Divers monuments du Cher susceptibles de dater du 1er millénaire (page 2/2)
La plupart des édifices étudiés dans
cette page concernant le département du Cher n’ont pas été
visités. Leurs images, en général des copies d’écran
Internet, servent à expliquer et à justifier les datations.
Ces images ne peuvent remplacer une visite in situ.
Remarque :
Ce site n’est pas seulement destiné à fournir des
informations à un visiteur éventuel. Il sert aussi à usage
interne en vue de faciliter nos propres recherches. En
conséquence, on ne s’étonnera pas que l’étude de certains
monuments s’écarte parfois du cadre préalablement fixé, à
savoir, l'étude des édifices datés du Premier Millénaire. Ce
qui signifierait, stricto-sensu, les édifices construits
entre l'an 1 et l'an 1000. Intervalle de temps impossible à
respecter au vu des difficultés que l'on éprouve à proposer
une datation au siècle près.
Les monuments décrits dans cette page sont : l’église
Saint-Roch de Neuilly-en-Dun, l'église
Saint-Martin de Plaimpied, l’église
Saint-Amand de Saint-Amand-Montrond, la
collégiale Saint-Austrégésile de Saint-Outrille-en-Graçais.
L’église
Saint-Roch de Neuilly-en-Dun
L’étymologie du lieu fait envisager une double fondation. Le
mot « Dun » est probablement dérivé de « dunum », qui
qualifie pour les uns une construction située sur une
colline, pour d'autres une fortification et pour d'autres
encore un temple. Le plus souvent les trois à la fois : un
temple ou un lieu de pouvoir entouré de fortifications et
situé au sommet d'une colline. Ces localités sont
principalement d'origine celte. Elles sont dédiées à des
dieux celtes comme Lug qui a donné son nom à Lugdunum =
Lyon. Ou Esus pour Isodunum = Issoudun. La création de ces «
dunum » s'est poursuivie durant l'occupation romaine avec
des villes comme Augustodunum = Autun. Toujours est-il que
notre Neuilly-en-Dun pourrait avoir été une ancienne cité
celte.
À cette agglomération antique aurait succédé, vers le IVeou
Vesiècle, une « novilla » (nouvelle ville ou
nouveau village) qui a donné le nom de « Neuilly ».
Nous n'avons pas eu l'occasion de visiter cette église, mais
les images issues d'Internet permettent d'envisager
plusieurs étapes de construction. Avant de les analyser,
nous devons rappeler que la partie de phrase « plusieurs
étapes de construction » n'est pas une simple construction
sémantique destinée à « en mettre plein la vue » à un public
peu averti. Sa signification est plus importante. Imaginons
qu'un édifice ait subi plusieurs étapes de construction et
que la dernière de ces étapes soit datée de l'an 1100. Les
autres étapes sont donc antérieures à celle- ci. La
difficulté est de savoir de combien d'années elles sont
antérieures. Mais dans un tel cas, un peu de bon sens permet
de faire des estimations. En matière d'architecture, le ou
les concepteurs du projet ne changent pas d'idée toutes les
cinq minutes ; les investissements sont trop importants pour
permettre des fantaisies. En fonction du type de
modification du projet principal, on peut estimer le nombre
d'années séparant deux transformations. En moyenne plus de
50 ans. Imaginons donc que la modification la plus récente
soit datée de l'an 1100. L'étape précédente sera datée de
l'an 1050. Et l'étape antérieure pourra être datée être
datée de l'an mille.
Concernant l'église Saint-Roch, un des premiers indices de
construction ayant subi plusieurs étapes de travaux se
trouve sur les parois extérieures du chevet (images
1, 2, 8 et 9). On y voir des colonnes
demi-cylindriques adossées à la paroi, et portant des
chapiteaux. Ces chapiteaux quant à eux ne portent rien : ils
ne servent à rien ! Il pourrait y avoir là une simple
corniche portée par des corbeaux faisant le tout du chevet
sans l'existence de ces demi-colonnes. Notre expérience en
matière d'archi-tecture romane nous conduit à penser qu'il y
a là une sorte de non-sens. Les constructeurs romans
savaient ce qu'ils faisaient . Et chacune de leurs actions
avait un sens. Nous envisageons donc qu'il y a eu deux
étapes de travaux. Laquelle des deux a précédé l'autre ?
Nous pensons que, pour la première étape de travaux,
l'abside était simplement charpentée, non couverte d'un
cul-de four en pierre (éventuellement couverte d'un
cul-de-four plus léger en bois ou en stuc). Les charpentes
reposaient par l'intermédiaire de chapiteaux sur les
demi-colonnes adossées. Au cours d'une deuxième étape de
travaux, la voûte en cul-de-four aurait été installée. Sans
doute grâce à un doublement des murs côté intérieur. Les
demi-colonnes et les chapiteaux ne servaient plus à rien
mais ils ont été conservés pour des raisons d'esthétique.
Remarque :
il ne s'agit là que d'une hypothèse sujette à vérification
in-situ.
Autre indice de l'existence de plusieurs étapes de travaux :
sur l'image 5, l'arc triomphal situé
au premier plan est porté par des chapiteaux alors que l'arc
absidal, en arrière-plan, est porté par des impostes. On
peut vérifier cela sur l'image
4. Ajoutons que sur la même image
4, des arcs simples relient les piliers. Nous
envisageons donc qu'il ait pu y avoir là une nef à trois
vaisseaux.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Roch de Neuilly-en-Dun : an 950 avec un
écart de plus de 150 ans.
L’église
Saint-Martin de Plaimpied
Le plan de l'image 13 montre
que les absidioles du chevet ne sont pas dans le
prolongement des collatéraux de la nef. D'où l'idée qu'il y
a eu deux étapes de travaux. Dans un premier temps, l'église
devait être à nef triple, dépourvue de transept avec les
absides du chevet en prolongement des vaisseaux de la nef.
Une partie de l'église aurait été conservée. L'autre partie
aurait été détruite et remplacée par une nouvelle. Dans la
plupart des cas étudiés pour d'autres édifices, c'est la nef
qui a été conservée. La partie nouvelle serait constituée du
transept et du chevet. Celui-ci est de type clunisien (
absidioles communicant avec l'abside principale par
l'intermédiaire de larges baies : images
13 et 19). Nous pensons que les chevets
clunisiens doivent être antérieurs aux chevets à
déambulatoire. Cependant, il faudrait vérifier si cette
différence de type de chevet ne serait pas plus dûe à une
organisation monastique différente (liturgie, existence d'un
chapitre) qu'à une différence temporelle.
Le plan de l'image 13 ainsi
que les images 15 et 16 viennent,
selon nous, confirmer une plus grande ancienneté de la nef.
Côté Nord, trois piliers à plan rectangulaire de type R0000 sont reliés entre
eux par des arcs simples. Bien que sur le plan, ils soient
datés du XVIesiècle, nous les pensons
nettement plus anciens (ils ont certainement subi des
restaurations qui n'ont pas altéré le plan de base). Par
contre, côté Sud, les piliers ont été modifiés. Ils sont
rectangulaires de type
R1111 mais il existe une variété des profils.
Certains sont ornés de chapiteaux, d'autres d'impostes.
Cette variété de profils côté Sud incline à penser que les
principales transformations sur la nef ont été faites de ce
côté-là. On aurait eu tout d'abord des piliers de type R0000 semblables à
ceux situés côté Nord. Ils auraient été remplacés par des
piliers de type R1010
conformes à des vaisseaux charpentés ? Ces piliers auraient
été par la suite transformés en piliers de type R1111
afin de permettre le voûtement des vaisseaux.
En ce qui concerne les chapiteaux, on rencontre des scènes
déjà vues ailleurs. Ainsi celle de l'image
21 ou celle des « Lions dévorants » (dans
un coin du chapiteau, deux lions réunis en une seule tête
semblent dévorer un corps d'homme : image
23). Ou encore celle de la sirène à deux queues (
les tresses de cheveux sont dressées à l'horizontale image 24).
D'autres scènes se révèlent plus originales comme celle de
l'image 22. Elle
parait classique : les oiseaux entourant le vase sacré. Sauf
qu'ici, il n'y a pas de vase sacré mais des cous d'oiseau
entortillés et des becs se frappant le ventre. L'image
23 du lion à queue feuillue semble elle aussi
classique. Sauf que la queue du lion n'est pas terminée par
une feuille, mais une tête de serpent.
Datation envisagée pour
l’église Saint-Martin de Plaimpied : an 750 avec un écart de
200 ans.
L’église
Saint-Amand de Saint-Amand-Montrond
Peu de choses à dire sur cette église paroissiale de
Saint-Amand-Montrond. Nous avons surtout voulu présenter des
chapiteaux aus thèmes énigmatiques. On retrouve sur le
chapiteau de l'image 34 deux
scènes vues à Plaimpied sur deux chapiteaux distincts. Il
s'agit de la scène dérivée des « Oiseaux au canthare » (deux
oiseaus aux cous entortillés se frappant le ventre avec leur
bec) et des « Lions dévorant un homme ».
Datation envisagée
pour l’église Saint-Amand de Saint-Amand-Montrond : an 1150
avec un écart de 50 ans.
La
collégiale Saint-Austrégésile de Saint-Outrille-en-Graçais
L'intérêt principal de cette église semble être le chevet de
type clunisien : une abside encadrée par deux absidioles qui
communiquent avec l'abside principale par l'intermédiaire de
grandes baies (images 39
et 40).
Pendant un temps, nous avons envisagé que le pilastre à
entrelacs de l'image 42 pouvait
avoir été utilisé en remploi (donc provenir d'un édifice
plus ancien). Nous en sommes à présent moins certains.
Datation envisagée
pour la collégiale Saint-Austrégésile de
Saint-Outrille-en-Graçais : an 1100 avec un écart de 50 ans.