L’église Saint-Guénolé de Locquénolé
Nous n’avons eu connaissance que récemment de l’existence de
cette église qui présente pour nous un gros intérêt
architectural.
La nef (images 2, 3 et 4)
est à trois vaisseaux charpentés. Les piliers sont
rectangulaires, de type R0000.
Ce type de pilier est associé à des arcs simples. Ce que
l’on peut vérifier immédiatement sur les images. Cette nef
est à plan basilical, un plan directement issu des
basiliques romaines. D’ailleurs, depuis que nous rencontrons
ce type de nef, nous avons tendance à les qualifier de «
romaines » ; et non de « romanes », qualificatif attribué
jusqu’à présent par les historiens de l’art. Seule
différence par rapport aux basiliques romaines : il devrait
y avoir des fenêtres hautes percées dans le mur gouttereau
du vaisseau central. Peut-être existent-elles encore sous
l’enduit qui recouvre ce mur ? Peut-être aussi qu'une visite
des combles permettrait de les retrouver ?
Lorsque nous avons construit des cartes
interactives des monuments, nous avons défini des drapeaux
de couleurs différentes correspondant aux périodes
(300-500), (500-800), (800-1000), (1000-1150). Il ne s’agit
là que de dates indicatives et approximatives. Dans la
pratique, les dates que nous proposons sont assorties d’une
forte marge d’incertitude pouvant dépasser 150 ans. Soit un
intervalle de temps supérieur à 300 ans.
Nous rangeons le type de nefs analogues à celle de
Locquénolé sous le drapeau orange
correspondant à la période (500-800).
Les arcs sont portés par des impostes à chanfrein vers
l’intrados de l’arc (images
5 et 6). Nous estimons que ce type d’imposte a été
utilisé à la fin de la période des basiliques « romaines ».
On le retrouve en de nombreux endroits. Comme dans le cas
présent, ces impostes sont en général très peu décorées,
moins que l’ont été les chapiteaux. Nous pensons que cette
absence de décor d’impostes correspond à un choix délibéré.
Car la principale ornementation devait être faite sur les
murs, grâce à des fresques. Et un décor sculpté des impostes
ne devait pas nuire au message transmis par les fresques.
La croisée du transept (images
8, 9, 10) nous présente un style tout à fait
différent de celui de la nef.
Lorsque nous avons visité cette église, certains détails ont
échappé à notre attention. Et ce n’est qu’en examinant de
plus près les photographies prises que nous avons pu estimer
l’intérêt que pourrait présenter une étude plus approfondie.
Examinons l'image 8. Au premier plan, on
peut voir, à gauche, un pilier. À ce pilier, est adossée une
colonne demi-cylindrique portant un chapiteau. Lequel
chapiteau porte un arc désigné sous le nom : arc triomphal.
Au second plan, on peut voir un second arc, l’arc absidal,
qui sépare le transept de l’abside. On constate que ce
second arc, plus élevé que l’arc triomphal, ne repose pas
sur des chapiteaux. Il est possible que ce second arc ait
été créé à une époque postérieure lors d’une réfection de
l’abside en remplacement d’un autre arc de même hauteur que
les trois autres, celui-ci reposant sur les chapiteaux.
Mais ce n’est pas là l’essentiel. Revenons à notre image
8 et au chapiteau de gauche. Nous avons dit que
l’arc triomphal reposait sur ce chapiteau (et son symétrique
à droite non visible sur l’image). En fait, nous avons
commis une petite erreur : l’arc triomphal ne repose qu’en
partie sur le chapiteau ! Une partie repose sur le chapiteau
par l’intermédiaire d’une dalle peu épaisse. L’autre partie
repose sur la partie quadrangulaire du pilier par
l’intermédiaire d’une pierre sculptée apparentée à une
imposte. Nous pensons que, à l’origine, c’est cette pierre
monolithe de grandes dimensions qui supportait l ‘arc
triomphal. Intacte à gauche, elle apparaît à droite coincée
entre le chapiteau et la dalle peu épaisse. Elle a été en
partie bûchée dans le prolongement des parties inférieures
(pilier et colonne adossée).
Par ailleurs, la même image
8 fait apparaître que l’arc triomphal est décoré.
Bien que l’arc soit simple, le décor se décompose en deux
bandes concentriques. La bande inférieure est ornée de
zigzags formés à partir de plusieurs traits incisés. La
bande supérieure est ornée de simples croix de Saint André
obtenues par un seul trait incisé. Le caractère primitif de
la représentation nous fait penser qu’on se trouve en
présence de l’arc triomphal primitif qui séparait la nef de
l’abside primitive. Cet arc était soutenu par l’imposte,
actuellement très endommagée.
Plus tard, à une période que nous pourrions qualifier de «
romane », la mode avait évolué et les impostes non décorées
ont été remplacées par des chapiteaux historiés.
Examinons à présent ces chapiteaux.
Cetains d’entre eux ont déjà fait l’objet d’une description
dans une page
précédente consacrée à l’abbaye de Landévennec. En
effet, dans le musée de cette abbaye, sont exposées diverses
photographies en noir et blanc de chapiteaux non localisés à
Ladévennec. Jusqu’à présent, nous ignorions l’origine de ces
chapiteaux.
Ainsi le chapiteau de l'image
12 de Locquénolé correspondrait au chapiteau de l'image 28 de
Landévennec.
Et le chapiteau de l'image
17 de Locquénolé correspondrait au chapiteau de l'image 30 de
Landévennec.
Nous ne sommes pas certains que celui de l'image
14 de Locquénolé soit celui de l'image
31 de Landévennec. Mais si ce n’est pas le cas, la
ressemblance est forte.
Le chapiteau des images
18 et 19 de Locquénolé est celui de l'image
29 de Landévennec.
Les autres chapiteaux non observés à Landévennec sont ceux
des images 11, 13, 15, 16.
Dans la page consacrée à Landévennec, après avoir observé l'image 30 de cette page
(c’est-à-dire l'image 17 de
l’actuelle page), nous en avons déduit que la figure
représentée était un corps humain très stylisé dont la tête
de forme triangulaires est encadrée par deux volutes. Nous
retrouvons cette tête (ou triangle ) encadrée par deux
volutes sur les images
nouvelles 11, 13, 15 et 16.
L’hypothèse selon laquelle l'image
17 était celle d’un corps humain assis, bras et
jambes « en tailleur » est confirmée par l'image
15 plus explicite.
Sur l'image 11, on peut voir la
silhouette d’un homme aux jambes écartées et aux bras levés.
Son attitude est celle d’un orant. Remarquons les doigts
allongés d’une façon démesurée.
Il y a dans cette église des œuvres d’art intéressantes : un
bras reliquaire du XVesiècle (image
20), et des bannières de procession que nous datons
du XVIIIesiècle
(image 21).
Datation
Datation envisagée pour la nef : an 750 avec un écart de 150
ans.
Datation envisagée pour le transept (non compris l’arc
triomphal qui serait antérieur) : an 950 avec un écart de
100 ans.