L'abbatiale d'Amelungsborn
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Nous n'avons pas visité cette abbatiale. Notre étude de cet
édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia)
et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous
avons en particulier abondamment consulté le site Internet http :
//romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Histoire
En 1124, les moines du monastère cistercien d'Altenkamp,
en Rhénanie du Nord, atteignirent le site qui leur avait
été donné par Siegfried IV, le dernier comte de
Northeim-Boyneburg et de Homburg, pour fonder un nouveau
monastère à l’Ouest de l'actuel Stadtoldendorf.
La “villa Amelungsborn”,
qui porte son nom d’après la source, le “Born”
(fontaine) de l’Amelung, qui peut encore être tracée dans
la zone du monastère aujourd’hui, appartenait aux domaines
héréditaires de la famille princière. Le 5 décembre 1129,
le monastère est confirmé par le pape Honorius II, mais
l’authenticité de ce document est contestée.
Un
acte de fondation n’est plus disponible. L’année la plus
probable de la fondation est 1129, car selon les annuaires
cisterciens, l’abbé et le couvent s’installèrent dans le
monastère le 20 novembre 1135 et six ans s’écoulaient
généralement entre la fondation et l’entrée au couvent.
Avec la fondation du nouveau monastère cistercien
d’Amelungsborn – ainsi que la construction du château
voisin de Homburg –, le comte Siegfried IV de Boyneburg a
poursuivi l’objectif de sécuriser son territoire loin de
son siège ancestral dans le nord de la Hesse.
En
1135, le monastère fut consacré par l'évêque Bernhard I er
de Hildesheim. Comme pour Walkenried et plus tard aussi à
Michaelstein près de Blankenburg, l’occupation a eu lieu à
partir d’Altenkamp, sur le Bas-Rhin, de sorte
qu’Amelungsborn était le monastère petit-enfant de
Morimond et le monastère arrière-petit-enfant de Cïteaux,
le monastère ancestral des cisterciens fondé en 1098. Le
premier abbé du monastère en 1141 était l’abbé Henri I er,
un demi-frère du comte Siegfried IV. »
Commentaires et datation
Nous sommes un peu surpris par ce texte. D'après ce que nous
croyons comprendre, des moines d'Altenkamp auraient été
appelés en 1124 à Amelungsborn afin d'y créer un monastère.
Celui-ci aurait été construit entre 1129 et 1135. Les dates
de 1124 et de 1135 (date de consécration) seraient
authentiques. Celle de 1129 serait déduite de celle de 1135.
Le texte donne ici l'impression que l'abbatiale a été
construite ex nihilo à partir de 1129. Notre surprise vient
de deux constatations. Pour la première d'entre elles, nous
remarquons que le corps de bâtiment de gauche des images
1 et 2 et de droite de l'image
3 est à plan basilical (nef à 3 vaisseaux telle
que le vaisseau central est plus élevé et en décrochement
par rapport aux autres vaisseaux). Le schéma architectural
qui s'en dégage est conforté par l'image
4 de l'intérieur : les vaisseaux sont charpentés.,
le vaisseau central est porté par des piliers rectangulaires
et des colonnes cylindriques disposés en alternance (système
dit lié ou relié). Les arcs reliant les piliers sont
simples. Nous estimons que cette forme d'architecture
d'église est plus proche de la basilique romaine que de la
basilique romane.
La deuxième constatation vient de l'examen des images
5 et 6. Manifestement,
le transept et le chevet n'ont aucun point de comparaison
avec la nef précédente. Ils datent de la période gothique
(XIVe, voire XVe siècle). Or le texte
ci-dessus n'y fait pas allusion, comme si tout avait été
construit entre 1129 et 1135.
Ces deux constatations nous permettent d'exprimer des doutes
sur ce texte. En fait, le doute, nous l'avons déjà formulé
plus généralement au sujet des fondations cisterciennes. Pas
sur les textes qui parlent de ces fondations et des
filiations qui en ont résulté. Mais de l'interprétation
qu'on a pu en faire. Reprenons l'exemple qui nous est donné
ci-dessus : « l’occupation
a eu lieu à partir d’Altenkamp, sur le Bas-Rhin, de sorte
qu’Amelungsborn était le monastère petit-enfant de
Morimond et le monastère arrière-petit-enfant de Cïteaux,
le monastère ancestral des cisterciens fondé en 1098.
». Avec un discours comme celui-ci, on s'attendrait à ce que
le monastère de Citeaux soit plus ancien que Morimond,
lequel devrait être plus ancien qu'Altenkamp, qui serait
aussi plus ancien qu'Amelungsborn. Or il n'en est rien. Dès
que l'on veut étudier de plus près ces monastères
cisterciens (il y en aurait plus d'une centaine), on réalise
l'impossibilité d'établir une chronologie : une abbaye-mère
essentiellement gothique peut avoir une abbaye-fille en
partie romane. L'erreur vient, selon nous, que l'on n'a pas
pris conscience de ce que devait être la filiation. Tous les
spécialistes ont été surpris de la croissance quasi
explosive de l'ordre cistercien, mais l'ont interprétée
comme une sorte de miracle. En fait, le miracle n'a
peut-être pas eu lieu : révolution, mais pas miracle. Une
comparaison peut être effectuée avec l'ordre des maristes.
Au début du XVIIe siècle, en France, l'ordre des
bénédictins déclinait. Une reprise en main s'avérait
nécessaire. Elle est venue de l'abbaye Saint-Maur près de
Paris. L'ordre des mauristes a été créé, et très rapidement,
de nombreux monastères bénédictins se sont affiliés à cet
ordre. En conséquence, de nombreux bâtiments des monastères
de cet ordre datent du XVIIe siècle, mais il en
est d'autres qui sont bien antérieurs au XVIIe
siècle (exemple de l'abbaye de Cluny).
Et il en est peut-être de même pour l'abbaye d'Amelungsborn.
L'arrivée, en 1124, des moines du monastère cistercien
d'Altenkamp, n'a peut-être pas été une prise en main d'un
territoire inculte mais une reprise en main d'une abbaye
tombée en désuétude ou en conflit avec le seigneur local.
Datation
envisagée pour l'abbatiale d'Amelungsborn : an 900
avec un écart de 150 ans.