L'église Saint-Laurent-et-Notre-Dame de Gargilesse-Dampierre
Nous recommandons au lecteur occasionnel de notre site de lire cet avis, le
lecteur assidu étant quant à lui habitué à nos prises de
position.
La page du site Internet Wikipedia relative à cette église
nous apprend ceci : « L'histoire
de l'église Notre-Dame de Gargilesse est mal connue. Celle
de la famille seigneuriale de Gargilesse est mieux connue
grâce aux recherches d'Eugène Hubert qui en a découvert
les premières traces au Xesiècle. Au
milieu du XIIesiècle, Hugues I er
de Naillac, seigneur de Naillac, du Blanc et de
Gargilesse, est parti pour Jérusalem. En 1187, il transige
avec André de Chauvigny et fait hommage de son château et
Gargilesse.
L'église Notre-Dame de
Gargilesse était la chapelle castrale. Elle était
desservie par des chanoines de Saint Augustin. Elle était
comprise dans l'enceinte du château et communiquait avec
lui de plain-pied par la crypte. Le château a été détruit
en 1650 par les troupes royales, ce qui peut expliquer la
disparition des travées occidentales de la nef....
D'après les données de la
base Mérimée, l'église a été construite au XIesiècle.
Les données archéologiques et les comparaisons
stylistiques font plutôt remonter l'église au deuxième
tiers du XIIesiècle mais la construction a
pu se faire en deux campagnes, le chœur et le transept
puis la nef...
L'église possède un
remarquable ensemble de chapiteaux romans, un vitrail
probablement antérieur à 1165, représentant le Christ en
Gloire entouré du Tétramorphe, des peintures murales. »
Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous
ont pour source Internet. Ces images ne nous apprennent pas
grand chose sur son ancienneté. Et surtout sur le
déroulement des constructions ou plutôt les enchaînements de
constructions-destructions-reconstructions. Car il est au
moins une chose que le texte ci-dessus ne révèle pas? c'est
l'existence de tels enchaînements. Relisons-le : « D'après
les données de la base Mérimée, l'église a été construite
au XIesiècle. Les données archéologiques et
les comparaisons stylistiques font plutôt remonter
l'église au deuxième tiers du XIIesiècle
mais la construction a pu se faire en deux campagnes, le
chœur et le transept puis la nef... » Les images
sont plus révélatrices. Pour bien les interpréter, il faut
admettre l'idée que l'architecte du bâtiment initial a voulu
faire un ensemble parfait et cohérent. En conséquence, si
l'on détecte des différences de styles à l'intérieur du
bâtiment, on en déduit qu'il y a eu des modifications par
rapport au plan initial et donc un changement du programme
de construction. Observons par exemple l'image
3 du chevet. La disposition des fenêtres sur
l'abside et les absidioles semble régulière. Ces fenêtres
sont encadrées par des colonnettes portant des voussures en
plein cintre. Jusque là tout semble régulier. Mais on
remarque que ces fenêtres sont inscrites dans des pans de
mur. Ces pans sont séparés par des colonnes adossées à la
paroi. Celles-ci portent, par l'intermédiaire de grands
arcs, les pans de mur qui bordent le toit. On constate que
ces arcs sont dépareillés : certains sont en plein cintre,
d'autres brisés. Mais surtout on remarque que certaines
fenêtres sont décentrées par rapport au panneau où elles
sont inscrites. Selon nous, ce signe d'imperfection est
aussi signe d'une construction en deux temps. Les colonnes
et les grands arcs auraient été ajoutés ulrérieurement pour
permettre de doubler l'épaisseur du mur afin de poser les
culs-de-four des absides qui n'existaient pas auparavant.
Voyons à présent l'image 5
de l'intérieur de l'église. On y voit le transept et
le chœur. A priori, ces parties semblent homogènes
(c'est-à-dire réalisées en une seule campagne de travaux).
Cependant, il est possible qu'il y ait eu deux campagnes de
travaux, la deuxième campagne étant la réfection des parties
supérieures (voûtes en cul-de-four et coupole de croisée du
transept).
Mais c'est surtout l'image
4 qui doit retenir notre attention. On y voit en
premier plan le transept et en deuxième plan le côté Sud de
la nef. Cette nef est à trois vaisseaux, actuellement voûtés
en croisées d'ogives. On y détecte au moins trois, voire
quatre, styles différents. Premier style repérable : les
piliers à plan rectangulaire sont dotés d'impostes qui
servent à supporter les arcs. Des demi-colonnes sont
adossées à ces piliers. Elles portent des chapiteaux. C'est
le deuxième style analogue à celui du transept et du chœur.
Ces chapiteaux sont romans. Ils devaient porter des arcs en
plein cintre. Ce n'est pas le cas : les arcs sont brisés.
Troisième style. Les croisées d'ogives témoigneraient d'un
quatrième style.
Il faut bien comprendre que ce que nous appelons «style» est
en relation avec une étape de construction. Si on estime
qu'entre deux de ces étapes de construction se déroule une
période de plus de 60 ans? on peut évaluer le temps mis à
construire cette nef telle qu'on la voit à plus de deux
siècles. On est donc loin du «deuxième
tiers du XIIesiècle». Cela étant,
ce qui nous intéresse est de retrouver le premier édifice
construit représenté par un chœur et une nef. Un édifice qui
devait avoir un plan idéal. Mais il ne nous est pas possible
de le reconstituer à partir de ces seules images.
Image 6 : Fresque
de l'abside. On y voit les images du Christ en Gloire
encadré par deux anges. Dieu le Père est aussi représenté
sur le cul-de-four de l'abside. Ces fresques datent-elles du
XIIIesiècle ?
Image 7 :
Représentation d'un vieillard de l'Apocalypse, portant un
sceptre et un psaltérion. Deux autres vieillards sont aussi
représentés sur les côtés.
Image 8 : La
Nativité avec l'âne et le bœuf.
Image 9 : Vue de
la crypte.
Image 10 : Fresque
de la crypte ; Christ en Gloire. Pourquoi tient-il entre ses
dents une épée tordue ?
Image 11 : Fresque
de la crypte. En haut, l'Annonciation et la Visitation. En
bas, le Songe de Joseph.
Image 12 : Fresque
de la crypte. Nous ne connaissons pas sa signification.
Datation envisagée pour
l'église Saint-Laurent-et-Notre-Dame
de_Gargilesse-Dampierre :
Comme il est dit ci-dessus, nous manquons d'éléments
permettant d'affiner une datation. L'existence d'impostes
sur les piliers de la nef pourrait permettre d'envisager une
datation antérieure à l'an mille. Mais il faudrait pour cela
effectuer une investigation plus poussée. En conséquence,
par prudence, nous proposons la datation suivante : an 1050
avec un écart supérieur à 100 ans.