La collégiale des saints Anastase et Innocent de Bad Gandersheim  

• Allemagne - Autriche - Suisse    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette collégiale. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Vie du couvent : L’abbaye impériale libre et séculier de Gandersheim, ... était une communauté de filles célibataires de familles nobles qui voulaient mener une vie pieuse dans ce couvent. Le terme “séculier” doit être compris comme le contraire de “monastique”, et non comme le contraire de “ecclésiastique” au sens actuel. Les habitants étaient appelés chanoines ou chanoinesses. Elles avaient une propriété privée et ne faisaient pas de vœu perpétuel, de sorte qu’elles pouvaient quitter le monastère à tout moment. Les empereurs ottoniens et saliens séjournaient souvent à Gandersheim avec leur suite. Ce n’était donc en aucun cas une vie contemplative et isolée que menaient les chanoinesses. En plus du mémorial pour la famille fondatrice, l’une des tâches des chanoinesses et donc du monastère était l’éducation et l’éducation des filles nobles. Les étudiantes ne devaient pas nécessairement devenir chanoinesses elles-mêmes.

Histoire : En 852, le couvent de Gandersheim est fondé par le comte Liudolf et son épouse Oda. Liudolf est l’ancêtre des Liudolfinger, de la famille desquels sont issus les rois ottoniens. Selon les rapports du contemporain Agius dans sa Vita Hathumodae et dans le mémorandum de Hildesheim, l’évêque de Hildesheim, Altfrid, un cousin de Liudolf, avait persuadé le couple d’entreprendre un pèlerinage à Rome en 845/846 avec la permission et une lettre de sauf-conduit du roi Louis le Germanique afin d'obtenir la permission du pape Serge II d’établir un couvent de femmes. Là, ils reçurent les reliques des saints papes Anastase et Innocent, qui sont toujours les saints titulaires de l’église collégiale. [...]

En 856, la construction de la collégiale de Gandersheim a commencé, et en 881, l’évêque Wigbert de Hildesheim a pu consacrer l'église aux saints Anastase, Innocent et Jean-Baptiste. Après 29 ans, le couvent a pu emménager dans la nouvelle collégiale.

Dès 877, le monastère a été placé sous la protection de l’empire par le roi Louis le Jeune et a donc reçu une grande indépendance, également du diocèse de Hildesheim, qu’aucun membre des Liudolfinger ne présidait déjà en tant qu’évêque. En 919, le roi Henri I er confirma le caractère impérial du monastère. Ce lien étroit avec l’empire signifiait que le monastère devait accueillir le roi lors de ses voyages à travers l’empire. Diverses visites de rois sont enregistrées.

Le monastère à l’époque ottonienne : La fondation du monastère par l’ancêtre des Liudolfinger (Ottoniens) a conduit à l’importance particulière du monastère au niveau impérial. Jusqu’à la fondation de l'abbaye de Quedlinburg en 936, Gandersheim était le monastère familial ottonien le plus important. La collégiale était l’un des lieux de sépulture de la famille ottonienne.  [...]

Dans la soi-disant “Grande controverse de Gadersheim”, au tournant des Xe et XIe siècles, l'évêque de Hildesheim a revendiqué le monastère, c’est pourquoi les chanoines ont approché l’archevêque de Mayence en raison de l’emplacement sur la frontière floue entre les diocèses de Mayence et de Hildesheim. Cette juridiction a été discutée lors de divers synodes, et ce n’est qu’avec le privilège complet d'exemption du pape Innocent III, le 22 juin 1206, que le monastère a été libéré des prétentions de l’évêque de Hildesheim. Dès lors, les abbesses peuvent s’appeler “princesses impériales”.

Avec la mort du dernier roi salien en 1125, l’importance du monastère déclina et il devint de plus en plus dépendant des souverains. Les Guelfes en particulier ont essayé d’étendre leur influence sur le monastère jusqu’à la dissolution de l’abbaye. Il n’était pas possible pour le monastère d’établir sa propre règle territoriale. [...] »


Commentaires de ce texte

Ce texte se révèle d'un grand intérêt car il remet en question beaucoup d'idées que l'on pouvait se faire sur l'histoire du premier millénaire. L'une d'entre elles concerne les monastères. Nous avons tendance à les comparer à ceux de maintenant : des lieux de prière, de silence, de travail manuel et intellectuel, des lieux où l'on s'efforce de respecter les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Même si on devine qu'il y a là une vision un peu idyllique du monachisme, elle reste un peu ancrée en nous et on s'imagine que c'était pareil dans les temps anciens. On ne peut imaginer que les monastères pouvaient être gardés par des hommes armés, que des frères mineurs pouvaient être considérés comme des esclaves. Dans le cas présent, on découvre qu'il existait des monastères de chanoinesses qui pouvaient disposer de leurs biens. Et il n'est pas difficile d'imaginer que l'argent, qu'on le dépense ou qu'on veuille l'acquérir, est un puissant moteur de désordres et de conflits.

On devine aussi à travers ce texte certaines des raisons ayant conduit à la création de monastères. Il y a bien sûr la volonté noble de créer un lieu de culte. Mais il peut y avoir des raisons moins nobles. Ainsi par exemple le désir d'échapper à la dîme ecclésiastique. Lorsqu'un monastère se trouve à la frontière de deux diocèses comme ici (entre Hildesheim et Mayence), on joue l'un contre l'autre. Une autre raison est le souhait pour les princes d'être enterrés dans une église auprès de vénérables reliques. Divers conciles ont décrété l'interdiction de cette pratique. Mais cette interdiction n'est valable que pour les églises du diocèse. Pas pour des monastères créés par des princes, qui de plus ont l'accord du pape de Rome et qui ont reçu de sa part de vénérables reliques.


Datation

La page du site Internet nous donne cette indication de datation, « En 856, la construction de la collégiale de Gandersheim a commencé, et en 881, l’évêque Wigbert de Hildesheim a pu consacrer l'église aux saints Anastase, Innocent et Jean-Baptiste. », et, fait surprenant, elle ne nous en donne pas d'autre ! Pourquoi surprenant ? Parce que nous sommes à ce point habitués à des phrases du type « Cette église est citée en 852 et en 881... Elle est du XIIe siècle » que nous sommes surpris de découvrir un texte qui accepte l'idée qu'une église, citée en l'an 852, puisse être antérieure à l'an mille.

Cependant notre propre évaluation ne repose pas sur des textes, mais sur l'architecture du bâtiment (images 4, 5 et 6). La nef est à trois vaisseaux. Le vaisseau central est charpenté. Les vaisseaux secondaires sont voûtés mais il semblerait que cette voûte soit d'époque baroque, en stuc. À l'origine, les vaisseaux secondaires devaient être aussi charpentés. Le vaisseau central est porté par des piliers rectangulaires et des colonnes cylindriques disposés en alternance (deux colonnes pour un pilier). Les arcs reliant les piliers sont en plein cintre et à un seul rouleau. Tout cela témoigne d'une grande ancienneté. Des réserves toutefois à cette analyse. Si nous commençons à comprendre l'alternance 1 pilier - 1 colonne par l'utilisation du système dit « lié », nous ne comprenons pas l'alternance 1 pilier - 2 colonnes. Autre réserve : les images que nous avons de cette nef la font apparaître trop « neuve ». Elle aurait subi de profondes restaurations qui la rendent plus belle mais moins lisible.


Datation envisagée pour la collégiale des saints Anastase et Innocent de Bad Gandersheim : an 850 avec un écart de 150 ans.