque : le texte ne
nous dit pas comment cela a été trouvé. Or, dans la plupart
des cas que nous avons rencontrés, la date citée n'est pas
celle de la construction d'un bâtiment mais celle de la
fondation d'une communauté. Il est possible que ce soit le
cas ici, les auteurs du texte de Wikipédia ayant déduit que
la date de fondation d'une communauté cistercienne était
celle du début de construction des bâtiments de cette
communauté. Une construction qui a pu s'étaler sur plusieurs
siècles.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'acte de
fondation n'entraîne pas obligatoirement le démarrage des
constructions. Celles-ci peuvent avoir été faites avant.
C'est d’ailleurs ce qui se passe dans la plupart des cas.
L.a fondation est toujours accompagnée d'une installation et
cette installation ne peut se faire que dans des locaux
aménagés auparavant. Mais il y a plus en ce qui concerne les
abbayes cisterciennes. Celles-ci ont été fondées à partir
d'une sorte de révolution opérée au sein des abbayes
clunisiennes dans l'abbaye de Cîteaux. L'expansion
cistercienne s'est faite très rapidement. Si rapidement que
l'on peut douter d'une génération spontanée. Nous pensons
qu'en fait de nombreuses abbayes dites « cisterciennes »
auraient été auparavant des annales clunisiennes qui
auraient adopté les nouvelles règles établies dans l'abbaye
de Cîteaux. Les dates de fondation seraient donc plutôt des
dates de filiation à l'abbaye de Cîteaux. Cette filiation
aurait permis de créer un nouveau dynamisme pour ces
abbayes.
L'image 9 fait
envisager l'existence d'une église à plan basilical. Sur la
même image, le décor d'arcatures lombardes témoigne d'un
style roman … et donc d'une période romane.
Sur les images 11 et 12, on découvre des
voûtes gothiques (du XIVe ou XVe
siècle) . Mais ces voûtes sont accrochées à des murs portés
par des arcs en plein cintre et des piliers de type R1010.
En conséquence, nous estimons que la nef de cette église
était à l'origine charpentée.
On remarque que les arcs sont à double rouleau. Dans le
chapitre « Datation
» de ce site, nous avons essayé de classer les nefs en
tenant compte de l'évolution et des perfectionnements. Après
avoir remarqué que les nefs à piliers de type R1010
étaient plus évoluées que celles à piliers R0000
et moins évoluées que celles à piliers R1110
ou R1111, nous
avons essayé de ranger ces nefs dans une échelle de
datation. Les nefs à piliers de type R1010
dateraient des alentours de l'an mille. Plutôt avant l'an
mille pour les pays du Sud de l'Europe. Il est cependant
possible que pour les pays au Nord de l'Europe, comme
l'Allemagne, la mode consistant à voûter les églises
(caractérisée par les piliers de type R1110
ou R1111)
soit apparue plus tardivement, après l'an mille.
Datation envisagée
pour l'abbatiale du monastère de Maulbronn : an 1025 avec un
écart de 75 ans.
La
chapelle Saint-Sylvestre de Überlingen-Goldbach
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Historique
Début et première
phase d'équipement. La date de construction de la
chapelle n’est pas exactement certaine. Selon la vision
moderne, la chapelle a été donnée vers l’an 840 par un
comte alémanique nommé Alpger (Albgar) et pourvue de
reliques de Marcianus, le premier évêque de Tortona (ville
italienne du Piémont) et martyr chrétien primitif. Le
comte Alpger est probablement un noble de Linzgau, qui fut
d’abord conseiller à la cour de Pépin en Italie et de 810
à Charlemagne, et qui, en 842, fit don d’une grande partie
de ses domaines, qu’il possédait en Italie, au monastère
carolingien de Sant-Ambrogio près de Milan. Walahfried
Stabon (809-849), abbé, diplomate et poète de Reichenau, a
fourni un poème dédicatoire pour la chapelle. Alpger et
Walahfried, qui a également travaillé comme diplomate à la
cour carolingienne, se connaissaient peut-être
personnellement. Les moines du monastère de Reichenau ont
décoré l’intérieur avec un ornement sinueux en perspective
sous le plafond ainsi que l’inscription dédicatoire
Walahfried.
On ne sait pas s’il y avait aussi un cycle d’images avec
des stations de la vie du saint. Au début du Moyen-Âge,
l’église paroissiale condensait le réseau de paroisses sur
la rive orientale du lac d’Überlingen, ainsi que la
paroisse de Saint-Michel (Aufkirch), l’église paroissiale
responsable de d'Überlingen et la paroisse de Seefelden,
qui pourrait avoir été établie dès le VIIe
siècle au cours de la première christianisation par
l’Empire franc. Elles appartenaient au diocèse de
Constance.
Deuxième phase
d'équipement. Les fresques ottoniennes ont été
créées 100 à 150 ans après sa fondation, lorsque la
chapelle a été surélevée de 2,20 mètres et qu’un chœur a
été ajouté ajouté à l’Est. Le donateur de cette
reconstruction peut avoir été le couple noble Winidhere et
Hiltepurg, qui sont représentés sur l'image d’un donateur
au-dessus de l’arche du chœur. Cette extension est datée
du début du Xe siècle (selon l'évaluation la
plus ancienne), à la fin du Xe siècle. L’ajout
a fait place à un cycle généreux de peintures murales
représentant la vie de Jésus. Dans le chœur, un cercle des
douze apôtres est formé sur des bancs avec le Christ au
milieu d’eux. Les fresques ont également été réalisées par
des moines du monastère de Reichenau, peut-être par le
même groupe de peintres qui ont décoré l'église
Saint-Georges. Les peintures murales ont été appliquées
comme une fresque sur une nouvelle couche de plâtre, qui a
complètement recouvert les peintures plus anciennes. En
outre, un certain nombre de fenêtres ont été installées.
Les fenêtres inférieures d’origine ont été murées.
Au cours des siècles
suivants, le bâtiment a changé plusieurs fois. Au
XIVe siècle, le mur Est du chœur a été ouvert
et trois fenêtres et une niche de sacrement ont été
construites dans le mur Nord. À cette époque, la dédicace
a également changé pour Saint Sylvestre. Au XVe
siècle, le porche carré a été fusionné avec la nef, qui a
également reçu des fenêtres avec une ornementation
gothique de vessie de porc, et l’arc du chœur a été
converti en un arc brisé. Cela a été suivi au XVIe
siècle par une fenêtre à entrelacs sur le mur Sud du
chœur, qui lui a donné plus de lumière. Au XVIIe
siècle, l’arc du chœur gothique a été arrondi à nouveau.
Entre le XIVe et le XVIIIe siècle,
l’intérieur de l’église a été peint plus de quatre fois et
partiellement décoré de nouvelles peintures. Le mauvais
état de la plupart des peintures murales est dû à ces
rénovations. »
Nous n'avions pas prévu d'étudier cet édifice. Il nous est
en effet très difficile d'estimer la datation d'un édifice à
nef unique. Cependant, son plan s'apparentait à celui d'un
grand nombre d'édifices du Sud de la France : les églises à
nef unique rectangulaire et à chevet carré. Ces chapelles,
de petites dimensions, étant pour la plupart estimées
antérieures à l'an mille, nous avons envisagé une
correspondance, sans pour autant être assurés de celle-ci.
Après l'avoir sélectionnée, nous avons eu la surprise de
découvrir en lisant la page du site Internet Wikipédia que
cette église pouvait être antérieure à l'an mille.
L'intérêt de cette église se situe principalement dans les
fresques (images 16 à 21).
La page de Wikipédia nous explique que ces fresques ont été
créées 100 ou 150 ans après la construction de la chapelle,
soit au Xe ou XIe siècle. Mais nous
ignorons comment a été déterminée la datation de ces
fresques et quelles sont les fresques concernées par une
datation ancienne. Le texte nous donne quelques indications.
Il y aurait une inscription dédicatoire à l'abbé Walahfried,
qui vivait dans la première moitié du IXe siècle.
Cette inscription permet de dater l'église mais pourquoi ne
daterait-elle pas aussi les fresques estimées postérieures
de 100 à 150 ans ?
Grâce à la reconstitution de l'image
21, nous
pouvons essayer d'estimer cette datation. Remarquons d'abord
les frises horizontales qui encadrent diverses scènes. Ces
frises sont définies comme étant un « ornement
sinueux en perspective sous le plafond ».
La représentation de scènes bibliques encadrées par
d'épaisses frises serait selon nous préromane. On peut voir
des formules analogues dans l'église
Saint-Appolinaire-le-Neuf à Ravenne, ou celle de Castel
Sant'Elia dans le Latium.
Revenons à l'image 21.
Le Christ, identifiable par son nimbe crucifère, y est
représenté dans les scènes bibliques de gauche et de droite.
Mais ces scènes sont difficilement datables. Il n'en est pas
de même pour la scène centrale. Le personnage de gauche
levant le doigt pourrait être le Christ auréolé. Une sorte
de procession lui fait face. En premier plan, deux hommes
portent un mât soutenant une tenture. Celle-ci cache en
partie les deux personnages de second plan, un autre homme
précédant un enfant assis en califourchon sur ce qui semble
être un cheval (de bois? ). Cette scène n'est peut-être pas
tout à fait énigmatique si on tient compte que, dans la
religion romaine, le petit enfant et le cheval étaient
symboliques de mort et de résurrection : la naissance était
réalisée entre deux et cinq ans après la sortie du ventre de
la mère, le cheval était le cheval solaire qui emporte le
soleil dans sa course dans le ciel.
Le même type de fresques apparaît sur les images
17 et 20.
Nous pensons que ces fresques sont plus proches du romain
que du roman. Il ne faut cependant pas oublier qu'il y a eu
une « renaissance carolingienne » qui a pu recopier certains
canons de l'antiquité romaine.
L'analyse est difficile car il y a eu superposition des
fresques. Remarquer sur l'image
18 que l'arc triomphal a été doublé. Une fresque
qui recouvre les deux arcs ne peut-être que postérieure au
plus récent des deux. Un autre type de fresque est visible
sur l'image 19 :
une sorte de feuillage noir à l'imitation d'une ferronnerie.
Datation envisagée
pour la chapelle Saint-Sylvestre de Überlingen-Goldbach : an
850 avec un écart de 100 ans.