L’abbatiale Notre-Dame de Fontgombault
Nous recommandons au lecteur occasionnel
de notre site de lire
cet avis, le lecteur assidu étant quant à lui habitué
à nos prises de position.
La page du site Internet Wikipedia consacrée à cet édifice
nous apprend ceci : « En
1091, Pierre de l'Étoile (Petrus a Stella) et ses
compagnons ermites fondent l'abbaye, sur la rive droite de
la Creuse, près de la fontaine de Gombaud. Devant l’afflux
important de disciples désireux de vivre l’ascèse, Pierre
de l’Étoile crée une communauté soumise à la Règle de
Benoît et en devient l’abbé. Il entame l'édification de
l'église abbatiale mais meurt d’ergotisme quelques années
plus tard, en 1114. Les abbés Guillaume et Airaud lui
succèdent.
Aux XIIeet
XIIIesiècles, l’abbaye étend considérablement
son influence en fondant une vingtaine de prieurés.
Pendant la Guerre de Cent Ans, l'abbaye et ses domaines
sont pris par les Anglais en 1369, jusqu'à ce que Du
Guesclin ne les en chasse en 1372. De cette période
troublée, témoigne la tour ronde fortifiée de l'actuelle
hôtellerie de l'abbaye.(...) »
Il faudrait pouvoir vérifier ces informations, savoir si
elles correspondent à des textes écrits correctement
traduits du latin. D'ores et déjà, on peut émettre des
doutes sur certains points. En moins de vingt-quatre ans,
Pierre de l'Etoile se serait installé avec quelques ermites
dans un endroit, il aurait fondé une communauté, attiré des
fidèles et entamé la construction d'une majestueuse église.
Cela semble un peu exagéré : à titre de comparaison, la
première pierre de la basilique du Rosaire à Lourdes a été
posée 25 ans après les premières apparitions. Ajoutons que
le retentissement des apparitions et miracles de Lourdes a
été sans nul doute plus important que la réputation de
sainteté de Fontgombault. Cela étant, et même s'il y a
exagération, il faut la considérer comme normale. Il s'agit
là d'une réaction très humaine. Toute communauté humaine a
tendance à considérer que l'année de fondation de cette
communauté est l'an 1. Et à oublier que des années ont
précédé cet an 1. On a tendance à s'imaginer que ces moines
sont partis de rien. Mais il y a certainement eu quelque
chose à Fontgombault avant l'année 1091. Quoi ? C'est
difficile à dire tant les situations sont diverses.
Nous n'avons pas visité cette église. Les images qui suivent
sont extraites d'Internet.
Il s'agit d'une église à nef à trois vaisseaux.
Les trois vaisseaux sont voûtés en croisées d'ogives (images 7 et 8).
Les piliers porteurs du vaisseau central sont de type R1111, c'est à dire à
section rectangulaire avec saillie semi-circulaire sur
chaque coté du rectangle. Les arcs reliant ces piliers sont
doubles et en plein cintre.
Nous ne pensons pas que l'église primitive était voûtée en
croisée d'ogives. En effet, la croisée d'ogives est, selon
nous, l'invention caractéristique de l'art gothique. Nous
pensons qu'elle a dû apparaître aux alentours de l'an 1175
et qu'elle s'est très vite répandue. L'église primitive
devait être charpentée, la charpente étant posée sur les
grands arcs transverses et en plein cintre qui existent
encore.
Le chevet est à déambulatoire avec
chapelles rayonnantes (plan de l'image
6). Nous estimons que les chevets à déambulatoire
ont été développés tardivement dans l'art roman (à partir de
l'an 1100). Par contre? on continuera à les construire
pendant toute la période gothique.
Le transept est bas et débordant (image 2, plan de l'image 6,
image 9). Remarque:
nous qualifions de « haut » un transept tel que les
croisillons sont de même hauteur que le vaisseau central de
la nef. Si les croisillons sont d'une hauteur inférieure à
celle du vaisseau central de la nef, le transept est dit «
bas ». Si les croisillons débordent des murs latéraux de la
nef, donnant un plan en forme de croix, le transept est dit
« débordant ».
Nous estimons que lorsqu'un transept est prévu dans le plan
initial de construction, il doit être «haut» : les hauteurs
de la nef du transept et de l'avant-chœur doivent être
égales. De même que les largeurs. Car la croisée du transept
doit être à plan carré pour supporter la coupole de croisée.
En conséquence, si le transept est bas, il y a de fortes
chances qu'il ait été ajouté postérieurement.
Cette hypothèse d'une succession de travaux indépendants les
un des autres est confirmée par le plan en coupe de l'image 9. On y constate
que les élévations de la nef, du transept, de l'avant-chœur
et du chœur sont toutes deux à deux différentes.
Datation
envisagée pour l’abbatiale Notre-Dame de Fontgombault :
An 1100 avec un écart de 50 ans. (datation basée sur la
seule analyse architecturale). Elle correspond aux textes.