L'église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux
Nous recommandons au lecteur occasionnel
de notre site de lire
cet avis, le lecteur assidu étant quant à lui habitué
à nos prises de position.
La page du site Internet Wikipedia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« L'église a d'abord été
citée comme carolingienne mais une telle précision ne peut
être affirmée. C'est sans doute entre la fin du IXesiècle
et le XIesiècle qu'elle est construite sous
forme d'une nef prolongée par une abside semi-circulaire
plus étroite que la nef. Elle est dédiée à saint Léger. Il
est possible que son emplacement ait été choisi pour
christianiser une source proche qui faisait auparavant
l'objet d'un culte païen. Les sources sont nombreuses au
Vieux-Bourg et l'une d'elles a son émissaire dans le
cimetière lui-même, au nord de l'église.
Au XIIesiècle,
la façade occidentale est reprise avec percement d'une
nouvelle porte et la porte latérale est percée ou reprise.
À la même époque, l'abside est démolie et laisse place à
une travée carrée formant transept, prolongée par un chœur
lui-même composé d'une travée et d'une nouvelle abside
semi-circulaire aussi large que le chœur. [...] »
Le récit se poursuit par une description de l'édifice. Nous
conseillons la lecture de cet écrit au lecteur désireux de
mieux connaître cette église.
Nous avons effectué une visite rapide de ce monument en août
2005, c'est-à-dire bien avant que nous ayons entamé nos
recherches sur les édifices du premier millénaire et que
nous ayons élaboré les premières méthodes d'investigation.
L'église étant fermée, nous n'avons pu photographier que
l'extérieur. En conséquence, une partie seulement des images
de cette page ont été réalisées lors de cette visite. Les
images de l'intérieur sont extraites d'Internet.
Cette église nous avait été décrite
comme étant «carolingienne». Nous devons d'abord dire que
nous préférons ne pas employer les mots de «mérovingien» ou
de «carolingien». Car ces mots ont été utilisés pour
désigner des peuples, des cultures, des styles
d'architecture ou des époques. Or, si dans les documents
d'époque, on parle de romains, de gaulois, de francs, il
n'est par contre pas fait mention de mérovingiens ou de
carolingiens. Ainsi l'expression «bijou mérovingien» n'a
aucun sens. Les mots de mérovingiens (resp : carolingiens)
ont été faits pour désigner des groupes de rois descendants
de Mérovée (resp. de Charles (lequel ?)). Et ces mots ont
été attribués à des peuples censés avoir vécu sous la
domination de ces rois. Il est d'ailleurs très surprenant
que dans une France issue de la Révolution régicide, on ait
donné à des peuples des noms de rois.
Il semblerait que la période dite «carolingienne» soit le IXesiècle et une partie du Xesiècle.
Mais alors, pourquoi ne pas dire directement le IXesiècle,
plutôt que «la période carolingienne» ?
D'où vient l'idée que cette église ait
été décrite comme étant «carolingienne» ? C'est-à-dire du IXesiècle.
Les images 4 et 5 apportent
une réponse à cette question. Une partie des façades Nord et
Sud de cette église sont décorées d'une véritable
marquèterie de pierre. Un tel décor de petites plaques
losangiques formant pavement se retrouve dans certains
édifices estimés préromans comme Ruoms en Ardèche. On le
retrouve aussi faisant office de tympan entre un linteau en
bâtière et l'arc de décharge qui le surmonte. Décor préroman
certes. Mais date-t-il du IXesiècle ? Nous
n'en sommes pas certains. L'église est à nef unique. Et
c'est une église de taille relativement importante. Nous
pensons que, pour les périodes anciennes, hormis les petits
oratoires qui étaient à nef unique, toutes les églises
étaient à nef triple. Cette église pourrait donc dater du Xesiècle.
L'image 8 de
l'intérieur de la nef fait découvrir, adossés aux piliers de
l'arc triomphal, deux piliers monolithes surmontés de
chapiteaux. On revoit ces piliers sur les images
10 et 11. Ils sont décorés d'entrelacs. Leur
datation estimée est l'an 800 avec un écart de 150 ans. Nous
avons pensé un moment qu'ils pouvaient faire partie de
l'église. Nous pensons à présent qu'ils ont été déposés
comme pièces de musée. Loin de résoudre la question, ils la
compliquent, car à présent les questions sont : d'où
viennent-ils et de quel type de monument sont-ils issus ?
Le chapiteau de l'image 13
pourrait représenter la scène désormais classique des
«oiseaux au canthare» mais nous n'en sommes pas certains,
car nous n'avons pas une image de l'ensemble du chapiteau.
Les images 14 et 15 décrivent
le même chapiteau : un taureau à tête humaine.
Nous estimons que la fresque de l'image
17 date du XIVesiècle.
Plusieurs tombes à cuves de forme trapézoïdale sont déposées
dans la nef (image 18).
Datation estimée :
Ve ou VIesiècle.
Datation
envisagée pour l'église Saint-Léger du Vieux-Bourg
de Cravant-les-Côteaux : an 950 avec un écart de 100 ans.