La basilique Saint-Vital de Ravenne 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après sont extraites d'Internet.

La page du site Internet Wikipedia consacrée à cet édifice nous apprend ceci :

« Histoire : La légende rapporte que l'édifice aurait été érigé sur les lieux du martyre de saint Vital. Cependant, il n'est pas certain qu'il s'agisse de saint Vital de Milan ou d'un autre saint Vital dont les reliques ont été découvertes en même temps que celles de saint Agricola par saint Ambroise en 393, à Bologne.

Sa construction est commencée par l'évêque Ecclesius en 526,, et terminée en 547 par le vingt-septième évêque de Ravenne, Maximien, pendant la période de l'exarchat. L'édifice combine des éléments architecturaux romains (le dôme, la forme des portails, les tours) avec des éléments byzantins (l'abside polygonale, les chapiteaux, la construction en briquettes, etc.). L'église est d'une importance majeure, car elle est la seule à dater de la période justinienne, et à n'avoir pratiquement subi aucune transformation jusqu'à nos jours.

Sa construction a été financée par un banquier grec, Julien l'Argentier, dont on sait très peu de choses, si ce n'est qu'il finança également la construction de la basilique Saint-Apollinaire in Classe vers la même époque. Le véritable bienfaiteur peut aussi avoir été l'empereur byzantin lui-même, qui considérait la fondation d'églises comme un outil de propagande et comme une façon de renforcer les liens de certains territoires avec l'empire. »


Continuons notre lecture de la page de Wikipedia :

« Description : Plan de l'édifice (images 1, 2, 3, 6 ; plan en image 4). Le plan de l'édifice passe parfois pour avoir été inspiré par celui de l'Anastasis, l'église de la Résurrection que Constantin I er a fait construire à Jérusalem sur le site du Saint-Sépulchre (et qui a été détruite par les Perses en 614). Plus probablement, le plan s'inspire de celui de la première église San Lorenzo de Milan , monumental édifice de plan centré construit dans la seconde moitié du IVe siècle, dans une ville qui était devenue la capitale de facto de l'Empire Romain. Mais la dette la plus importante est à chercher à Constantinople dans l'église des Saints-Serge-et-Bacchus, mise en chantier dans les mêmes années, qui présente un plan, une élévation et un système de couvrement très proches. Saint-Vital témoigne du rayonnement de l'art constantinopolitain à Ravenne, avant même la prise de Ravenne par les Byzantins (540). La place importante que Saint-Vital occupe dans l'histoire de l'architecture tient aussi au fait que l'édifice a été pris comme modèle pour la chapelle palatine de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, construite de 790 à 805, autour du couronnement impérial de 800. »

Commentaires sur ce texte : Nous ne sommes pas certains que les constructeurs de la chapelle d'Aix-la-Chapelle se soient inspirés de l'église Saint-Vital de Ravenne.

En fait, plus nos recherches avancent, plus nous découvrons des édifices semblables à celui-ci. Lire en particulier la page de ce site intitulée « Les nefs à étage, à plan circulaire ou polygonal », ainsi que la page « Étude statistique sur les nefs à plan centré » qui permet de les localiser (actuellement 14 monuments mais leur nombre est estimé à plus d'une vingtaine).


« Mosaïques

Seule une partie de l'église a conservé son décor original, la chapelle absidale, mais cette partie du monument est mondialement connue et tire l'essentiel de sa renommée de ses somptueuses mosaïques, de facture byzantine primitive de la période justinienne (VIe siècle). Ravenne possède d'ailleurs l'ensemble de mosaïques conservées datant de cette période le plus impressionnant de tout le domaine byzantin, celles de la capitale Constantinople ayant beaucoup souffert de la crise iconoclaste, les mosaïques de Ravenne nous donnent une idée sur la somptuosité du style qui prévalait dans la première période de l'art byzantin.


Les mosaïques présentent de nombreux et importants détails, ainsi que l'ornement. Le fond d'or, caractéristique de l'art byzantin, dématérialise les scènes et les sort d'un contexte historique. Cependant, la simplification des formes permet la lisibilité de la scène.

Arc triomphal : Un arc triomphal sépare la chapelle de la partie centrale du bâtiment ; il est orné de quinze médaillons figurant le Christ, les douze Apôtres dont Paul
(image 22), et les deux fils de saint Vital, Gervais (image 20) et Protais . La figure du Christ a subi une restauration à l’époque moderne si bien que les restaurateurs n'ont pas réussi à déterminer si à l'origine le Christ était représenté barbu ou s'il avait été représenté jeune et imberbe. L'arc triomphal marque l'entrée dans la chapelle.


Chapelle : Le programme iconographique de la partie antérieure de la chapelle fait un large appel à des scènes de l'Ancien Testament qui se réfèrent au sacrifice divin (les sacrifices d'Abel, d'Isaac fils d'Abraham, de Melchisédech symbolisant le sacrifice parfait, préfigurant celui du Christ représenté par l'Agneau), et à la présence effective et réelle de Dieu (dans le Buisson Ardent, au Mont Sinaï ou par les Trois Anges, symboles de la Trinité).

Voûte : La voûte du sanctuaire (images 8 et 9) est divisée en quatre secteurs, séparés par de larges frises de feuillage avec des fruits, des oiseaux, des petits animaux, un paon à la jonction avec les piliers. Ces guirlandes se rejoignent au niveau du médaillon central, porté par quatre anges, où se trouve l'Agneau Mystique. Chaque secteur est couvert d'un semis de feuilles d'acanthe rehaussées d'or, enserrant entre leurs courbes tout un monde d'oiseaux et d'animaux divers (image 26). »


Poursuivons notre lecture de la page Internet :

« Arcatures : La chapelle est séparée du déambulatoire, de chaque côté, par une triple arcature décorée de panneaux représentant des scènes de l'Ancien Testament :

à gauche, Abraham, recevant la visite des Trois Anges, (symbole de la Trinité) et le sacrifice qu'il s'apprête à faire de son fils Isaac (image 13) ; au-dessus à droite, Moïse sur le Mont Sinaï (image 17).

à droite, les sacrifices d'Abel et de Melchisédech ; Moïse devant le Buisson Ardent ; des figures d'anges, les prophètes Isaïe et Jérémie, les quatre évangélistes accompagnés de leurs symboles complètent la décoration de cette partie (image 16).

Le fond de la chapelle est consacré au Christ, qui a la première place, devant le couple impérial.

Panneaux latéraux de l'abside : Deux grands panneaux muraux latéraux, disposés face à face, cantonnent la mosaïque de l'abside ; ils portent les mosaïques les plus célèbres, probablement, de tout l'art byzantin. Il s'agit des cortèges présidés par le couple impérial, l'empereur Justinien et son épouse Théodora.


Le premier cortège est dirigé par Justinien, portant les attributs impériaux ainsi qu'une tunique et des chaussures de pourpre, un diadème et un bijou précieux fixant sa chlamyde. Il offre une patène d'or au Christ, et est suivi de l'évêque Maximien et de sa garde impériale, dont les boucliers sont ornés d'un chrisme. Sa démarche symbolise le rétablissement de la communion et le chrisme rappelle le souvenir de Constantin (image 14). De l'autre côté, Théodora et sa suite de dames de compagnie et de chambellans, offrent un calice au Christ. L'impératrice est magnifiée par une niche décorative, et s'apprête à franchir une porte qui la mène vers le Christ. Elle porte de riches bijoux, et au bas de son manteau, apparaissent les Rois mages offrant des cadeaux au Christ. Les détails sont riches et ornés, les bordures rehaussées de gemmes et de perles (image 15). »

Commentaire sur cette partie de texte : Nous n’avons pas vu la scène représentant les évangélistes accompagnés de leurs symboles. Nous ne connaissons pas les textes associant les quatre Évangélistes aux quatre Vivants de l'Apocalypse, eux-mêmes issus de la vision d’Ézéchiel, mais nous pensons que cette association est relativement tardive, postérieure au VIesiècle censé être la date de pose de ces mosaïques.


« Abside (images 5 et 7) : Le décor de mosaïques culmine dans le cul-de-four de l'abside. Trônant sur un globe terrestre, le Christ en gloire, juvénile et vêtu de pourpre, est entouré de deux anges et de saint Vital, à qui il tend la couronne du martyre, et de l'évêque Ecclésius qui lui fait don de la maquette de la basilique. Le visage du Christ est entouré d'un nimbe crucifère. Ces cinq personnages apparaissent sur un fond d'or et ont à leurs pieds un décor champêtre stylisé où coulent les fleuves célestes.(images 10 et 11). »

Commentaire sur cette partie de texte : La maquette présentée par l'évêque Ecclésius devrait être la reproduction exacte de l'église Saint Vital. En effet le texte de Wikipedia ne nous dit pas que cette église a subi des transformations au cours du temps. Or une simple comparaison entre cette maquette et les images 1, 2, et 3 fait apparaître des différences notables : un étage de fenêtres au lieu de deux actuellement au déambulatoire du rez-de-chaussée, absence du chevet contenant l'abside et ses deux annexes. Gros problème! La mosaïque sur laquelle est représentée la maquette est située au cul-de-four de l'abside ... une abside qui n'est pas reproduite sur la maquette! Notre hypothèse : le chevet et, peut-être, le premier étage du déambulatoire, sont le résultat d'un réaménagement ultérieur. La maquette serait là pour rappeler la forme de l'édifice initial construit par Ecclesius. Peut-être pour montrer que l’œuvre de réfection s'inscrivait dans la continuité de l'engagement fondateur.

« Pavement et chapiteaux : La somptueuse décoration de la chapelle est complétée par un pavement géométrique au décor complexe et par des panneaux muraux en marbre polychrome, mais aussi quelques mosaïques de sols (image 27). Les colonnes de marbre de couleur (image 19) sont surmontées de chapiteaux de marbre blanc très ouvragés de style byzantin caractéristique : leur forme est celle d'un tronc de pyramide inversé, aux arêtes curvilignes, ils sont sculptés de délicats rinceaux végétaux en reliefs répartis de façon assez homogène sur les faces (images 24 et 25). Le niveau inférieur de la basilique est décoré de placages de marbre disposés en « livre
ouvert  », une méthode très utilisée par les byzantins (image 21). »


Quelques observations supplémentaires

Images 13 et 16 : Sur le sommet de l'arc, une croix est élevée au ciel par deux anges. Ce type de croix « à pendeloques » est très caractéristique et pourrait sans doute constituer un marqueur de datation. C'est une croix gemmée aux branches droites comme une croix latine, mais évasée aux extrémités comme une croix pattée. Elle s'apparente aux croix d'Oviedo datées du IXesiècle (mais la datation de ces croix est peut-être conjoncturelle, ces croix étant associées à la Reconquista). Nous pensons que ce type de croix à pendeloques est nettement postérieur a celui de la croix pattée. Nous les datons de l'an 700 avec un écart de 150 ans.

Image 18 : Paons dans un décor de feuillages.

Image 20 : Entre les portraits de saints, des images de dauphins entrelacés, d'oiseaux au canthare,  d'une croix gemmée.

Image 21 : Trône épiscopal sur lequel est sculptée une croix pattée (IVe ou Ve siècle).

Image 22 : Dauphins entrelacés.

Image 23 : Oiseaux au canthare. On reconnaît aussi l'arbre de vie sous la forme de pampres de vigne.

Image 25 : Et encore des oiseaux au canthare.

Image 26 : Image du centre de la coupole. Cette composition est de style baroque (sans pour autant appartenir à la période baroque). Le style baroque est caractérisé par une profusion de détails. L'examen approfondi permet de constater que les rinceaux de feuillages sont « habités » par des personnages, des animaux, des objets symboliques. Le point le plus important est pour nous la figure de « l'Agneau Mystique » au centre de la composition. Car si la tête est celle d'un agneau, le corps semble être celui d'un cheval. Si c'est bien le cas, on ne doit pas attribuer cela à une maladresse de l'artiste, mais à une volonté délibérée d'associer l'Agneau Mystique au Cheval des religions celtiques, grecques ou romaines.

Image 27 : Le pavement présente une décoration originale à partir d'entrelacs et d'un motif que nous avons appelé « fleur de lys ». Motif purement décoratif ? Ou à caractère symbolique ?


Datation envisagée pour la basilique Saint-Vital de Ravenne :

Nous pensons qu'il y a eu deux étapes dans la construction de ce monument.

Édifice primitif : an 550 avec un écart de 150 ans.

Ajout du chevet et réaménagement des parties hautes de l'édifice (dont la coupole centrale) : an 700 avec un écart de 150 ans.