Autres monuments de Belgique 

• Benelux    • Article précédent   • Article suivant    

   

Nous étudions dans la présente page les trois églises suivantes :

Dans la province de Liège : Clavier (Église Saint-Lambert de Bois)
Dans la province de Luxembourg Belge : Gouvy (Église Saint-Vincent de Cherain)Durbuy (Église Sainte-Walburge de Wéris).

Nous n'avons pas visité ces églises Les images ci-dessous sont extraites d'Internet.



L'église Saint-Lambert de Bois (Clavier)

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Historique : La paroisse Saint-Lambert de Bois est mentionnée dès 911, mais l'église romane actuelle date du XIIe siècle, sauf la tour qui a été rebâtie au XIXe siècle par l'architecte Jean-Lambert Blandot.

Le chœur et la nef centrale de l'église font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 1er août 1933.

Architecture : L'église est de petites dimensions par rapport à sa voisine Saint-Remacle d'Ocquier, située comme elle sur le territoire de la commune de Clavier.

Elle présente globalement la même structure que cette dernière (clocher formant façade, nef, travée de chœur, abside semi-circulaire et collatéraux nettement plus bas que la nef) à une différence remarquable près : les absidioles sont situées à l'ouest, de part et d'autre du clocher, au lieu d'être disposées à l'est, de part et d'autre de l'abside centrale.

L'église présente toutes les caractéristiques du “premier art roman” ou “premier âge roman” (souvent appelé art roman lombard).

Édifiée en moellons comme tous les édifices du “premier âge roman”, elle présente au niveau de l'abside orientale et des absidioles occidentales une décoration de bandes lombardes (surfaces de maçonnerie surmontées de petits arcs en plein-cintre et rythmées par des pilastres appelés lésènes). 
»


Commentaire de ce texte

Nous connaissons ce type de discours pour le voir reproduit presque systématiquement à chaque description de monument. Une église est citée avant l'an mille (ici en 911), MAIS ! ... « l'église romane actuelle date du XIIe siècle ». On ne sait pas ce qu'est devenue l'église «mentionnée dès 911 » et qui existait probablement avant cette date. On ne se pose même pas la question de savoir s'il subsiste quelque chose de cette église. Et s'il y a un imbécile heureux né à Saint-Lambert de Bois (pour paraphraser une chanson de Georges Brassens), il ne se lève pas pour affirmer haut et fort que son église, antérieure au Xe siècle, est la plus ancienne de toute la Belgique. Ce qui n'est peut-être pas le cas ! Mais le dire haut et fort pourrait peut-être inciter d'autres que lui à la réflexion.

À l'extérieur, on note que l'abside principale nous paraît un peu surdimensionnée par rapport au vaisseau central de la nef. Nous estimons que les arcatures lombardes qui la décorent sont de première génération (image 3). Ce qui signifie que cette abside date bien du premier art roman (du XIe siècle et non du XIIe siècle). Il nous semble que les absidioles situées côté Ouest (images 2 et 4) sont nettement plus récentes : peut-être du XIXe siècle au moment de la restauration du clocher ? En tout cas, leur emplacement et leur plan semi-circulaire constituent ce que l'on pourrait appeler une hérésie architecturale (par rapport à l'architecture du XIIe siècle). Si ces absidioles sont bien du XIIe siècle, une explication est exigible.

Les images 5 et 6 font apparaître que la nef est, quant à elle, préromane.


Datation envisagée pour la nef de l'église Saint-Lambert de Bois (Clavier) : an 800 avec un écart de 125 ans.

Datation envisagée pour le chevet de l'église Saint-Lambert de Bois (Clavier) : an 1125 avec un écart de 75 ans.




L'église Saint-Vincent de Cherain (Gouvy)

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Historique : Cet édifice de style roman mosan a été probablement érigé au cours du XIe siècle en remplacement d'un ancien lieu de culte déjà mentionné dès 814. Plusieurs remaniements et restaurations ont été opérés successivement en 1694 (par le prieur Bernard Tabar de Brisy), en 1788, en 1884 et en 1957 (par l'architecte Albert Degand de Bruxelles).

Architecture : L'édifice bâti principalement en moellons de grès se compose d'une triple nef de quatre travées avec arcades aveugles encerclant les baies et un chevet à trois pans coupés. La tour est coiffée d'une toiture en ardoises à deux niveaux octogonaux à base concave avec abat-son et flèche surmontée d'une croix en fer forgé. Une chapelle a été ajoutée au XVIe siècle en prolongement de la nef sud.
»


Commentaire de ce texte

Notre raisonnement est identique à celui établi pour l'église précédente à la différence près que cette église est mentionnée en l'an 814, soit un siècle avant Saint-Lambert de Bois. Cette dernière remarque n'a pas de conséquence majeure : les documents qui subsistent de cette époque sont rares et leur conservation tient du hasard. Il est fort possible que l'église Saint-Lambert de Bois soit plus ancienne que l'église Saint-Vincent de Cherain mais que les documents témoins de cette plus grande ancienneté aient été perdus.

Sur l'image 9 on voit que les piliers sont de type R0001. Nous pensons qu'à l'origine ils étaient de type R0000 mais qu'ultérieurement, des pilastres on été accolés aux piliers du côté du vaisseau central (les piliers devenant de type R0001), peut-être dans le but de voûter le vaisseau central.


Datation envisagée pour la nef de l'église Saint-Vincent de Cherain (Gouvy) : an 750 avec un écart de 200 ans.




L'église Sainte-Walburge de Wéris (Durbuy)

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Historique : L’église Sainte-Walburge de Wéris est le résultat d’une évolution complexe. Sur des éléments remontant à l’époque romane (XIe siècle et XIIe siècle), la construction a été remise au goût du jour aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, puis fortement restaurée dans le goût “archéologique” au début du XXe siècle. Simple dépendance de la paroisse de Tohogne, l’église Sainte-Walburge est remarquable par sa taille : ses trois nefs laissent supposer une fondation par le détenteur des droits seigneuriaux au XIe siècle, à savoir le comte de Dubuy.

Architecture : L'édifice est construit en pierres calcaires, moellons de grès et en poudingue, la pierre locale très présente aux alentours du village. La tour carrée romane datant du XIe siècle mesure une hauteur de 14 mètres, compte quatre niveaux avec percements remaniés au
XXe siècle et est coiffée d'une flèche octogonale. La tour est adossée à une nef rectangulaire du même style et de la même époque dont les piliers originaux, maçonnés, ont été remplacés par des colonnes gothiques en pierre en 1532, comme daté sur le chapiteau de l'une d'elles. L'édifice actuel possède une triple nef de cinq travées et une abside semi-circulaire. Au XVIe siècle, construction d'une chapelle seigneuriale gothique au sud du chœur et, au XVIIIe siècle, édification au nord du chœur d'une sacristie agrandie au cours du XXe siècle qui voit aussi la construction d'une tourelle d'escalier et d'un baptistère. »


Commentaire de ce texte

On retrouve les mêmes poncifs que précédemment : cette église est romane des XIe et XIIe siècles. À la différence que cette église n'est pas mentionnée avant l'an mille mais vu la perte d'un grand nombre de textes et la rareté de ceux qui restent, l'absence d'un texte antérieur à l'an mille n'est pas significative.

Dans la phrase suivante, «
la construction a été remise au goût du jour aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, puis fortement restaurée dans le goût “archéologique” au début du XXe siècle.», nous comprenons à peu près ce que signifie le « goût du jour aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle » (style baroque) mais avons quelques difficultés à comprendre les mots « fortement restaurée dans le goût “archéologique”... » , dans la pratique de ce qui a été réalisé.

Les mots «
nef rectangulairedont les piliers originaux, maçonnés, ont été remplacés par des colonnes gothiques en pierre en 1532 » sont pour nous importants car ils confirment ce que nous pensons au sujet des nefs à colonnes cylindriques. Celles-ci auraient été prépondérantes dans les églises paléochrétiennes. Elles auraient été par la suite remplacées par les nefs à piliers rectangulaires. Puis on les aurait retrouvées dans les périodes Renaissance et Baroque mais principalement dans les restaurations des églises : les piliers à profil rectangulaire auraient été remplacés en sous-œuvre par des colonnes cylindriques. Il ne faut cependant pas faire de ce raisonnement une règle systématique car certains pays comme l'Italie auraient gardé au cours des siècles une préférence pour les colonnes cylindriques (sans réelle exclusion des piliers rectangulaires).

On constate sur les images 16 et 18 que le remplacement des piliers par des colonnes cylindriques ne s'est pas fait en une seule étape de travaux (différences de hauteur des piliers).

Nous sommes un peu surpris par la date de 1532 qui nous semble un peu tardive. D'autant que l'on observe une certaine contradiction dans la phrase «
colonnes gothiques en pierre en 1532 » : l'art gothique s'est développé au XIIIe siècle, au XIVe siècle, voire au XVe siècle, Mais pas au XVIe siècle où l'on assiste à l'art renaissant.


Datation envisagée pour la nef d'origine de l'église Sainte-Walburge de Wéris (Durbuy) : an 800 avec un écart de 200 ans.