Le Palais de Dioclétien à Split
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Nous avons visité ce monument à deux reprises (en 2014 et
2024). La plupart des images de cette page ont été prises
lors de ces visites. Les autres sont extraites de galeries
d'images d'Internet.
Dioclétien
La page du site Internet Wikipédia consacrée à Dioclétien
nous apprend ceci :
« Dioclétien (né vers
le 22 décembre 244 en Dalmatie – mort le 3 décembre
311/312), est un empereur romain qui régna du 20 novembre
284 au 1er mai 305. [...]
Avec
son accession au pouvoir, Dioclétien met fin à la crise du
troisième siècle. Il nomme coempereur (d'abord César puis
Auguste) son collègue Maximien Hercule en 286. Chaque
Auguste se choisit un nouveau, chargé de le seconder dans
sa partie d’empire et destiné à succéder à l'Auguste qu'il
assistait dans un premier temps. Le 1ermars
293, les deux généraux choisis furent Galère, par
Dioclétien, et Constance Chlore, par Maximien. En vertu de
cette “Tétrarchie”, chaque empereur règne sur un quart de
l'Empire. [...]
Bien
qu'efficace, le système tétrarchique s'effondre après son
abdication à cause des revendications concurrentes de
Maxence et de Constantin, fils respectifs de Maximien et
de Constance. La persécution de Dioclétien(303-311), la
dernière et la plus sanglante persécution officielle du
christianisme, ne vient pas à bout de la communauté
chrétienne de l'Empire. [...]
En
dépit de ses échecs, les réformes de Dioclétien ont
fondamentalement changé la structure du gouvernement
impérial romain et contribuent à stabiliser l'Empire
économiquement et militairement, ce qui permet à l'Empire
de perdurer encore deux siècles, alors qu'il était au bord
de l'effondrement durant la jeunesse de Dioclétien.
Affaibli par la maladie, Dioclétien quitte le pouvoir le 1ermai
305, devenant ainsi le seul empereur romain à abdiquer
volontairement. Il se retire dans son palais sur la côte
dalmate. Son palais deviendra le cœur de la ville moderne
de Split. »
Nos commentaires sur ce
texte
On ne peut présenter la ville de Split en omettant de parler
de Dioclétien, un personnage hors du commun. Le texte
ci-dessus évoque quelques faits marquants de sa vie, comme
l'invention du système politique de la tétrarchie ou la
persécution des chrétiens. Même si les habitants de Split
semblent l'apprécier pour l'héritage culturel qu'il a donné
à leur ville, il a laissé un mauvais souvenir pour les
historiens d'un passé pas si lointain. Cela à cause des
persécutions vis-à-vis des chrétiens. Et ce, à l'inverse de
Constantin qui, lui, a libéré les chrétiens. Mais il faut
être réaliste : la plupart des informations que nous avons
sur lui étant de sources chrétiennes, il est possible qu'il
y ait eu un manque d'objectivité. Le récit qui nous a été
donné concernant les persécutions des chrétiens se traduit
dans une imagerie d’Épinal produite en regard des textes :
la pauvre esclave enchaînée jetée en pâture au lion affamé.
Nous pensons que la vérité est un peu différente. Certes, il
y a eu des persécutions. Mais le plus souvent, ces
persécutions devaient se manifester par des amendes ou des
prélèvements par des taxes spéciales. Il a dû y avoir des
pogroms, des emprisonnements judiciaires mais rarement des
condamnations à mort. Il faut aussi comprendre que les
chrétiens devaient constituer une sorte de parti analogue à
un parti politique. À l'heure actuelle encore, dans de
nombreux pays, le religieux et le civil sont étroitement
liés. Au premier siècle de notre ère, cela devait être plus
important encore. Nous pensons que lorsque Dioclétien a pris
le pouvoir, il s'est trouvé face à un double problème : le
problème de la mésentente entre les armées romaines d'Orient
et d'Occident et le problème de l'importance grandissante
des chrétiens.
La mésentente entre les
armées romaines d'Orient et d'Occident.
La page de notre site intitulée Histoire
des peuples : les guerres et révoltes dans l’Empire Romain
présente un ensemble de cartes des conflits (une carte tous
les 25 ans de l'an 1 à l'an 500). Cet ensemble n'est
certainement pas exhaustif car il a dû y avoir beaucoup de
conflits oubliés. Les cartes montrent que dans les diverses
guerres opposant les romains aux peuples barbares, on ne
sait pas très bien où sont les agresseurs et les agressés.
Elles montrent aussi qu'il peut y avoir des guerres civiles
à l'intérieur de l'Empire Romain, et même des guerres entre
légions.
Dioclétien s'est trouvé face à un problème de mésentente.
Devenu Auguste (ce titre correspondrait à celui de ministre
de la Guerre ou de financier des armées), il réalise qu'il
ne pourra diriger les deux armées de l'Est et de l'Ouest en
même temps. Il décide donc de partager cette charge en deux
(cette méthode est pratiquée actuellement par des grandes
entreprises qui décident de dissocier leurs activités en
créant des entités autonomes). Puis il décide de faire
désigner un césar (ce titre correspondrait à celui de
Général en chef des armées) par chacun des augustes. C'est
la création de la tétrarchie. L'image
1 résume bien cela : un groupe de 4 personnages :
deux dans une direction et deux dans une autre. Dans chaque
cas, les deux personnages (l'auguste et le césar)
s'embrassent fraternellement. Dioclétien pourrait être le
troisième personnage (en partant de la gauche). Il porte une
barbe.
L'importance grandissante
des chrétiens
Nous pensons que les chrétiens étaient devenus au fur et à
mesure de plus en plus importants au point de constituer une
force d'opposition. Depuis plusieurs siècles, les romains
s'efforçaient d'intégrer les nouvelles religions, mais il y
avait des réticences chez les chrétiens qui devaient être
marginalisés et les principales juridictions devaient être
attribuées à des non-chrétiens, qui devaient éprouver un
certain ressentiment. Comme il arrive souvent, Dioclétien
s'est sans doute imaginé qu'en employant la manière forte,
chacun rentrerait dans le rang. Le ressentiment n'en a été
que plus important. Nous pensons que 30 ans plus tard, les
chrétiens sont devenus majoritaires … et Constantin en a
tiré profit.
Le Palais de Dioclétien
La page du site Internet Wikipédia consacrée à ce monument
nous apprend ceci :
«
Le palais de Dioclétien
[...] est
la résidence impériale fortifiée construite par l'empereur
Dioclétien sur la côte dalmate pour s'y retirer après son
abdication volontaire en 305. C'est l'un des édifices de
l'Antiquité tardive les mieux conservés. Ces vestiges sont
préservés dans le cœur historique de Split, en Croatie.
Contrairement à une légende populaire, la ville –
Spalateum en
latin – doit son nom à celui de la cité grecque voisine
d'Aspalathos – “buisson blanc” – et non au terme
latin signifiant palais – palatium –.
L'empereur Dioclétien y a vécu l'essentiel des dernières
années de sa vie et, à sa mort, son corps a été déposé
dans un sarcophage placé dans le mausolée qu'il y avait
fait construire.
Le
palais est un témoignage exceptionnel de la mise en scène
architecturale de l'idéologie tétrarchique qui n'a pas
survécu à son fondateur. Réunissant une résidence de
prestige, un temple dynastique et un mausolée, c'est le
prototype d'un modèle palatial tétrarchique qui a connu
deux autres itérations moins grandioses : à Romuliana pour
Galère et à Šarkamen sans doute pour Maximin Daïa.
Le plan et les vestiges du
palais
La résidence de Dioclétien combine les aspects de
plusieurs types de constructions : c'est à la fois une
forteresse par ses remparts, une ville avec ses rues et
ses sanctuaires, et une grande villa par le luxe de ses
appartements privés. Elle est ainsi représentative des
trois formes architecturales principales qui caractérisent
l'époque de son fondateur.
Après
la disparition de son commanditaire, le palais a continué
jusqu'au VIe siècle de servir de résidence
officielle pour l'administration provinciale et de grands
personnages en exil, mais il a également abrité une
manufacture de textile. Après les invasions slaves, une
petite ville s'est développée dans ses murs et a succédé à
Salone comme siège épiscopal et siège administratif des
autorités byzantines. Elle a fini par passer sous contrôle
vénitien et est demeurée une place forte de la République
jusqu'à la dissolution de cette dernière en 1797.
[...] »
Comme nous l'avons dit en préambule, nous avons eu
l'occasion de visiter ce palais à deux reprises, en 2014 et
en 2024.
La page présente ne montre qu'une partie de ce palais : sa
partie inférieure. Nous verrons dans la page suivante
d'autres parties de ce palais.
Voici ce que nous avons écrit après notre visite de 2014. «
À
l’intérieur du palais de Dioclétien, on peut repérer
plusieurs détails susceptibles d’apporter des éléments de
référence.
Il y a d’abord le linteau de porte de l'image
16. On
voit la technique : tout d’abord une pierre massive, le
linteau, est posée à l’horizontale sur les pierres
d’encadrement de la porte. Sur cette pierre, est posée une
arcade. Remarquer que cette arcade s’appuie non seulement
sur le linteau, mais aussi sur les pierres qui encadrent
ce linteau. Enfin le linteau n’est pas lisse dans sa
partie supérieure : il a été entaillé pour recevoir les
premiers claveaux. On assiste là à un travail très soigné.
Remarquer,
sur l'image 12,
que le mur du fond (mur porteur de la voûte) est strié
d’une bande horizontale en briques. Cette bande contourne
sous la forme d'un arc en plein cintre à double révolution
une baie puis repart horizontalement. La voûte qui
s’appuie à la fois sur les piliers à section carrée et sur
des pierres accolées au mur recouvre partiellement la
bande en brique. Il semble donc que la voûte soit
postérieure au mur.
Image 13 :
voûte en coupole de briques. Remarquer la disposition de
ces briques en cercles concentriques. »
Les images nouvelles apportées par la
visite de 2024 permettent de confirmer les informations
obtenues en 2014. Il en est ainsi de l'image
15. On repère dans cette image, à partir du
parement, plusieurs périodes de construction : à la base, un
appareil fait de gros blocs bien équarris. Puis des blocs
plus grossiers. La bande horizontale est faite de briques
rouges. Cette structure est recouverte par la voûte de
briques. Là encore, on envisage que la voûte est postérieure
à la construction initiale.
Sur l'image 16, les
piliers sont à section rectangulaire. Ils portent des
structures en brique qui s'évasent vers le haut, un peu
comme des chapiteaux. La voûte en pierre est posée au-dessus
de ces structures. Cet assemblage fait penser au système de
double chapiteau vu en particulier à la Basilique
Euphrasienne de Poreč. Y aurait-il une relation entre les
deux ?
Image 17 : Cette
sculpture semble à priori dépourvue d'intérêt. Mais un
examen détaillé permet de découvrir au milieu des feuillages
une femme nue vue de profil, une tête de molosse, une tête
de cerf, deux têtes adossées (une tête de fauve et une tête
de mouton). Il est possible que l'ensemble de ces
représentations ait un contenu symbolique ou religieux. On
sait en effet que dans les religions celtiques, il pouvait y
avoir importance de la dualité entre le loup et le cerf.
Datation
envisagée pour le Palais de Dioclétien à Split : an
300 avec un écart de 25 ans.