La basilique San Fedele de Côme
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images ci-après proviennent d'Internet.
Elle a fait l'objet d'une description détaillée écrite par
Sandro Chierici dans l'ouvrage « Lombardie
Romane » de la collection Zodiaque.
En voici des extraits :
« Un document de mars
865, perdu aujourd'hui mais transcrit par Tatti, décrit un
jugement solennel rendu dans l'atrium de l'église
Sainte-Euphémie : c'est le premier document officiel à
citer l'église du Haut Moyen-Âge qui précéda l'actuel
Saint-Fidèle.
Cette première église
remontait probablement à l'époque de l'évêque Agrippin et
de la reine Théodelinde (VIIesiècle) et son
titre a dû être choisi à la suite des événements qui
marquèrent le schisme des Trois Chapitres. C'est à
Chalcédoine, en effet, de la basilique de ce nom, que le 5
février 552, le pape Virgile avait envoyé l'encyclique
dans laquelle il dénonçait les violences exercées sur lui
par l'empereur Justinien pour l'obliger à condamner les
trois derniers chapitres de ce concile. La dédicace des
églises à sainte Euphémie qui suivit prit l'allure d'un
manifeste : nombre de cités marquaient par leur
attachement au pontife et l'assuraient de leur soutien
dans sa lutte contre l'empereur.
[...] Le document cité
mentionne expressément la présence d'un atrium ; par la
suite, on parle d'un porticum, jusqu'à ce que celui-ci
disparaisse dans les documents postérieurs à 1167 ; le
terme reste cependant une sorte de nom de lieu dans le cas
du baptistère de “San Giovanni in atrio” et de la chapelle
de “San Pietro in atrio”, aujourd'hui tous deux absorbés
dans le développement des tissus urbains autour de la
basilique. Selon toute probabilité, cet atrium désignait
la place, située devant l'église, dans laquelle se
trouvait un portique adossé à sa façade. [...] La tradition fait remonter à
964 le transfert depuis Summaloco (Chiavenna) jusqu'à
Côme, des reliques de Saint Fidèle ; [...] dans la cité, on les aurait
installées dans l'église Sainte-Euphémie, qui prit alors
le nom du saint martyr Fidèle, mis à mort en 298 pendant
les persécutions ordonnées par Dioclétien. [...] »
Plusieurs points sont à relever
concernant le texte précédent de Monsieur Chierici. Lorsque,
par exemple, il déclare, « la
tradition fait remonter à 964 le [...] », on a
tendance à minimiser l'information : ce qui relève de la
tradition ou de la légende est sujet à caution et, pour de
nombreux esprits, l'information ne peut être que douteuse et
donc à écarter. Pourtant, dans cette phrase, le nombre
précis qu'est 964 rend l'information plus crédible. Une
légende commence invariablement par la phrase «
Il était une fois [...] » et ne mentionne pas de
date précise. Dans le cas présent, il est fort possible que
la « tradition »
dont parle M. Chierici soit la connaissance d'un texte
rédigé en 964, perdu aujourd'hui, mais qui, à la différence
du « document de mars 865 »
, n'aurait pas été « transcrit
par Tatti ».
Nous sommes très réservés en ce qui concerne la phrase : « Cette première église
remontait probablement à l'époque de l'évêque Agrippin et
de la reine Théodelinde
(VIIesiècle) et son titre a dû être choisi à
la suite des événements qui marquèrent le schisme des
Trois Chapitres. C'est à Chalcédoine, en effet, de la
basilique de ce nom, que le 5 février 552 le pape Virgile
[...] » . Non sur l'hypothèse qui est plausible, mais sur
l'adverbe « probablement »
que nous remplacerions par « possiblement ».
Le mot
« probablement »
est, pour nous, attaché à un fort indice de possibilité
(supérieur à 8 sur 10) qui ne convient pas dans ce cas-là.
Il existe de multiples raisons permettant de justifier la
dédicace d'une église. Comme, par exemple, le transfert de
reliques. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé lorsque
l'église, auparavant consacrée à Sainte Euphémie, l'a été à
Saint Fidéle.
Monsieur Chierici et, sans doute avant lui d'autres
experts, n'ont pas vu l'originalité du plan de cet édifice (image 1) dont les
collatéraux apparaissent arrondis. Quant à nous, nous le
rangeons parmi les EQNEP (Édifice qui n'existe pas). Il
s'agit là, bien sûr, d'une boutade : cet édifice existe bien
(mais on préfère EQNEP), mais son plan ne correspond à aucun
des plans que nous avons identifiés. Le problème que nous
associons aux EQNEP est celui de leur existence. Comment
est-il possible que quelque chose existe alors que cette
chose n'aurait pas dû exister ? Nous pensons que cette
question doit être posée à chaque fois que l'on rencontre un
EQNEP. Quitte à ne pas trouver de réponse ou à émettre une
réponse erronée.
Dans le cas présent, nous pensons qu'à l'origine, l'édifice
était à plan centré, à au moins deux étages, avec un noyau
central soutenu par 16 piliers de section polygonale. Nous
avons représenté ce plan (ou plus exactement son ébauche) en
bleu sur l'image
11. Certains
piliers (en bleu)
subsistent. D'autres ont disparu (en
vert).
Nous pensons aussi que cet édifice, initialement à
destination civile (parlement ?), a été par la suite doté
d'un sanctuaire côté Ouest. Il est possible que ce
sanctuaire ait été construit en même temps que la rotonde (image 12), mais
nous n'y croyons pas trop : la colonnade du sanctuaire (image 7) est
différente, apparemment plus récente que celle de la rotonde
(image 10). Remarque
: au dessus du déambulatoire de la rotonde, il existait une
galerie supérieure, comparable à celle du sanctuaire, qui a
été occultée par des travaux de consolidation.
Si cette hypothèse d'un bâtiment originel à plan circulaire
était vérifiée, alors une autre question pourrait être aussi
éventuellement résolue : celle de l'atrium. Monsieur
Chierici parle en effet d'un atrium qu'il situe devant
l'église. Mais il ne semble pas y avoir de trace de cet
atrium. Pas plus d'ailleurs que du « baptistère
de “San Giovanni in atrio” et de la chapelle de “San
Pietro in atrio”, aujourd'hui tous deux absorbés dans le
développement des tissus urbains autour de la basilique.
». Notre idée serait que cet «atrium»
pourrait avoir été le nom donné à cette rotonde. Il ne
serait pas surprenant si, actuellement encore, à l'intérieur
de l'église Saint-Fidèle, il y ait deux chapelles, l'une
consacrée à Saint Jean, réservée aux baptêmes, et une autre
consacrée à Saint Pierre.
Autre remarque concernant le nom de «portique».
Nous pensons que certains ouvrages Ouest d'églises ont pu
servir de portiques. Comme nos ambassades actuelles, les
portiques disposaient du privilège d'extraterritorialité.
Voir sur notre site cette page intitulée Le
portique.
Il est possible que l'ouvrage Ouest de la basilique
Saint-Fidèle ait été un de ces portiques.
En bas et à l'extrême droite de l'image 4,
on peut voir une partie du portail Nord-Est. Celui-ci
est détaillé sur l'image 5. Seuls les piédroits
sont d'époque romane. On y voit, à gauche et à droite, des
lions ou des hybrides pris dans des entrelacs de feuillages.
La partie la plus intéressante est à l'extrême gauche. On y
voit un ange confiant des vivres au prophète Habacuc pour
qu'il les donne à Daniel représenté en dessous, sous une
arcade, encadré par deux lions. Nous pensons que la figure
d'un homme entre deux monstres est présente dès le Haut
Moyen-Âge. Mais l'interprétation qui lui est donnée (Daniel
entre deux lions alimenté par un ange) serait nettement plus
tardive : XIIesiècle.
L'hypothèse que nous venons d'émettre sur l'origine de San
Fedele doit être soumise à vérification : le plan de l'image 11 se révèle
très insuffisant ; il faut une étude beaucoup plus précise.
Nous pouvons cependant envisager une datation des divers
éléments :
Datation envisagée
pour la rotonde initiale (atrium)
de la basilique San Fedele de Côme : an 500 avec un écart de
200 ans.
Datation envisagée
pour le chevet (appelé basilique
Sainte-Euphémie) de la basilique San Fedele de Côme
: an 650 avec un écart de 200 ans.
Datation envisagée
pour l'ouvrage Ouest (appelé portique)
de la basilique San Fedele de Côme : an 850 avec un écart de
150 ans.