L’église Notre-Dame de la Stra à Belfiore
Nous n'avons pas visité cette église. La
plupart des images de cette page ont pour source Internet.
La page du site Internet de la commune de Belfiore consacrée
à cette église nous apprend ceci (extraits) :
« Un
véritable joyau de l’art est l’église de San Michele, plus
connue sous le nom de Sanctuaire de la Madonna della Strà,
érigée en 1143, comme en témoigne une inscription romaine,
rapportée plus tard par l’archiprêtre Zauli en 1651. Des
concepteurs, les architectes Borgo et Malfatto, on ne sait
rien malgré des recherches historiques sur les cartes de
Véronèse.
Les nombreuses pierres tombales romaines de l’église
suggèrent qu’elle a peut-être été construite sur les
vestiges d’un bâtiment païen détruit. L’édifice est de
style roman, avec trois nefs et trois absides. La façade
est composée de rangées de tuf et de terre cuite et
comporte un porche suspendu au-dessus duquel se trouve une
fenêtre à meneaux surmontée d’une petite fenêtre divisée
en croix. Le long du toit en pente, il y a des arcs
suspendus. À l’intérieur, vous pourrez admirer deux
rangées de colonnes alternant avec des piliers, avec des
chapiteaux certainement du VIIe siècle avec des
tours de feuilles dures, tandis que les autres, dont un en
segments, remontent à l’époque de la reconstruction
médiévale.
L’église devait être décorée de fresques, mais toutes les
fresques ont été recouvertes de chaux en 1660, pour
revenir à la lumière lors de la restauration de la fin des
années 1800. Des fresques des douze apôtres, il ne reste
que celle de saint Barthélemy ; sur les autels, vous
pouvez également voir des peintures d’une Vierge à
l’Enfant, de saint Onofrio, de sainte Marie-Madeleine, de
sainte Agathe, d’un évêque et d’un saint couronné. À
partir de la visite pastorale de 1592, l’église a changé
son nom en Madonna della Strà, grâce à la dévotion
croissante à l’image de Marie qui y est vénérée. La statue
en bois a été sculptée en 1497 par Giovanni da Zebellana à
la demande des fidèles de la paroisse. Dans le petit
autel, il y a un crucifix en bois daté entre le XIVe
et le XVe siècle, à l’origine entièrement
décoré. »
Commentaires de ce texte
Commençons par « démolir », ou plus exactement, «
désarticuler » la phrase : « ...
l’église de San Michele, plus connue sous le nom de
Sanctuaire de la Madonna della Strà, érigée en 1143, comme
en témoigne une inscription romaine, rapportée plus tard
par l’archiprêtre Zauli en 1651.».
Par les mots «
est érigée
», cette phrase est exprimée sur le ton de la certitude ;
nous n’avons pas le droit d’émettre une opinion contraire.
Pourtant, on serait en droit de dire que l’auteur n’a pas
contrôlé ses sources car il base son argumentation sur le
témoignage d’une « inscription
romaine, rapportée plus tard par l’archiprêtre Zauli en
1651. ». Hormis le nom de Zauli, on ne sait rien
de cette inscription qui a probablement été perdue. On ne
sait pas quel est son contenu. Par expérience, nous savons
qu’un écrit quelconque concernant une église peut fournir
des renseignements intéressants sur cette église (son
existence à une époque donnée, la consécration d’un autel,
la fondation d’une communauté). Mais en général, rien de la
construction effective de l’église.
Par ailleurs, la date même qui est proposée, 1143, est,
selon nous, anachronique (rappel de la définition de «
anachronique » : déplacé par rapport à son époque, d'une
autre époque.). En effet, nous avons eu l’occasion de
visiter la cathédrale gothique de Noyon et de lire sur un
panneau la date de construction de cette cathédrale : 1145
pour le chœur et le transept (remarque le panneau en
question est consultable dans toutes les cathédrales du Nord
de la France). Nous sommes formels : les deux églises ne
peuvent être contemporaines. La date d’au moins l’une des
deux est anachronique … et nous pensons que les deux dates
sont anachroniques : Notre-Dame de la Stra à Belfiore est
très antérieure à 1143, la cathédrale de Noyon est
postérieure à 1145.
Analyse de l’architecture
de cet édifice
On remarque tout d’abord que la façade Ouest (image
2), bichrome, d’influence pisane, est plus récente
que le reste de l’édifice. L’appareil des absides du chevet
est en alternance de pierres et de briques (images
4 et 5). Notons également sur l'image
4 la présence d'arcatures lombardes.
On retrouve dans cette église les éléments caractéristiques
d’une basilique issue des premières basiliques chrétiennes :
nef à trois vaisseaux charpentés, vaisseau central surhaussé
par rapport aux collatéraux, vaisseau central porté par des
piliers et des arcs en plein cintre (image
7). Une remarque cependant. On constate un mélange
de colonnes cylindriques et de piliers à section
rectangulaire de type R0000.
Il ne s’agit pas de ce qu’on a appelé le « système mixte »
pour lequel il y a alternance de colonnes et de piliers : le
mélange que l’on a ici n’est pas organisé. Nous pensons qu’à
l'origine, il n’y avait que des colonnes ou que des piliers
; il y a eu des changements lors des restaurations. Nous
optons plutôt pour les colonnes dans la disposition
d’origine. Remarquons enfin que le plan est celui d’une nef
à trois vaisseaux avec trois absides en prolongement des
vaisseaux. De plus, il n’y a pas de transept. Ce plan a été
très répandu en Europe. Nous pensons qu’il est postérieur au
plan à une seule abside mais antérieur aux plans des
édifices construits dans la période romane.
Image 9 : Belle
fresque qui nous semble d’inspiration byzantine. Nous
hésitons sur sa datation.
Datation
envisagée pour l'église Notre-Dame de la Stra à
Belfiore : an 850 avec un écart de 100 ans.