Autres églises de l'Oise susceptibles de dater du 1er millénaire (page 1/2) 

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Les édifices étudiés dans cette page intitulée « Autres églises de l'Oise susceptibles de dater du 1er millénaire (page 1/2) » n’ont pas fait l’objet de visites de notre part. Nous les avons identifiés principalement à partir des sites Internet très documentés, tels que Wikipédia (catégorie : églises romanes de l'Oise) ou « Églises de l'Oise ». Les images ci-dessous sont issues d'Internet.

Les quatre églises décrites dans cette page sont : l'église Saint-Rémy d'Agnetz-Ronquerolles, l'église Saint-Nicolas d'Angy, l'église Saint-Pierre de Béthisy-Saint-Pierre, l'église Saint-Martin de Breuil-le-Vert.




L'église Saint-Rémy d'Agnetz-Ronquerolles

Nous présentons ci-dessous quelques extraits du texte du site Internet « Églises de l'Oise » :

« Autrefois dénommé Saint-Rémy-sous-Clermont, Saint-Rémy-l’Abbaye était en réalité un simple prieuré dépendant de l’abbaye bénédictine de Saint-Germer-de-Fly. [...] Longtemps utilisé comme grange d’une exploitation agricole, l’édifice a connu par la suite une restauration très poussée mais respectueuse de l’état d’origine, du moins pour ce qui peut être apprécié depuis l’extérieur de la propriété, car il n’est malheureusement pas ouvert à la visite. Les dessins et la description d’Eugène Woillez ainsi que les photos antérieures aux restaurations permettent cependant d’en effectuer une description très précise.

Construit à la charnière des XIe et XIIe siècles, cet édifice pleinement roman et peu modifié est aujourd’hui réduit à sa ne
f. [...]

La nef est de type basilical – c’est-à-dire avec bas-côtés – et comporte quatre travées matérialisées par autant d’arcades en plein cintre reçues sur des piles carrées par l’intermédiaire d’un tailloir qui en fait le tour, parfois décoré de motifs géométriques. La quatrième et dernière travée est toutefois différente car l’arcade comporte un ressaut et, vers l’est, retombe sur une demi-colonne par l’intermédiaire d’un chapiteau. Celui du nord comporte un décor de godrons, un thème originaire de Normandie, et celui du sud a sa corbeille décorée en faible relief de petites feuilles stylisées. Le traitement particulier de cette dernière travée répondait certainement à la volonté de mettre l’accent sur l’entrée dans l’espace liturgique proprement dit. »


Le texte ci-dessus permet de comprendre pour quelles raisons les photographies apparaissent anciennes. Elles auraient été prises en 1969, avant la restauration des bâtiments. Comme d'habitude, les bâtiments sont datés du XIe-XIIe siècle (il est même précisé : « à la charnière du XIe-XIIe siècle »). Nous estimons la datation nettement antérieure. Le premier élément qui permet d'envisager une haute datation est le portail de la façade occidentale (image 3). Nous considérons que ce portail n'est pas roman. D'une part, il est surmonté d'un linteau en bâtière (estimé préroman). D'autre part, il n'y a pas de tympan : l'espace libre compris entre le linteau et l'arc de décharge est rempli d'une marqueterie de petites pierres de forme cubique. Là encore, le modèle serait préroman.


Il aurait été intéressant de disposer d'une vue entière de de la nef. Cependant, l'image 7 et le plan de l'image 1 permettent d'en avoir une bonne idée. C'est une nef à trois vaisseaux charpentés. Le vaisseau central est porté par des piliers rectangulaires de type R0000. Les trois premières travées à partir de l'Ouest sont semblables. Les arcs reliant les piliers sont à simple rouleau et portés par des impostes. La travée la plus proche du transept est quant à elle un peu différente des précédentes : les arcs sont à double rouleau. Ils sont portés par des chapiteaux (plus exactement, le système chapeau-tailloir). Reprenons le texte d'Internet : « Le traitement particulier de cette dernière travée répondait certainement à la volonté de mettre l’accent sur l’entrée dans l’espace liturgique proprement dit. » . Cela signifie sans doute que, selon l'auteur, tout a été fait en même temps : la nef et le transept. On aurait mis des chapiteaux dans cette travée et dans le transept pour que ça fasse plus joli. Nous avons une lecture tout à fait différente. Nous pensons en effet que l'arc double est plus évolué que l'arc simple et que de même le système chapiteau-tailloir (en général associé à l'arc double) est plus évolué que l'imposte. En conséquence, les deux parties de cette église, d'un côté les trois premières travées de nef, de l'autre la dernière travée de nef et le transept (image 6), ne seraient pas le résultat d'une seule campagne de travaux, mais de deux successives.

Et quand on parle de deux campagnes successives, il faut être bien conscient que l'intervalle de temps entre les deux campagnes doit être évalué plus en siècles qu'en décennies.

Les impostes des travées de nef ont un chanfrein orienté dans toutes les directions. Nous estimons cette forme d'imposte plus ancienne que celle à chanfrein vers l'intrados.

Les chapiteaux associés à la dernière travée de nef et au transept témoignent d'un certain archaïsme : larges feuilles étalées (images 11, 14, 15), godrons (image 17), feuilles dressées (image 18). Il en est de même pour les tailloirs à décors géométriques (images 12 et 13).


Datation envisagée :

Pour les trois premières travées de nef de l'église Saint-Rémy d’Agnetz-Ronquerolles : an 650 avec un écart de 200 ans.

Pour la quatrième travée de nef et le transept de l'église Saint-Rémy d’Agnetz-Ronquerolles : an 950 avec un écart de 100 ans.





L'église Saint-Nicolas d'Angy

Selon la page du site Internet Wikipédia : « D'après la tradition, l'église aurait été fondée à la fin du Xe siècle ou au début du XIe  siècle par Adélaïde d'Aquitaine, épouse du roi Hugues Capet. ». Nous ignorons si cette tradition correspond à la réalité. Une autre tradition est quant à elle bien réelle : celle des historiens de l'art qui s'obstinent à nier l'existence d'édifices antérieurs à l'an mille. Cette tradition apparaît clairement dans la suite du texte de Wikipédia : « Rien ne subsiste de l'église primitive du Xe siècle. ». Les phrases de ce texte suivant immédiatement reflètent d'autres attitudes traditionnelles des historiens de l'art.

Pour la première : « La nef de l'église actuelle est datable de la première moitié du XIe siècle, et le bas-côté nord du second quart du XIIe siècle. ». L'idée générale est la suivante : tout ce qui pouvait exister avant l'an mille a disparu. À partir de l'an mille, il y a eu un essor mais on a commencé petitement en construisant des nefs à un seul vaisseau. Puis ces nefs ont été agrandies par la construction de collatéraux. Notre interprétation est tout à fait différente : la nef initiale était à trois vaisseaux. Ce qui signifie que le vaisseau central et le collatéral Nord ont été construits durant la même période. Il devait y avoir un collatéral côté Sud qui a été détruit ultérieurement (les occasions de destructions n'ont pas manqué : guerre de cent ans, guerres de religion).

Pour la seconde : « En remplacement du sanctuaire roman, sur lequel l'on ne dispose d'aucun renseignement, le transept, le clocher en bâtière et le chœur, sont édifiés au tout début de la période gothique. L'achèvement peut être situé vers 1160 environ. ». La tradition serait plutôt spécifique chez les historiens de l'art de l'Île-de-France. Chacun sait ou doit absolument savoir que l'art gothique est né au Nord de la France et qu'il a fini par s'imposer à toute l'Europe. Il est donc évident qu'il soit né au XIIe siècle alors que partout ailleurs on ne connaissait que l'art roman … du XIIe siècle. Beau raisonnement mais il y a un petit détail qui cloche : au XIIe siècle, la Gothie, c'était au Sud de la France … pas au Nord.

Les images 19 à 24 font apparaître une nef charpentée à deux vaisseaux. Comme nous l'avons écrit précédemment, la nef primitive devait être à trois vaisseaux mais le collatéral Sud a été supprimé. Le vaisseau central devait être porté par des piliers rectangulaires de type R0000 qui eux-même portaient des arcs simples (images 22 et 23). Il n'est malheureusement pas possible de vérifier l'appareil de pierres car l'ensemble est recouvert d'un enduit. On peut cependant penser que cet enduit récent a servi à « cacher la misère » de parois très dégradées, et, sans doute, très anciennes.

Datation envisagée pour l'église Saint-Nicolas d'Angy : an 800 avec un écart de 150 ans.





L'église Saint-Pierre de Béthisy-Saint-Pierre

Les vues des façades Ouest et Nord de la nef (images 25 et 26), complétées par l'examen du plan (image 27), font immédiatement envisager un plan basilical, et en conséquence, l'ancienneté de l'édifice.

À l'inverse, l'examen des piliers quadrangulaires, de la moulure des impostes, des arcs en plein cintre surlignés d'une fine moulure (image 30), nous a fait penser à une production plus tardive, classique ou baroque (XVIIe-XVIIIe siècle). Cette impression est cependant contredite par le fait que la voûte sur croisée d'ogives du vaisseau central (images 28 et 29) doit dater du XVe, voire du XVIe siècle.

Nous sommes donc un peu hésitants. Il est possible que la nef ait subi une cure d'embellissement en période baroque : murs, piliers et impostes recouverts de stuc.

Datation envisagée pour l'église Saint-Pierre de Béthisy-Saint-Pierre : an 900 avec un écart de 150 ans.





L'église Saint-Martin de Breuil-le-Vert

Pour cette église, seul le mur Sud de la nef (en bas à droite du plan de l'image 31) apparaît ancien. Ce mur devait être le mur gouttereau Sud du vaisseau central d'une nef à trois vaisseaux. Ce mur était porté par des grands arcs, eux-mêmes portés par des piliers rectangulaires. Ultérieurement, les baies protégées par ces grands arcs qui permettaient d'accéder dans le collatéral Sud ont été murées. Ne restent visibles que les arcs et les piliers tant à l'intérieur (images 32, 33, 34) qu'à l'extérieur (non reproduit sur cette page).

Il nous a semblé important de recueillir les images des impostes des piliers (images 35 à 39), et ce pour deux raisons.

La première vient du fait que ce ne sont pas des impostes. Car si l'on observe bien les images, on réalise que l'on n'a pas une, mais trois pierres assemblées. De plus, ces pierres sont disparates, provenant de décors différents : feuillages (images 35, 36, 37), feuilles dressées (images 38, 39), volutes (images 35, 38), stries obliques ou verticales (images 36, 37, 38, 39), rosace (image 39), et même un masque animal stylisé (image 36).

La seconde de ces raisons vient des questions que posent ces représentations. Il semblerait que ces diverses pierres placées d'une façon hétéroclite aient remplacé les impostes d'origine. Quelles étaient les impostes d'origine ? D'où viennent les pierres actuelles ? Permettent-elles d'avoir une datation de l'ensemble ?

Datation envisagée pour l'église Saint-Martin de Breuil-le-Vert : an 850 avec un écart de 200 ans.