L’église Saint-Jacques de Perros-Guirec
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Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter l’église Saint-Jacques de Perros-Guirec. Les images que nous reproduisons ici sont extraites d’Internet.
Ces images fait apparaître une église complexe. Plus complexe en tout cas que les deux édifices vus précédemment : l’église Saint-Gal de Langast et le Temple de Lanleff. Cette complexité est apparente sur l'image 5 de l’intérieur de la nef. Le vaisseau principal est porté à gauche par des piliers cylindriques, et à droite par des piliers cruciformes. Qu’en était-il du vaisseau original, qui pour des raisons d’harmonie, devait être porté par un seul type de pilier, cylindrique ou cruciforme, voire d’une autre forme.
Mais il n’y a pas que cela. Regardons par exemple l'image 7. On y voit un chapiteau qui porte une scène historiée sculptée en bas-relief. Juste au-dessus, on devine une tête sculptée en ronde-bosse, servant de culot à un arc. Il est manifeste que ces deux sculptures sont différentes et appartiennent à des périodes différentes.
En conséquence de ces observations,
l’analyse de cette église Saint-Jacques ne peut être faite
sur cette simple page. Elle nécessite une profonde étude sur
le bâti avec des plans, des repérages sur ces plans, de
nombreuses photographies de piliers et de chapiteaux. Il
semblerait en effet que, primitivement, les piliers aient
été cylindriques. La transformation de piliers cylindriques
en piliers cruciformes aurait provoqué une transformation
des chapiteaux ; ces transformation doivent apparaître après
un examen détaillé.
Dans l’immédiat, essayons de dater certains éléments.
Le chapiteau de l'image 12
représente la scène devenue ultra-classique des «
oiseaux au canthare », une scène que nous ne pensions pas
cependant retrouver en Bretagne. Mais cette scène ne permet
pas de fournir un élément de datation : la scène de «
l’oiseau au canthare » a été représentée du IVeau
XIesiècle.
Les scènes des chapiteaux des images
9, 10 et 11 représentent des scènes énigmatiques,
avec des personnages aux têtes démesurées. Leus aspect
primitif est indéniable.
La scène représentée sur l'image
8 apparaissait tout aussi énigmatique. Nous
pensons pourtant avoir un élément de réponse.
Légèrement à droite du centre de la scène, un personnage
debout, les bras écartés tient par la main, à gauche, un
homme nu, les jambes écartées., et probablement en train de
déféquer. Comment savons nous que cet homme est nu ? Parce
qu’on le retrouve dans la même attitude à l’église de
Fouesnant (Finistère). Nous pensions que ce personnage était
le « bonhomme Annus », représentant l’année. L’explication
que nous allons donner apporte un point de vue différent.
Revenons au personnage principal, au bras écartés. Regardons
à présent la scène derrière ce personnage. Il semblerait
donc qu’il y ait en arrière un autre personnage assis sur un
fauteuil. Et on dirait bien qu’au pied du fauteuil et à
gauche il y ait un oiseau. L’ensemble représenterait la
SainteTrinité : Dieu le Père dans son fauteuil, le Saint
Esprit sous la forme d’une colombe et Jésus-Christ, l’homme
aux bras écartés. Il tiendrait, d’un côté, Adam, responsable
du Péché Originel, symbolisé par une crotte. Et de l’autre
côté, une plante s’enroulant en spirale qui serait l’Arbre
de Vie.
La dévotion à la Sainte Trinité a été plus importante aux
alentours de l’an 800. C’est vers cette date que nous
placerons la datation de cette sculpture ... et de l’église
Saint-Jacques : an 850 avec un écart supérieur à 150 ans.
Ajout
effectué en novembre 2020
Nous avons pu effectuer la visite de cette église à la fin
du mois d'août 2020. Cela nous permet de compléter notre
galerie de photographies (images
de 13 à 33).
Les nouvelles images apportent quelques
informations supplémentaires. La principale de ces
informations concerne le tympan du portail Sud (image
14). Nous l'avions vu précédemment (image
3), mais nous ne l'avions pas commenté. Sans doute
parce que nous ne pouvions pas en dire grand-chose. En fait,
ce n'est pas un vrai tympan, mais un assemblage de blocs de
pierres comblant le vide en forme de demi-disque situé entre
le linteau et l'arc de décharge qui protège le linteau.
Parmi les blocs, trois pierres se distinguent : un lion
dressé à la verticale, le Christ en gloire et un oiseau très
stylisé. Cet assemblage de trois pierres nous serait apparu
totalement hétéroclite si nous ne l'avions pas rencontré peu
de temps auparavant sur le tympan de la chapelle
Nôtre-Dame de Kernitron à Lanmeur. On y trouve les
mêmes figures : un lion , un oiseau stylisé, un Christ en
gloire. Les attitudes sont les mêmes : le Christ est assis.
Il fait le geste de la «main divine» (bras levé, main
dressée, trois doigts levés, deux doigts fermés). La
«mandorle» qui l'entoure n'a pas une forme d'amande. Ce sont
deux arcs de cercle symbolisant sans doute la terre et les
eaux qui l'entourent, pour le cercle du bas, et le ciel,
pour le cercle du haut. Lors de notre commentaire sur la
chapelle de Kernitron, nous avions émis des doutes sur
l'interprétation qui était donnée de cette scène, le
Christ entouré des symboles des quatre évangélistes. Nos
doutes sont ici confirmés : le lion et l'oiseau ne
symbolisent probablement pas les évangélistes Marc et Jean.
Mais alors que représentent-ils ?
Les images 15 et 16 sont
celles de plusieurs chapiteaux très dégradés qu'il nous est
difficile d'identifier.
Les images
17, 18, 19 et 20 permettent d'avoir une idée de la
nef et des collatéraux. On constate l'interruption des
colonnes engagées qui s'effectue dans la partie supérieure
au niveau du sommet des arcs. Ceci signifie que toute cette
partie supérieure a été refaite.
Nous avions raconté auparavant à quel point cette église
nous apparaissait énigmatique et nous pensions lever le
voile en la visitant. Elle reste cependant toujours
énigmatique. La première surprise vient du fait que la
colonnade côté Nord est très différente de la colonnade Sud
(images 17, 18).
Cette différence est exceptionnelle : dans toutes les nefs à
trois vaisseaux rencontrées jusqu'à présent, il y a identité
entre les parties Nord et Sud d'une nef. On pourrait penser
que primitivement, les deux colonnades étaient identiques,
mais que plus tard, par suite d'un problème quelconque, il a
fallu remplacer une colonnade par une autre différente de la
première. Seulement voilà ! les arcades situées au-dessus
des colonnades sont identiques entre elles ! L'hypothèse est
donc peu probable. Par quoi la remplacer ? S'agit-il d'un
choix délibéré de l'architecte : des colonnes cylindriques
au Nord, des piliers cruciformes au Sud ? Là encore, c'est
peu probable à cause des sculptures des chapiteaux : en
bas-relief au Nord, en ronde-bosse au Sud. Nous envisageons
plutôt l'hypothèse suivante : un premier édifice à colonnes
cylindriques a été construit. Ultérieurement on a décidé de
construire un nouvel édifice en utilisant les colonnes
cylindriques préexistantes ou peut-être même en refaisant
des colonnes cylindriques afin de remployer les chapiteaux
préexistants. Puis l'architecte a fait installer les piliers
cruciformes. Et il a fait monter sur les colonnes et sur les
piliers les arcs doubles que nous voyons actuellement.
Nous avons donné précédemment une
interprétation de l'image
22 (lire plus haut le commentaire sur l'image
8). Nous
ne sommes pas certains de sa justesse et attendons d'autres
interprétations possibles.
La scène de l'image 24 représente
probablement la Sacrifice d'Abraham. Les volutes ert des
rouelles sont visibles sur le chapiteau de l'image
23.
On peut voir des représentations analogues à des fleurs de
lys sur les images 26 et
28. Nous
avons déjà parlé de la scène des «oiseaux au canthare», bien
visible sur l'image 30.
Hormis le chapiteau de gauche de l'image
29, qui
pourrait peut-être représenter un homme dans une gueule
(lion dévorant), nous n'avons pas d'idée sur les autres
scènes représentées.
La dernière image, l'image
33, est celle d'une cuve baptismale probablement
antérieure à l'an mille. Sont représentés quatre hommes nus,
assis, les jambes relevées. Ils ont les bras levés dans une
attitude d'orants ou d'atlantes.
Ajout
le 14 janvier 2023
Nous avons pu à nouveau visiter l'église de Perros-Guirec.
C'était avec un groupe d'amis en novembre 2022.
Lors de notre visite, nous avons entendu des interprétations
de l'image 22 différentes
de la notre. Ce serait une scène de conception ou
d'accouchement. Et il faut reconnaître que le caractère
sexuel apparaît clairement. Cependant il semblerait bien que
l'ensemble de la scène raconte une histoire. Et nous ne
savons pas de quelle histoire il s'agit.
La scène reproduite sur les images
24 puis 34 pourrait représenter le sacrifice
d'Abraham. Abraham fait mine de frapper son fils Isaac qui a
la tête courbée. Au-dessous d'Isaac, l'agneau qui doit le
remplacer.
Nous n'arrivons toujours pas à identifier la scène de l'image 35. Les deux
personnages situés au milieu sur l'image
36 pourraient être, Ève, à gauche et, Adam , à
droite. On retrouverait Adam cueillant le fruit défendu à
l'extrême droite.
Quatre personnages derrière une table de banquet occupent l'image 37. Les
références bibliques sont nombreuses : la Sainte Cène, le
repas chez Siméon, les Noces de Cana, etc.
Au centre de l'image 38 un
gros personnage tient une corde. Cette corde est attachée
autour du cou d'un autre homme, aux jambes repliées. Nous
rapprochons cette scène de celle que nous avons appelée, le
« singe cordé » ; une scène dont nous ne connaissons pas la
signification.
Auparavant, nous n'avions pas pu comprendre l'image
11 Grâce à l'image
39 nous pouvons distinguer deux mammifères (des
lions?) dont les corps de croisent qu niveau des cous.
Par ailleurs nous pouvons à présent décrire l'image
10 : deux lutteurs opposés tête à tête.