L'église Saint-Symphorien d'Azay-le-Rideau
Nous recommandons au lecteur occasionnel
de notre site de lire
cet avis, le lecteur assidu étant quant à lui habitué
à nos prises de position.
La page du site Internet Wikipedia relative à cette église
est peu prolixe : « Une
première mention de l'édifice date du XIesiècle
quand Geoffroy de l'Île en fait don à l'abbaye bénédictine
de Cormery. Les arcs brisés, les voûtes avec arêtes, le
chœur, la nef latérale, le clocher et l'abside s'ajoutent
à la nef principale au XIIesiècle.
Au XVIesiècle,
deux travées viennent compléter la nef latérale jusqu'à
une nouvelle façade en pignon. Cette façade à double
pignon est caractéristique de l'église. Construite en
1603, la chapelle latérale abrite de nombreuses plaques
commémoratives des seigneurs d'Azay. [...] »
Nous n'avons pas visité cette église. Les images qui suivent
sont extraites d'Internet.
Nous rappelons que le fait que l'église soit mentionnée au
XIesiècle ne signifie pas qu'elle date du XIesiècle. Elle peut avoir été construite bien
avant, les textes susceptibles de la mentionner ayant tous
disparu. Rappelons aussi que, même si c'est exceptionnel, il
peut ne rien rester du bâtiment cité au XIesiècle.
On découvre sur les images
1 et 2 une église à nef à deux vaisseaux prolongés
par deux absides. Ce type de plan est relativement rare ; la
plupart des nefs sont constituées de vaisseaux en nombre
impair : 1, 3 , 5. Lorsqu'on est en présence d'une nef à
deux vaisseaux, il y a deux possibilités. Soit la nef
primitive était formée de trois vaisseaux et il y a eu
suppression d'un collatéral. Soit la nef primitive était à
un vaisseau et il y a eu un agrandissement de cette nef par
ajout d'un autre vaisseau parallèle au premier et
communicant avec celui-ci. Pour Saint-Symphorien, nous
privilégions cette deuxième hypothèse, car les deux
vaisseaux sont de dimensions sensiblement identiques. Ce qui
ne serait pas le cas si l'un d'entre eux était le collatéral
de l'autre.
Toujours est-il qu'il nous est difficile de déterminer
lequel des deux vaisseaux est le plus ancien. Probablement
celui de droite de l'image
2. Mais
les images 5 et 6 de
l'intérieur témoigneraient plutôt du contraire : c'est celui
de gauche qui semble le plus ancien. L'un comme l'autre
semblent dater du XIIIeou du XIVesiècle.
L'intérêt principal se porte sue la façade Ouest du vaisseau
de droite (image 3 puis
image 4). Bien
que nous ne soyons pas certains de l'authenticité de cette
façade, nous pensons cependant qu'elle est d'origine. Une
origine probablement antérieure à l'an mille. Cependant elle
a été profondément modifiée. Les motifs en forme de pignons
contenant un pavement de losanges sont selon nous d'origine.
Il en est de même des plaques sculptées en bas-relief
d'images de saints. Mais ces plaques ont pu être déplacées
et réinstallées. Observons sur l'image
4 l'ensemble des bas-reliefs situés sur la fenêtre
centrale. Nous avons sept personnages avec, au centre, le
Christ reconnaissable à son nimbe crucifère. Il est
légèrement décentré vers la droite. Mais l'effet est plus
important encore si on prend la scène dans sa totalité. Car
le groupe des trois personnages situés à gauche du Christ
est moins large que celui des trois personnages figurant à
droite du Christ. La rangée inférieure semble plus encore
déséquilibrée car, à gauche, on a quatre saints et trois
seulement à droite. Les scènes ont été interrompues
brutalement par la pose de la fenêtre centrale.
La mise en scène d'une succession de saints disposés sous
des arcades n'est pas quelque chose de nouveau pour nous. On
retrouve de telles successions sur des sarcophages antiques
ou sur les bas-reliefs de Saint-André-de-Sorède et de
Saint-Génis-des-Fontaines. Toutes ces sculptures témoignent
d'un certain archaïsme.
Datation
envisagée pour les sculptures de la façade Ouest de
l'église Saint-Symphorien d'Azay-le-Rideau : an 950 avec un
écart de 150 ans.