La cathédrale Saint-Étienne Protomartyr de Caorle  

• Italie    • Vénétie    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette cathédrale. Les images de cette page sont issues de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikiital.com consacrée à cette église nous apprend ceci (extraits) :

« Histoire

Document : "La Basilique Cathédrale consacrée à l'invaincu Protomartyr Étienne, d'une ancienne structure à trois nefs, est soutenue par huit piliers des deux côtés, d'un âge ancien presque en train de s'effondrer, elle a en fait été érigée en l'an 1038, rien de bon ne peut être imaginé pour l'avenir, qu'aucune main complice ne puisse le rapprocher de la ruine." (Ferdinando Ughelli et Nicola Coleti, Italie Sacra sive de episcopis Italiae et insularum adjacetium (Volume V), 1720, par Sebastiano Coleti Venise). [...]

La cathédrale de Caorle s'élève sur les ruines d'une basilique paléochrétienne préexistante, comme en témoignent les nombreuses découvertes trouvées et conservées à l'intérieur et dans le jardin du presbytère (ancien palais épiscopal) ; parmi elles, il y a des moulures florales, des chapiteaux et des troncs de colonnes, des autels et des pierres tombales, qui rappellent les styles byzantins-ravennais déjà présents dans la cathédrale de Torcello et dans la basilique de San Marco. Selon l'interprétation historique la plus accréditée, bien que non sans controverses, l'érection du siège épiscopal remonte au VIe siècle. Comme preuve de cela, une lettre du pape Grégoire le Grand à l'exarque de Ravenne Mariniano, datée de 598 , est citée. En effet, Filiasi raconte : "Elle [...] eut un évêque avant toute autre île vénitienne par le pape saint Grégoire vers 598". Puisque l'édifice actuel date, selon toutes les sources historiques, de 1038, il doit clairement y avoir eu une cathédrale préexistante pour la résidence de l'évêque. Et en fait, le périmètre de cette basilique a été retrouvé lors des restaurations qui ont affecté le complexe dans les années cinquante.

Comme il n'y a pas d'informations certaines sur la date de consécration de la cathédrale, l'évêque Pietro Martire Rusca, à la fin de travaux de restauration massifs, a reconsacré le bâtiment le 30 août 1665, comme indiqué dans la plaque, une fois apposée sur l'extérieur, qui maintenant est située sur le mur de l'aile gauche de la cathédrale.

Structure de la cathédrale


La structure architecturale de la cathédrale a un plan basilical à trois nefs. L'église est construite le long de la jonction ouest-est, avec l'entrée du côté ouest, comme c'était la tradition dans la construction des édifices sacrés chrétiens, de sorte que les prêtres et les fidèles, pendant la liturgie, regardaient tous à l'est.

L'ancienne église des Grâces


Devant la cathédrale, se trouvait une église, également de plan basilical à trois nefs, dédiée à la Madonna delle Grazie. L'église était orientée le long de la jonction nord-sud, avec l'entrée du côté nord. À l'intérieur, les nefs ont été abattues à partir de deux rangées chacune de trois piliers en marbre de Carrare . Il y avait un autel dédié à la Madone de la Neige et, parmi les œuvres d'art les plus importantes, il y a un retable attribué au Tintoret représentant l'évêque San Niccolò et les fonts baptismaux en pierre datant de 1500. Cependant, au début du XIXe siècle, elle était dans des conditions précaires et sa démolition fut décidée ; le baptistère est transféré à la cathédrale (où il se dresse toujours) tandis que le retable du Tintoret est livré à l'un des fabricants de la cathédrale, un certain Angelo Rossetti. »


Commentaire de ce texte

On note tout d’abord que cette église aurait été reconsacrée en 1665, la date d’une précédente consécration ayant été perdue. Cette anecdote est significative d’une attitude relativement fréquente qui consiste à consacrer plusieurs fois un même bâtiment ou un même objet. Parfois, c’est un autel qui est consacré mais il peut y avoir plusieurs autels dans la même église. Parfois aussi, l’église est tellement ancienne qu’on ignore si elle a été consacrée. Alors on procède à une consécration. Et pareillement pour d’autres occasions. La mise en évidence d’un tel comportement remet en question la pratique consistant à dater une église en fonction de sa consécration, l’idée étant qu’une consécration correspond à l’inauguration d’un bâtiment nouveau. Dans le cas présent, les auteurs du texte ont été conscients que l’église devait être beaucoup plus ancienne que l’an 1665. Mais qu’auraient-ils conclu si la date de consécration avait été 1165, soit 500 ans auparavant ?

Une autre remarque concerne la dat e de 1038 qui est ici affirmée avec certitude : « Puisque l'édifice actuel date, selon toutes les sources historiques, de 1038, ... ». Mais sur quoi s’appuie cette certitude ? Nous avons ici le texte du document daté de 1720 qui lui aussi affirme avec certitude : « elle a en fait été érigée en l'an 1038 ». Mais comment Ferdinando Ughell qui écrit en 1720, soit un peu moins de 700 ans après la date de 1038, a-t-il été convaincu que l’édifice a été érigé à cette date ? Nous ne le savons pas. Nous avons souvent l’occasion de rencontrer le commentaire suivant, mettant en doute l’information apportée : « L’auteur ne cite pas suffisamment ses sources ». N’a-t-on pas aussi le droit de douter d’une information donnée en 1720 par un auteur qui ne cite pas suffisamment ses sources ?


Analyse de l’architecture de l‘édifice

Le plan de cette église est celui d’une basilique issue des premières basiliques chrétiennes : nef à trois vaisseaux charpentés avec vaisseau principal surhaussé par rapport aux collatéraux, vaisseau central porté par des colonnes ou des piliers et des arcs en plein cintre. On constate de plus l‘absence de transept. Certains éléments viennent cependant relativiser l’ancienneté. Il y a tout d’abord le fait que le vaisseau central est porté par un système mixte de piliers (alternance de colonnes cylindriques et de piliers à section rectangulaire de type R1010) et d’arcs en plein cintre à double révolution. Ce type de construction est considéré comme appartenant au préroman tardif.

Image 5 : décor d’arcs entrelacés sur la façade Sud.

Image 9 : restes de panneaux sculptés ayant appartenu à un chancel carolingien. Décor d’entrelacs sur un des panneaux, d’aigle impérial sur l’autre.


Datation envisagée pour la cathédrale Saint-Étienne Protomartyr de Caorle : an 950 avec un écart de 75 ans.