Autres baptistères de la région de Lombardie
Dans les pages précédentes concernant la
Lombardie, nous avions effectué nos recherches en nous
inspirant de l’excellent ouvrage « Lombardie
Romane » de la collection Zodiaque
écrit par Sandro Chierici. Mais quelques édifices n'ont pas
été cités dans cet ouvrage. Ce sont principalement des
baptistères. Nous en décrivons 8 dans cette page : le
baptistère d'Arcisate, la
canonica di San Salvatore de Barzano, la
cuve baptismale de la Chiesa di San Lorenzo à Chiavenna,
le baptistère
de Domo de Porto Valtravaglia, le
baptistère San Giovanni de Mariano Comense, le
baptistère San Giovanni d'Oggiono, le
baptistère San Giovanni de Varese, l'église
et le baptistère de Velezzo Lomellina. Enfin nous
terminons cette page par un paragraphe intitulé : Conclusions
sur les monuments de Lombardie.
Nous n'avons pas visité les édifices décrits ci-dessous. Les
images sont extraites d'Internet.
Le
baptistère Saint-Jean-Baptiste d'Arcisate
Selon une page d'Internet consacrée à cet édifice : en 1095,
un premier document atteste l’existence de l’église
paroissiale Saint-Victor, de son collège de chanoines et de
son archiprêtre Adam0. La première mention directe est
extraite du Liber Notitiae et datée de 1297 : « Arcizate
ecclesia sancti iohannis baptiste ».
Les images 1 et 2 font
apparaître un baptistère à plan octogonal partiellement
enterré. On peut voir à la base ce qui reste des absides, en
alternance demi-circulaires et rectangulaures. Ce plan
s'apparente à ceux de San Giovanni de Lomello (an 550 avec
un écart de plus de 150 ans) et de San Giovanni Alle Fonti
de Milan (an 400 avec un écart de 75 ans). En conséquence,
la datation envisagée
pour le baptistère d'Arcisate est l'an 525 avec un écart de
125 ans.
L'image 3 fait
apparaître un campanile à arcatures lombardes et l'église
paroissiale, à plan basilical. Aucun renseignement sur cette
dernière : à voir de plus près !
La
canonica di San Salvatore de Barzano
Nous n'avons que peu d'informations sur cette église.
S'agit-il d'un baptistère ? Tout ce que l'on peut dire,
c'est que son chœur est à plan carré. Il est couvert d'une
voûte en coupole portant une belle fresque représentant le
Christ entouré par ses apôtres (image
7 : datation envisagée XIIIe- XIVesiècle).
Le chœur est surélevé par rapport à la nef. Une crypte (image 8) est ménagée
en-dessous. Elle est accessible par deux ouvertures placées
de part et d'autre de l'entrée du chœur (image
5).
Fait extraordinaire, la cuve baptismale n'est pas placée
sous la coupole mais devant l'entrée du chœur. Mais est-ce
vraiment si extraordinaire ? Oui, si on constate que la
plupart des baptistères sont à plan centré, avec, au centre,
la cuve baptismale. Non, si on considère que cette cuve
occupe ici l'emplacement idéal. Le baptême est le rite qui
permet au futur baptisé de passer de la Terre au Ciel. Il
est donc normal que la cuve baptismale se situe à la
jonction des deux, la Terre symbolisée par la nef, le Ciel
symbolisé par le chœur. Nous pensons que cette disposition a
pu être celle de basiliques primitives. Est-ce le cas en ce
qui concerne cette église ? Pourrait-elle être plus ancienne
que la date proposée par la page Internet : fin Xe-début XIesiècle ?
Datation proposée
pour la canonica di San Salvatore de Barzano : an 900 avec
un écart de plus de 100 ans. Mais cette date pourrait être
remise en question par des recherches plus approfondies.
La cuve
baptismale de la Chiesa di San Lorenzo à Chiavenna
Ici, pas de baptistère qui aurait été détruit à la fin des
années 1600, mais une grande cuve baptismale monolithique
cylindrique d'environ 6 mètres de circonférence. Lorsque
nous avons eu connaissance de cette œuvre, à cause de la
présence d'une croix pattée, nous avons envisagé qu'elle
puisse être antérieure à l'an mille. Cependant plusieurs
constatations nous ont persuadé du contraire : une facture
d'apparence romane (personnages aux traits grossiers mais
réalistes), un thème réaliste (scène de procession). La
lecture d'un site Internet a achevé de nous convaincre. : «
L’épigraphe
suivant est gravé sur le bord extérieur de la tasse : “ Anno ab Incarnacione
D(omi)ni N(ost)ri Ih(es)u Xpi
(Christi) Mill(e) C LVI Indicione quatrième cantine Marci
fons iste factus est sub consulibus Clavenabus et
Plurensibus. Bertrame de Solar Giradus Muso Azo Beldon
Petrus Rastel.”. L’inscription s’est poursuivie sur la
partie horizontale de l’huile, dont il reste peu de traces
aujourd’hui : “Girardus de Cό de Pont Ato Mora et Guidon
de Pluri fecerunt” (L’année 1156 de l’Incarnation de
notre Seigneur Jésus-Christ, quatrième indiction, en Mars
cette source a été sculptée, sous les consuls à Chiavenna
et Piuro). Les noms suivants ne sont pas ceux des auteurs
de l’œuvre, mais des promoteurs de la même, étant tous
consuls, à l’exception de Guido di Piuro, le dernier,
peut-être le sculpteur. »
Les sculptures, qui ornent les fonts baptismaux,
représentent la Cérémonie du Samedi Saint au cours de
laquelle l’eau baptismale est bénie et un baptême est
administré. Au centre de la scèn, se trouvent les prêtres
officiants (image 12).
À gauche, on assiste à la procession des laïcs, en
commençant par trois représentants des classes sociales : un
forgeron tapant sur son enclume, un homme dont la tête
dépasse d'un mur crénelé (image
10), un noble à cheval tenant un faucon, puis un
enfant à baptiser dans les bras de son parrain (image
11) et un acolyte portant un Cierge Pascal (image 12). À droite
de la scène, s'avancent en sens inverse les officiants :
l'un porte un ostensoir (image
14), un autre un chandelier et les huiles
saintes, et un autre encore, une croix de procession pattée
et hampée (image 13).
Revenons-en à la croix pattée hampées qui nous a posé
problème au tout début. Nous estimons qu'elle est apparue
vers le VIeou VIIesiècle dans les
représentations de l'Agnus Dei. Et nous ne les voyons pas
dans les représentations romanes (XIe, XIIesiècles).
Sauf ici ! Mais ici, c'est le cas particulier d'une croix de
procession. Il est possible que cette croix de procession
sculptée en 1156 ait été copiée sur une croix utilisée pour
les processions et nettement plus ancienne. On sait, en
effet, que certains objets liturgiques devenus sacrés ont pu
être conservés et utilisés plusieurs siècles après leur
fabrication.
C'est sans doute le cas de la cas de la couverture
d'évangéliaire de l'image
15 : on y voit les symboles des évangélistes, des
émaux champlevés aux effigies de saints ainsi que des
cabochons (datation de cette plaque : XIIIesiècle
?).
Datation envisagée
pour la cuve baptismale de la Chiesa di San Lorenzo à
Chiavenna : an 1156.
Le
baptistère de Domo de Porto Valtravaglia
Le seul renseignement obtenu sur ce baptistère est le
commentaire suivant recueilli sur le site Internet
Tripadvisor : « Devant
l'église de Santa Maria Assunta, ce magnifique baptistère
réalisé au IXe siècle. Il se caractérise par
un plan octogonal qui présente un rare exemple de
décoration à larges arcs suspendus. Trouvé fermé. »
. Nous n'avons pas non plus d'autres images que celles-ci
et, en particulier, nous ne savons quelle est la
justification d'une datation attribuée au IXesiècle,
soit l'an 850 avec un écart de 50 ans. En attendant une
réponse là-dessus, nous proposons une autre datation un peu
plus tardive et beaucoup moins précise. Datation justifiée
par le fait que cette église nous semble plus tardive que
celles possédant une galerie interne située à un étage
supérieur.
Datation envisagée pour
le baptistère de Domo de Porto Valtravaglia : an 900 avec un
écart de 150 ans.
Le
baptistère San Giovanni de Mariano Comense
Le seul renseignement obtenu sur ce baptistère est le
commentaire suivant recueilli sur le site Internet FAI
Fondoambiente : « Situé
sur le côté de l’église Saint-Étienne, le Baptistère est
un monument national depuis 1912. Il s’agit d’une
construction quadrangulaire datant du XIIesiècle,
dont le style roman original est actuellement complètement
modifié en raison des changements effectués au cours des
siècles : dans les années 1600, la porte, à l’origine sur
le côté ouest, a été déplacée vers l’est ; dans les années
1700, une petite porte d'accès au cimetière fut ajoutée.
[...] ». Il s'agit d'un édifice à plan carré avec une
abside semi-circulaire greffée sur chacun des côtés. Cela
donne à l'ensemble de l'édifice un plan en croix ; une croix
parfaitement symétrique ; ce qui est relativement
exceptionnel car d'habitude, à l'entrée, côté Ouest, le plan
est rectangulaire et non semi-circulaire, et parfois, côté
Est, le sanctuaire est plus développé. Les arcatures
lombardes ne couvrent pas tout le sanctuaire. Elles semblent
avoir été posées à une date plus tardive que celle de la
première construction.
À l'intérieur, deux détails nous font envisager une
construction bien antérieure au XIIesiècle (an
1150 avec un écart de 50 ans). D'une part, le fait que la
cuve baptismale soit enterrée. D'autre part, le fait que les
deux chapiteaux des piliers soutenant la coupole semblent
apparentés aux chapiteaux de Saint-Ambroise de Milan
(hypothèse à vérifier, les images étant insuffisamment
précises).
Datation envisagée
pour le baptistère San Giovanni de Mariano Comense : an 850
avec un écart de 150 ans.
Le
baptistère San Giovanni d'Oggiono
Plusieurs sites Internet, écrits en italien, donnent des
informations. Voici les traductions (maladroites) d'extraits
de deux d'entre eux : « Le
Baptistère de San Giovanni Battista est sans aucun doute
le monument de la plus grande valeur historique et
artistique d’Oggiono et représente l’un des exemples les
plus significatifs du roman lombard. Il a probablement été
construit au XIe siècle, remplaçant un
bâtiment antérieur érigé entre le VIIIe et le
IXe siècle. » et « Le
Baptistère de San Giovanni Battista est un témoignage
précieux du roman lombard développé vers l’an 1000.
Construit sur un bâtiment antérieur du VIIIe- IXe siècle, il contient une baignoire
baptismale octogonale du Ve - VIe
siècle, le point d’appui de la première christianisation
du territoire environnant. Sur les murs intérieurs, de
nombreuses fresques du XVIe siècle
représentent des figures de saints. La restauration
commencée en 1932 a donné son aspect original au
baptistère, qui pendant environ deux siècles a servi de
sacristie subissant de nombreuses adaptations. »
Les deux textes sont légèrement différents. Ils donnent
cependant une information identique : le bâtiment actuel
aurait remplacé un bâtiment préexistant. Il faudrait savoir
comment cette information a été fournie ; présence de restes
d'un édifice ancien ? textes d'époque ?
Nous constatons la présence d'arcatures lombardes de
première génération datables des environs de l'an mille.
Mais ces arcatures ont pu avoir été posées sut un mur plus
ancien. Un élément qui nous semble plus probant est le
linteau en bâtière de l'image
24. Nous
l'estimons de peu antérieur à l'an mille.
Datation envisagée
pour le baptistère San Giovanni d'Oggiono : an 950 avec un
écart de 100 ans.
Le
baptistère San Giovanni de Varese
Voici la traduction (par un traducteur automatique) de la
page écrite en italien du site Internet Wikipedia consacrée
à cet édifice : « Le
baptistère se dresse derrière le clocher de la basilique
de San Vittore. Sur cette zone, a d’abord surgi un
bâtiment similaire préexistant, avec un plan hexagonal,
érigé au VIIe- IXesiècle, dont
le bain d’immersion baptismale est préservé. Entre le XII
e et le XIIIe siècle, le bâtiment
médiéval a été remplacé par le bâtiment roman. Au-dessus
du réservoir d’immersion quadrangulaire a été placé une
grande cuve baptismale octogonale et la décoration de
fresque a été exécutée. »
Nous ne pouvons dire grand chose sur cet édifice dont
l'architecture échappe à ce qu'on connaît. Nous ne savons
même pas comment les auteurs de ce texte ont su qu'il
existait « un
bâtiment similaire préexistant, avec un plan hexagonal,
érigé au VIIe- IXesiècle
». Découvertes archéologiques ? Textes d'époque ? Résultat
d'une imagination ?
Datation envisagée
pour le baptistère primitif San Giovanni de Varese (en
fonction de ce qui est écrit sur le site Internet) : an 750
avec un écart de 150 ans.
Datation envisagée
pour le nouveau baptistère de San Giovanni de Varese (en
fonction de ce qui est écrit sur le site Internet) : an 1050
avec un écart de 100 ans.
L'église
et le baptistère de Velezzo Lomellina
Voici la traduction (par un traducteur automatique) de la
page écrite en italien du site Internet
preboggion consacrée à cet édifice : « Probablement
construit sur les vestiges d’un ancien temple païen autour
du XIesiècle, il est de forme cylindrique,
avec portique rectangulaire (structure d’entrée), pierre
et brique d’os de hareng (appareil en arêtes de poisson) ,
et décoré à l’extérieur avec des arcatures lombardes et
des lésènes. Le baptistère de Pieve di Velezzo, dédié à
saint Jean-Baptiste, se dresse sur le côté droit du
complexe architectural de l’une des plus anciennes églises
Pleban (plébéienne ?) de
Lomellina, dédiée à la Nativité de la Sainte Vierge Marie,
peut-être le premier centre chrétien de Lomellina. »
Voici la traduction (par un traducteur automatique) de la
page écrite en italien du site Internet beweb
consacrée à cet édifice : «
La Pieve di Velezzo, dédiée à la Nativité de Marie, est
située dans la campagne de Lomellina, le long de l’Agogna,
probablement le premier centre chrétien de cette terre,
située en dehors de la ville de Lomello, à l’époque l’une
des plus grandes villes de la région, non loin de la route
de la Gaule. Déjà au IXesiècle, elle était
en déclin ; après l'an mille, elle a perdu son autonomie
et est devenue une dépendance de l’église de Lomello :
pour cette raison, elle a été appelé Santa Maria Minore.
L’aspect actuel de la Pieve, est le résultat de nombreuses
refontes, réalisées au fil des siècles, mais qui n’ont pas
complètement effacé sa structure d’origine. [...]
À côté de la Pieve, se trouve le baptistère, probablement
a-t-il été construit avant la Pieve. [...] »
La phrase de ce texte, « après
l'an mille, elle a perdu son autonomie et est devenue une
dépendance de l’église de Lomello : pour cette raison,
elle a été appelé Santa Maria Minore » nous semble
révélatrice d'un phénomène important qui a été négligé.
Durant les premiers siècles de l'ère chrétienne, les évêques
étaient responsables de petites communautés de fidèles à
l'image de nos curés-doyens. Il pouvait y avoir plusieurs
évêques dans une même ville, chacun d'eux étant responsable
de sa communauté. Cette communauté pouvait être une secte,
conséquence d'une hérésie. Mais ce pouvait être aussi un
peuple : autochtone, romain, celte, goth ... Il semblerait
aussi que l'évêque siégeait dans une église dédiée à la
Vierge Marie. Il y avait donc plus d'évêques et de
cathédrales qu'il y en a maintenant. Assez rapidement dans
une ville donnée, un seul évêque s'est imposé mais pour deux
villes proches l'une de l'autre, les évêques de chacune sont
restés. C'est à cause de cela qu'il existe des
con-cathédrales (plusieurs cathédrales pour un seul diocèse)
et ce, plus particulièrement en Italie. Nous pensons que
l'église Sainte Marie Mineure de Velezzo a pu être une de
ces cathédrales, l'autre étant Sainte Marie Majeure de
Lomello.
Concernant le baptistère de Velezzo, la présence d'arcatures
lombardes fait envisager une construction aux alentours de
l'an 1000.
Datation envisagée
pour l'église et le baptistère de Velezzo Lomellina : an
1025 avec un écart de 75 ans.
Conclusions
sur les monuments de Lombardie
Voici les points principaux que nous avons constatés et qui
mériteraient des vérifications :
Différences avec les églises du Latium
La Toscane sépare la Lombardie du Latium. On peut donc dire
que ce sont deux régions séparées l'une de l'autre. Elles
ont donc pu vivre des histoires différentes, exprimer des
cultures différentes. Il semblerait que ce soit le cas dans
le domaine de l’architecture. De nombreuses églises du
Latium ont un plan basilical avec nef à trois vaisseaux. Le
vaisseau central est porté par des piliers cylindriques,
souvent monolithes et avec des chapiteaux antiques ou imités
de l'antique. En ce qui concerne les églises de Lombardie,
c'est nettement différent. Si on trouve quelques églises
analogues à celles du Latium, la plupart en diffèrent
(piliers rectangulaires, chapiteaux d'inspiration barbare).
Un nouveau modèle de nef
Pour un très petit nombre d'églises dans lesquelles le
vaisseau central est très large, nous avons envisagé le
modèle suivant : le vaisseau central était partagé par deux
rangées de colonnes qui devaient servir d'intermédiaires aux
poutres maîtresses des charpentes du toit (Il s'agit là
d'une hypothèse qui doit être vérifiée).
Beaucoup de baptistères
Cela a été pour nous une grosse surprise. En effet, il y a
en France peu de baptistères. On a identifié en Lombardie
plus de baptistères qu'en France. Et en France, ces
baptistères sont surtout présents en Provence, ancienne
province romaine.
Cependant, l'étude globale de ces baptistères reste encore à
faire. Certains d'entre eux ont un plan analogue à celui des
édifices circulaires ou polygonaux à galerie d'étage,
édifices que nous avons appelés «parlements», d'autres ont
un plan circulaire ou polygonal mais sans galerie d'étage,
d'autres ont un plan en croix. Il faut organiser tout cela.
Nous pensons qu'il y a eu plusieurs étapes dans la
construction de ces baptistères. Et au cours de chaque
étape, un modèle particulier. Si ailleurs qu'en Italie la
construction ou la restauration d'édifices à plan centré a
cessé bien avant l'an mille, en Italie, elle a perduré bien
après cette date. Pour quelles raisons ? Nous l'ignorons.