Les deux églises de Sovana : l’église Santa Maria Maggiore et le duomo San Pietro 

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Dans cette page, nous étudierons les deux monuments suivants de Sovana, que nous n'avons pas visités : l’église Santa Maria Maggiore et le duomo San Pietro.
Les images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.



L'église Santa Maria Maggiore de Sovana

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

L’église semble dater du XIIe siècle, mais a subi diverses rénovations au cours des siècles. Saccagée par les Siennois en 1410 et par les Pitiglianesi en 1434, elle a été considérablement modifiée au XVIe siècle lors de la construction du palais voisin Bourbon sel Monte.

Description


L’église, à laquelle on accède par un portail ouvert sur le côté droit, présente des caractéristiques de transition entre l'art roman et le style gothique.

L’intérieur est divisé en trois nefs, avec des piliers trapus soutenant de grands arcs.

Dans l’abside, il y a un
ciborium en pierre, l’un des rares exemples en Toscane de l’art préroman, sculpté avec le répertoire typique de la décoration du début du Moyen- Âge, constitué de motifs végétaux, animaux et géométriques. »

Cette église est probablement nettement plus ancienne que ce que l'on voit actuellement. C'est en tout cas ce que laisse percevoir l'image 1 : nef à trois vaisseaux, le vaisseau central étant surhaussé par rapport aux collatéraux : le modèle est paléochrétien mais les piliers et les arcs sont gothiques. Très probablement l'édifice a été très profondément remanié durant la période du gothique, en respectant cependant le plan primitif.

Mais ce qui nous intéresse le plus est le ciborium (images de 2 à 6). Les ciboriums sont rares. Nous n'en connaissons pas en France. Comme il est écrit ci-dessus, on les estime préromans. Mais le qualificatif de « préroman » est une notion floue. Et on hésite entre les influences lombarde, byzantine ou carolingienne. Afin d'en savoir un peu plus, nous présentons quelques vues de ce ciborium. On repère sur les images 3 et 4, au dessus de l'arc inférieur, des pampres de vigne encadrant des grappes et au sommet du ciborium, un entrelacs de cordage. Entre les deux, on observe des oiseaux en train de picorer, des spirales, des croix pattées. On peut remarquer que les images 3 et 4 sont légèrement différentes : ce sont deux faces différentes du ciborium. Sur l'image 6, on observe successivement et de gauche à droite, une spirale, une croix pattée, un oiseau picorant, et opposé à celui-ci, un poisson lui picorant la tête. Sur une même face, les deux oiseaux symétriques font penser à la scène des
« oiseaux au canthare »

Datation envisagée pour l'église Santa Maria Maggiore de Sovana (dans l'état actuel) : an 1225 avec un écart de 50 ans.

Datation envisagée pour le ciborium de l'église Santa Maria Maggiore de Sovana : an 700 avec un écart de 100 ans.




Le duomo San Pietro de Sovana

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cet édifice nous apprend ceci :

« Histoire et description

La tradition veut que l'évêque de Palerme, Mamilano, ait réalisé une œuvre d’évangélisation à Sovana au début du IVe siècle. Cette conversion précoce au christianisme valut à Sovana la nomination, reçue au Ve siècle, d’évêché.

Les fondations du bâtiment actuel remontent aux VIIIe-IXe siècles, et à partir de ce moment-là, jusqu’au XVIIe siècle, il a fait l’objet d’interventions structurelles répétées ou de modernisations décoratives. L'existence d'une grande et importante
ecclesia cathedralis est attestée non seulement par la bulle papale de Nicolas II de 1061, mais aussi par la grande crypte voûtée en pierre de tuf, qui existe encore, et par les pilastres internes en marbre du portail actuel, sculptés de spirales plates et de décorations géométriques symboliques si proches dans le style et dans le temps de celles, toutes faisant allusion à l'Eucharistie, du ciborium monumental en travertin, véritable unicum dans toute la Toscane, transporté d'une époque lointaine à l'église de Santa Maria, mais contemporain de la construction de la première cathédrale pour laquelle il a été réalisé.

Les comparaisons avec le prototype de Ravenne de Saint Apollinaire conduisent à des similitudes dans l’édicule de Sovana en raison des ouvriers unis par une formation lombarde identique. Il y a l’hypothèse que le ciborium est l’un des premiers documents monumentaux de la présence désormais profondément enracinée des nouveaux seigneurs de Sovana, les Aldobrandeschi.

Après la reconstruction grandiose, encore en cours en 1248, les modules architecturaux correspondent bien aux agrandissements qui furent promus dans de nombreuses cathédrales du sud de la Toscane au XIIe siècle. Sur le prototype, alors plus moderne, offert par l'abbaye de Sant'Antimo avec sa construction lombarde et ses formules décoratives qui se manifestent ici pleinement dans les récits de sujets bibliques sculptés sur les chapiteaux, ces cathédrales expriment désormais un style roman de deuxième génération, déjà prêt à accueillir des innovations structurelles et formelles de saveur gothique. »


Commentaire du texte ci-dessus extrait de Wikipédia

Une grande partie de ce texte est consacrée au ciborium. Remarquons que la datation proposée pour celui-ci, est comparable à la nôtre.

L'auteur du texte qui décrit « les pilastres internes en marbre du portail actuel, sculptés de spirales plates et de décorations géométriques symboliques » semble attribuer une ancienneté à cette porte mais ne précise pas la date, peut-être en rapport avec celle attribuée au ciborium. De ces pilastres, nous n'avons que quelques vues de détail comme le chevalier (image 11) ou les deux paons affrontés (image 12). La première est une œuvre naïve, probablement préromane. La seconde évoque la scène des
« oiseaux au canthare ». La représentation des paons fait partie de la culture romaine. Elle est pratiquement absente dans l'art roman.

Le linteau et le tympan de l'image 10 nous semblent plus évocateurs. Examinons tout d'abord le linteau. Il est monolithe, décoré de tiges enroulées donnant une forme de sinusoïde. Le décor étant nouveau pour nous, il nous est difficile de dater ce linteau. La lunette au-dessus du linteau contient un vrai patchwork de pierres rectangulaires sculptées. Ces pierres portent des décors différents avec des dimensions différentes, avec parfois une dimension commune à plusieurs panneaux, ce qui a permis de créer des bandes horizontales. Nous pensons que ces pierres décorées d'entrelacs ont fait partie d'un cancel carolingien.


Le plan de l'image 14 ainsi que les images 15, 16 et 17 montrent que la nef est entièrement voûtée sur croisée d'ogives. Les piliers sont de type R1111, les arcs reliant les piliers sout doubles et légèrement brisés. Tout semble prouver que cette nef est de transition entre le roman et le gothique. Il y a cependant un problème : la croisée d'ogives est une invention purement gothique (aux alentours de l'an 1200). Les chapiteaux quant à eux sont purement romans (aux alentours de 1100), voire pour certains d'un premier art roman. On peut certes faire un mix des deux, parler comme l'auteur d'« un style roman de deuxième génération ». Mais cela ne doit pas empêcher de se poser des questions comme la suivante : comment se fait-il qu'à Sant'Antimo, église qui au niveau des sculptures apparaît plus évoluée que San Pietro, il n'y ait pas de voûte sur le vaisseau central et que sur les collatéraux, elle ne soit que voûtée d'arêtes et non d'ogives (voûtes plus performantes).

Nous pensons qu'en fait, à l’origine, les piliers devaient être de type R1010 et les vaisseaux de la nef n'étaient pas voûtés. Ultérieurement, des pilastres ont été adossés aux piliers, les transformant en pilier de type R1111. Ces pilastres on servi à porter des chapiteaux qui ont porté des arcs doubleaux, qui ont porté les voûtes. La vérification doit être assez facile. Il suffit d'examiner chaque pilier (c'est ce que nous avons fait rapidement). Si tous les piliers sont identiques, cela signifie que l'ensemble appartient au projet original. S'il ne sont pas identiques, cela signifie qu'il y a eu probablement des modifications par rapport au modèle original avec de probables hésitations.


Image 18 : Nous venons de parler « d'hésitations ». Examinons le chapiteau situé à droite. Il porte un tailloir dégradé mais laissant apparaître l'existence d'un chanfrein (ou biseau). Si on continue en direction de la gauche, en passant au dessus de la colonne demi-cylindrique, on devrait observer le même chanfrein. On ne le voit pas. Et le décor est différent. Il y a discontinuité des décors !

Image 20 : Fragment de chapiteau : les oiseaux au canthare.

Image 21 : Chapiteau aux têtes de taureau.

Image 22. Pierre sculptée : hybride à corps de lion et queue de serpent.

Images de 23 à 26 : Ensemble de plusieurs chapiteaux disposés autour d'un même pilier.

Image 23. Chapiteau de gauche : thème non identifié. Chapiteau de droite : le Péché Originel.

Image 24. Chapiteau de gauche : le Péché Originel. Chapiteau de droite : Daniel dans la fosse aux lions.

Image 25. Chapiteau de gauche : Daniel dans la fosse aux lions. Chapiteau de droite : thème non identifié, avec sur le face gauche, le Sacrifice d'Abraham.

Image 26. Chapiteau représentant un thème non identifié ; le tailloir au-dessus est décoré d'entrelacs carolingiens.

Image 27 : Le chapiteau et le tailloir portent un décor préroman.

Image 28 : Ensemble de colonnes et de chapiteaux supportant les ogives d'une croisée d'ogives. Le chapiteau du milieu porte l'ogive perpendiculaire au plan ; les deux autres sont dans des plans à 45° par rapport à cette direction. Nous constatons que le chapiteau du milieu a été sectionné sur les bords de façon à permettre l'insertion des deux autres, preuve, selon nous, que ces deux chapiteaux ont été installés après le premier. Et donc que les ogives latérales sont postérieures à la centrale.

Image 29 : Le chapiteau du milieu, dit « cubique » est datable des alentours de l'an mille.

Image 30 : Les fonts baptismaux, au centre, sont relativement récents (XVIIe ou XVIIIesiècle) mais ils sont placés sur une assise de forme octogonale qui pourrait cacher une piscine baptismale plus ancienne.


Datation envisagée pour le duomo San Pietro de Sovana : an 1050 avec un écart de 50 ans.