La piève San Giovanni in Campagna de Bovolone : église et baptistère  

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Dans cette page, nous étudions les deux monuments suivants : l'église de la piève San Giovanni in Campagna de Bovolone et le baptistère San Giovanni de Bovolone.



L'église de la piève San Giovanni in Campagna de Bovolone

Nous n'avons pas visité cette église. Les images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Description de l’ensemble architectural

L’ensemble se compose d’une église préromane avec trois absides extérieures et un clocher, d’une maison du XVIIIe siècle et d’un baptistère octogonal dans lequel les fonts baptismaux pour les baptêmes par immersion, situés au centre de l’édifice, ont été retrouvés lors des fouilles.

Histoire

L’église paroissiale est mentionnée comme existant dans un document de 812. La présence d’un baptistère et la dédicace à saint Jean-Baptiste confirmeraient son importance : le centre religieux devait desservir les villages de Concamaris Salizole, Bionde di Visegna, ainsi que celui de Bovolone.


L’église paroissiale de SanGiovanni a probablement été détruite lors du tremblement de terre de 1117, mais elle a été construite plus tard, en partie grâce à la réutilisation des matériaux de construction subsistants. L’église avait trois nefs, chacune se terminant par une abside. En 1454, elle devait être dans un mauvais état de conservation.

En 1525, le curé de la paroisse de l’époque, Don Lucido dal Borgo, obtint du pape Clément VII l’autorisation d’accorder l’église paroissiale et le baptistère à Giovanni da Legnano, aux frères mineurs franciscains, avec l’obligation de restauration. La toiture de l’église a été refaite, l’arc principal de la nef et l’abside gauche ont été reconstruits, le clocher a été reconstruit et une nouvelle entrée a été créée pour le baptistère qui a également été recouvert à nouveau. Cette intervention a permis d’officier dans l’église jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
»


Nos propres observations

Concernant la piève San Giovanni in Campagna (images de 1 à 4)

C’est en étudiant les édifices de Toscane que nous avons appris à connaître l’importance des pièves. Nous avons en effet remarqué que le mot « piève » pouvait prendre plusieurs significations : à la fois unité territoriale correspondant à nos cantons français (ceux-ci ont une superficie voisine de 220 km², soit un carré de 15 km de côté), un groupe d’églises de ce secteur géographique, et l’église-mère de ces églises. Pour la France, le mot « piève » pourrait correspondre à « doyenné » mais l’expression de
« doyenné » est, semble-t-il, moins forte que celle de « piève ». Les pièves ont certaines caractéristiques que l’on ne trouve pas ailleurs : l’église est située à l’écart des agglomérations. Elle est en général très ancienne, une ancienneté révélée par les textes ou l’architecture ou la présence d’un mobilier ancien. Par ailleurs, il peut y avoir présence d’une autre église, d’un baptistère, de fonts baptismaux.

Nous estimons que ces pièves ont été créées aux débuts de l’évangélisation chrétienne des campagnes. Nous ignorons si le titulaire de la piève avait le titre d’évêque mais il devait en avoir les pouvoirs : pouvoir spirituel de baptiser, pouvoir temporel de faire la justice ou de percevoir des dîmes.

Nous avons plusieurs éléments caractéristiques d’une piève : son isolement par rapport à Bovolone, des vestiges très anciens, la présence d’un baptistère. Bien souvent dans une piève, l’église principale est dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, et le baptistère, à Saint-Jean-Baptiste. Dans le cas présent, c’est l’ensemble qui est dédié à Saint-Jean-Baptiste mais cela peut être lié aux vicissitudes subies par l’église.


Concernant l’église de la piève San Giovanni (images de 5 à 12)

Sur les diverses images, on remarque un tracé de murs sur le sol. C’est en particulier apparent sur les images 7, 8 et 10. Il est probable que ce tracé de murs soit le reste du collatéral Sud. L'image 10 permet de constater que l’absidiole Sud se situait dans le prolongement. On aurait donc tendance à envisager que le plan de l’église primitive était celui d’une nef à trois vaisseaux avec trois absides en prolongement de ces vaisseaux. Cependant, les images 2 et 9 nous font constater qu’il y a eu un « gauchis-sement » de la construction. Il est fort possible que l’abside principale et l’absidiole Nord n’aient pas été reconstruites à l’emplacement exact de l’abside et de l’absidiole précédentes. De même, nous ne voyons pas dans le mur Sud de l’église actuelle (image 6) de trace du mur séparant le vaisseau central du collatéral Sud dans l’église ancienne. Il devrait y en avoir pourtant si ce mur (ou une partie de ce mur) a été conservé (restes de piliers et d’arcs). Cela ne semble pas être le cas. Les seuls restes visibles sont ceux de gros blocs rectangulaires placés à l’angle Sud-Ouest.


En conséquence, il y a fort à parier que l’intérieur de l’église (images 17 et 18) est le résultat de la reconstruction postérieure à 1525, une reconstruction opérée à l’intérieur d’un bâtiment désaffecté au culte depuis longtemps.

Datation envisagée pour l’église de la piève San Giovanni in Campagna de Bovolone (église primitive) : an 800 avec un écart de 150 ans. Nous basons notre datation sur le fait que l’église est signalée en 812.



Le baptistère San Giovanni (images de 13 à 18)

Le tremblement de terre de 1117 a été probablement très destructeur pour l’église. Il faut cependant remarquer que la destruction que nous avons constatée pour l’église ancienne a pu avoir d’autres causes que nous ignorons.

Nous avons décrit auparavant ce qu’était une piève. Il existe une forte ressemblance entre les pièves et les « groupes cathédraux » rencontrés un peu partout en Europe. Un groupe cathédral est un groupe de plusieurs églises très proches les unes des autres, situées à l’intérieur d’un enclos cathédral. Ce groupe est formé d’une cathédrale où siège l’évêque, souvent dédiée à Notre-Dame de l’Assomption. Vient ensuite le baptistère, à plan centré, souvent dédié à Saint Jean-Baptiste. Et puis éventuellement d’autres églises dont le nombre est lié à l’importance du lieu. Nous pensons que ces groupes cathédraux ont été créés en vue de fédérer des communautés. Chaque église particulière devait être l’église d’un peuple ou d’une sensibilité particulière (c’est un peu ce qui existe dans les diocèses actuels avec certaines églises réservées à la messe en latin). La cathédrale était le lieu d’exercice du pouvoir de l’évêque. Le baptistère était le lieu où s’exerçait le rite d’insertion dans la communauté. Aux alentours de l’an mil, voire avant, les groupes cathédraux ont disparu. Ils ont été remplacés par un seul monument plus vaste dans lequel les caractères constitutifs des groupes cathédraux ont été conservés : les desservants des anciennes églises ont été intégrés dans le corps des chanoines, les fonts baptismaux ont été placés dans la cathédrale. Et la cathèdre de l’évêque a été conservée.

Nous pensons que le même processus s’est réalisé pour les pièves. Dans certains cas, les baptistères ont été conservés. Mais leur présence ne se justifiait plus.

Dans le cas de la piève San Giovanni in Campagna de Bovolone, le tremblement de terre ou une autre cause ayant détruit l’église, il a fallu trouver une solution de remplacement au moins provisoire. Notre hypothèse est que le baptistère avait été mieux conservé. Il a été utilisé comme solution de remplacement. Et même agrandi en ajoutant une abside côté Est (images 13, 15, 17). On devine la suite : le provisoire est devenu définitif. La piève a pris le nom du baptistère et perdu celui de l’église primitive. Celle-ci s’est lentement dégradée, peut-être transformée en maison d’habitation. Et il a fallu la reprise en main de 1525 pour réhabiliter cette église.


Datation envisagée pour le baptistère San Giovanni de Bovolone : an 800 avec un écart de 150 ans.