L'église Sainte-Lucie de Jurandvor et l'énigme glagolitique 

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Nous avons visité cette église en avril 2024. La plupart des images de cette page ont été prises lors de cette visite. Les autres sont extraites de galeries d'images d'Internet.


L'église Sainte-Lucie de Jurandvor

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« L’époque de la construction de l’église et du monastère qui existait juste à côté est inconnue. D’après diverses circonstances et d’après le texte de la tablette de Baška elle-même, on pense qu’elle existait dès le XIe siècle. D’après le texte de la tablette de Baška, on peut clairement conclure que le roi croate Dmitar Zvonimir (1076-1089) a donné à un certain abbé Držiha une « prairie », c’est-à-dire une terre sur laquelle l’abbé Dobrovit construisit l’église Sainte-Lucie et le monastère. On sait que le monastère appartenait aux bénédictins.

On pense que le monastère a été construit sur le site d'un
e villa rustica de l’époque romaine, et l’église sur les fondations d'une basilique paléochrétienne. »


Nos commentaires

La visite principale a porté sur la stèle de Baška et l'écriture glagolitique. Nous n'avons pas eu d'information sur les fouilles (images 1, 2 et 3) ainsi que sur l'hypothèse de l'existence d'une église paléochrétienne. Certaines pièces nous semblent dater de la période antique. Ainsi le pied de bénitier de l'image 5 qui serait un fragment de colonne cannelée en marbre.

Le damier de l'image 6 est une pièce de réemploi. Il s'agit probablement d'un jeu d'échecs. Nous n'avons pas d'information sur une éventuelle datation.


Les quatre évangélistes (images 7, 8, 9, 10)

C'est tout à fait par hasard que nous avons photographié les quatre statuettes situées au sommet du clocher et à chaque angle. Vues de loin, elles nous semblaient dépourvues d'intérêt. Et de plus, le clocher semblant dater du XIIIe ou du XIVe siècle, nous estimions qu'elles devaient dater de la même période située hors de notre domaine d'étude.

Un examen plus attentif nous fait réagir tout à fait différemment. Il apparaît tout d'abord que nous sommes en présence des signes des quatre évangélistes. Toutes, hormis la dernière, dont la partie inférieure a disparu (image 10). saisissent un livre. On remarque que la forme de ce livre n'est pas comme d'habitude carrée mais rectangulaire. S'agit-il d'un codex (livre relié à feuilles) ? D'un volumen (feuille enroulée) ? Ne s'agirait-il pas plutôt d'un écritoire ? Après tout, les évangiles, il a bien fallu que quelqu'un les écrive ! Et le lion, le taureau et l'aigle seraient venus apporter cet écritoire à chaque évangéliste.

Un autre détail pourrait confirmer cette thèse. Seul l'homme de Saint Mathieu porte une auréole (image 7). Il pourrait représenter Saint Mathieu lui-même.

Il y a plus encore ! Sur la patte avant gauche du taureau (image 8), est gravée une croix pattée hampée.

On retrouve cette croix pattée hampée sur la patte avant droite du lion (image 10). Mais avec d'autres détails surprenants : le lion semble porter une jambière. Un bandeau l'empêche de voir.

Il faut comprendre que ces représentations du tétramorphe n'ont aucune ressemblance avec la quasi totalité de celles que nous avions vues auparavant, qui obéissent à un processus très codifié. Elles sont selon nous bien antérieures à la période romane. Nous pensons qu'elles devaient encadrer un oculus comme on le voit dans certaines églises d'Italie. Datation envisagée pour ces sculptures : an 850 avec un écart de 100 ans.


Datation de l'église Sainte-Lucie

Rappelons le texte de Wikipédia : « D’après diverses circonstances et d’après le texte de la tablette de Baška elle-même, on pense qu’elle existait dès le XIe siècle. ». Il est fait ici allusion à la stèle découverte dans l'église Sainte-Lucie.



La stèle de Baška

La page du site Internet Wikipédia consacrée à l'écriture glagolitique nous apprend ceci sur la stèle de Baška :

« La stèle de Baška est un des premiers monuments de la langue croate, datant de l'an 1100.

La pierre a été découverte en 1851 sur l'île de Krk, sur le dallage de l'église romane de Sainte-Lucie
(Sveta Lucija) à Jurandor, près de Baška. Depuis 1934, l'original est conservé à l'Académie croate des sciences et des arts, à Zagreb.

“ Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, moi, abbé Drziha, j'ai écrit cela à propos de la parcelle de terre que donna en ses jours Zvonimir, le roi croate, à Sainte-Lucie, devant ces témoins : Desimir, préfet de Krbava, Martin (Mratin) de Lika, Pribinezha, clerc à Vinodol, Jacob (Jakov) sur l'île. Qui ose nier cela, que Dieu le maudisse, ainsi que les 12 apôtres, les 4 évangélistes et la Sainte-Lucie. Amen. Que qui vive ici, prie Dieu pour nous. Moi, abbé Dobrovit, j'ai bâti cette église avec mes neuf frères dans le temps où le prince Kosmat régnait sur toute la région. Et à ces temps-ci, Mikula était ensemble avec Sainte-Lucie à Ototchats (Otocac). ” »

Il semblerait que la datation de cette église Sainte-Lucie soit basée uniquement sur ce texte qui a priori est très clair. On doit cependant se poser quelques questions. La transcription a-t-elle été bien faite (sur l'image 15, certaines lettres semblent bien effacées) ? La traduction a-t-elle été bien faite ? Est-il possible qu'il y ait eu plusieurs rois successifs portant le nom de Zvonimir ? Par ailleurs, il semblerait que cette stèle mentionne deux actes successifs, la donation d'une parcelle de terre et la construction d'une église. Et des actes non contemporains puisque deux abbés distincts y participent.

Nous sommes très partagés concernant cette datation : les images 15 et, surtout 16, nous font envisager une datation aux alentours de l'an 900. Mais, inversement, le fait que l'église soit à nef unique milite pour une date postérieure à l'an mille. Mais l'hypothèse selon laquelle les églises antérieures à l'an mille seraient toutes à nef triple, n'est peut-être valable que pour l'Europe de l'Ouest. Par ailleurs, il est possible que ce panneau sculpté provienne d'une autre église.

Dans l'attente de renseignements plus importants, la datation que nous proposons est la même que celle des auteurs des divers spécialistes (le XIe siècle) mais avec une incertitude plus forte : an 1050 avec un écart de 100 ans.


L'énigme glagolitique

Le titre donné à ce paragraphe peut sembler surprenant : pourquoi parler d'énigme alors que tout semble clair : « La stèle de Baška est un des premiers monuments de la langue croate, datant de l'an 1100. ». Divers documents nous apprennent que l'écriture glagolitique aurait été inventée par les saints Cyrille et Méthode afin d'évangéliser les populations slaves. Cette écriture aurait pris le nom d'écriture cyrillique et serait utilisée par de nombreux peuples dont le peuple russe.

En fait, ces explications, loin de nous satisfaire, nous ont incités à nous poser des questions. Tout d'abord le discours nous paraissait trop simple, voire simpliste. De tout temps, les historiens ont privilégié l'importance des grands hommes : combien de livres ont été écrits sur Napoléon en oubliant tous les soldats morts qui lui ont apporté la gloire sur les champs de bataille ? Il est fort possible que l’œuvre évangélisatrice de Cyrille et de Méthode ne soit qu'une fraction négligeable de l'action importante de milliers de missionnaires partis à la rencontre des populations slaves.

Il y avait aussi une autre question que nous nous posions : l'image 18 permet de comparer l'écriture glagolitique avec l'écriture cyrillique. Avec la meilleure volonté du monde, nous ne voyons pas une ressemblance qui devrait être plus nette. En conséquence, nous avons cherché à en savoir plus, d'abord sur les saints Cyrille et Méthode, puis sur l'écriture cyrillique.

La page du site Internet Wikipédia décrivant la vie des saints Cyrille et Méthode nous apprend ceci :

«  Cyrille ... né vers 827 ou 828 à Thessalonique, mort le 14 février 869 à Rome, et son frère Méthode, évêque de Sirmium, né entre 815 et 820 à Thessalonique et mort le 6 avril 885 en Grande Moravie (probablement à Velehrad), sont connus comme les apôtres des Slaves, c'est-à-dire ceux qui ont évangélisé les peuples slaves de l'Europe centrale. On leur attribue la conception de l'alphabet glagolitique. Au IXe siècle, leur mission en Grande Moravie marqua le début d'une ère nouvelle pour les peuples slaves, non seulement dans le domaine religieux, mais aussi dans le développement linguistique et culturel.

... Méthode fut le premier des deux à entrer en religion, en 856 ... mais Constantin le rejoignit peu après. Selon leurs Vies, ils se consacrèrent alors aux livres : il est probable, en fait, qu'ils commencèrent alors leurs travaux sur la mise au point de l'alphabet glagolitique et d'une liturgie et d'une littérature religieuse en langue slave.

On sait que l'alphabet existait en 863 et il a dû exiger plusieurs années de travail. ...

Peu après leur retour, en 862, le prince Ratislav de Grande Moravie envoya une ambassade à Constantinople pour demander des clercs capables d'instruire ses sujets sur le christianisme dans leur propre langue. C'est alors, selon les hagiographes, que les deux frères auraient inventé l'alphabet glagolitique et la liturgie slavonne en quelques semaines ou mois (862-863). Cependant, il s'agissait sûrement de leur part d'une entreprise plus ancienne. Cette initiative a non seulement facilité la diffusion du christianisme mais a également jeté les bases de la littérature et de l'enseignement écrits en langues slaves. »

La page du site Internet Wikipédia décrivant l'écriture cyrillique nous apprend ceci :

« Constantin Cyrille, dit le Philosophe, a créé l'alphabet et les premières traductions en vieux-slave, d'où son nom. C'est un fait incontestable, mais une des questions est restée sans réponse univoque encore actuellement, et porte sur la création au cours d'une période relativement brève de deux alphabets slaves, à savoir l'alphabet cyrillique et l'alphabet glagolitique. Les avis ne s'accordent pas tous pour affirmer lequel des deux a été créé par Constantin Cyrille.

Selon l'hypothèse la plus répandue sur la création des deux alphabets, le cyrillique ferait son apparition, chronologiquement, après le glagolitique. D'un point de vue acoustique et graphique, le cyrillique est issu de l'onciale grecque. Ce serait Clément d'Ohrid, un des disciples de Constantin (Cyrille), qui l'aurait créé, lui donnant le nom de son professeur. La plupart des scientifiques attribuent l'alphabet glagolitique à Constantin (Cyrille). Il correspond à la composition phonétique de l'ancien slave et possède une graphie originale. ... Si, entre l'alphabet glagolitique et l'alphabet cyrillique, il existe une certaine continuité, ils n'en comportent pas moins des différences significatives. L'alphabet cyrillique remplace rapidement l'alphabet glagolitique, d'abord en Bulgarie orientale, notamment dans la capitale de l'époque, Preslav. À l’école d'Ohrid, l'alphabet glagolitique est plus largement répandu et employé plus longtemps. Dans quelques monastères au bord de la mer Adriatique, en Croatie, le glagolitique a été utilisé en cryptographie jusqu'au XIXe siècle. »

Grâce à ces deux textes, un coin de voile se lève. Il n'y a pas eu une écriture cyrillique mais deux : l'écriture glagolitique et l'écriture cyrillique proprement dite..

Cette constatation jointe au refus de « simplisme » évoqué ci-dessus nous amène à émettre de nouvelles hypothèses sur l'évangélisation des slaves.

Rappelons d'abord quelles sont les anciennes hypothèses, actuellement énoncées sur le ton de la certitude. Ainsi, toujours grâce à Wikipédia, on dispose de l'information : « Au VIIe siècle, la peuplade croate quitta la Croatie blanche au nord des Carpates et à l'est de la Vistule, pour émigrer vers l'Ouest des Alpes dinariques. Le livre De administrando imperio, écrit au Xe siècle, est la source la plus référencée concernant la migration des peuples slaves vers l'Europe du Sud-Est. Il y est précisé qu'ils migrèrent d'abord vers l'an 600 depuis la région qui couvre maintenant la Galicie vers les régions à l'Est et au Nord du Danube, sur les versants des Carpates, menés par le peuple turc des Avars. ». Le livre, écrit vers l'an 940 par Constantin VII Porphyrogénète, semble être la seule source dont on dispose. En admettant même que Constantin ait pu quant à lui disposer de nombreuses autres sources d'information, il n'a pu révéler qu'une toute petite partie de ce qui s'est passé 340 ans auparavant. C'est la constations que chacun d'entre nous peut faire pour son propres compte. Que s'est-il passé en Europe aux alentours de l'an 1700 ? Même en disposant de documents sur l'histoire de France, on ignorerait les conflits entre villes italiennes ou le développement de l'agriculture à l'Est de l'Europe. Il faut donc convenir que, d'une part , Constantin VII Porphyrogénète nous apprend quelque chose, mais, d'autre part, que ce « quelque chose », n'est pas «grand chose ».

Il faut donc faire preuve d'imagination.

Commençons par dire que l'origine du mot « slave » serait « esclave ». Même si cette information n'est pas sûre à 100%, on peut envisager qu'elle entre dans une logique. Les propriétaires fonciers qui ont commencé ou amplifié le défrichement et l'exploitation de riches terres agricoles à l'Ouest et au Sud de l'Europe avaient besoin d'une main-d’œuvre importante qu'ils ont fait venir de l'Est et du Nord de l'Europe. Cette hypothèse est-elle irréaliste ? Non, car on a d'abord le témoignage apporté par l'histoire des Goths qui, chassés de l'Est du Danube vers 375, ont été mis en esclavage par les romains. Et on a aussi un exemple beaucoup plus récent : l'esclavage des populations noires aux États-Unis du XVIIe au milieu du XIXe siècle. De cet épisode dramatique, on peut tirer la conclusion d'un double comportement des populations concernées : assimilation dans certains cas, autonomie dans d'autres. Ainsi, il peut y avoir, par exemple, l'adoption de la religion du maître mais avec des pratiques ou des croyances religieuses héritées d'anciennes religions.

C'est ce qui se serait passé pour les peuples slaves. Issus de populations pauvres situées à l'Est de l'Europe, volontairement ou non, ils auraient émigré vers l'Ouest et le Sud, et ce, probablement avant l'an 400. Une migration qui ne se serait pas faite brusquement, à l'image d'une invasion, mais lente et progressive. Il ne faut pas non plus s'imaginer que, si ces peuples ont été importés comme esclaves, l'esclavage de leurs descendants n'a pas duré des siècles : il a dû y avoir des changements de régimes, des émancipations.

Nous pensons donc que, bien avant l'an 600, les populations issues de l'Est de l'Europe ont commencé à adopter la religion chrétienne (assimilation). Mais, à l'inverse, ils ont forgé une langue commune, le slave (autonomie). Nous pensons en effet qu'auparavant, chaque peuple devait disposer de sa propres langue avec sans doute des caractères communs avec celle des peuples voisins.

Outre la religion chrétienne, ces peuples ont aussi probablement emprunté aux peuples d'Europe de l'Ouest et du Sud, la forme d'écriture : l'écriture latine pour le Nord-Est, l'écriture grecque pour le Sud-Est. Les documents, s'ils ont existé, ont été perdus.

Passons à l'écriture glagolitique

Nous n'avons pas encore pris conscience de l'importance du Livre pour les populations du premier millénaire. Nous devrions pourtant nous en douter avec l'exemple actuel des peuples islamistes vis-à-vis du Coran : racontant une histoire sacrée, le livre est lui-même devenu sacré. Et nos populations occidentales ont pour elles-mêmes l'exemple des formules magiques tirées de livres cachés (dernier exemple, le Da Vinci Code). Durant le Haut Moyen-Âge, les livres étaient recouverts de reliures ornées de pierres précieuses et leurs pages étaient décorées de riches enluminures peintes pour n'être vues qu'exceptionnellement par de rares prêtres. En fait, ces livres, œuvres de Dieu, étaient destinés à Dieu. Notre hypothèse est que ces livres issus de Dieu (ou des dieux) devaient s'adresser aux hommes, dans la langue des hommes. Mais des hommes d'autrefois : dans le cas des slaves, ce devait être un vieux slave. Nous pensons qu'à l'origine, l'écriture elle-même devait être incompréhensible pour le commun des mortels (mais non pour les prêtres). Et ce devait être le cas de beaucoup de peuples. On le devine pour les Celtes ainsi que pour d'autres peuples. Par ailleurs, de nombreuses religions ou sectes ont conservé des traditions de secret (gnostiques, Kabbale, cultes dionysiaques ou de Mithra).

Notre hypothèse est que l'écriture glagolitique soit le vestige d'une écriture ésotérique des anciens slaves. Les écrits d'origine étaient peut-être ceux d'une religion païenne, mais ils auraient été au fur et à mesure imprégnés de religion chrétienne transmise par les latins ou les grecs.

Nous pensons donc que bien avant Cyrille et Méthode, les populations slaves devaient être christianisées. Mais cette christianisation était locale. Chaque diocèse devait avoir son dogme et sa liturgie. On sait qu'au cours du IXe siècle, il y a eu la conception du Saint Empire Romain Germanique. L'idée était d'unifier l'Europe, tant sur le plan politique que religieux. Il est probable que Cyrille et Méthode ont été des acteurs de cette unification sur le plan religieux. Pas seulement eux sans doute, mais aussi les dizaines de moines qui les ont accompagnés. Ils ont été chargés de traduire le message chrétien original aux populations slaves. Pour s'adresser aux élites religieuses slaves, ils ont utilisé le glagolitique ancien. Pour s'adresser aux élites civiles et au peuple slave en partie hellénisé, ils ont utilisé l'alphabet grec. Mais un alphabet qu'ils auraient modifié pour l'adapter aux divers nouveau phonèmes introduits par la langue slave. Ce serait l'alphabet cyrillique. À l'usage, l'écriture glagolitique aurait disparu dans la concurrence avec l'écriture cyrillique. Elle se serait en partie maintenue dans des pays, qui comme la Croatie, utilisent l'écriture latine.

Voilà donc une interprétation un peu différente de celle donnée précédemment (par les textes de Wikipédia). Nous ne faisons ici que l'évoquer. il faudrait effectuer une recherche beaucoup plus poussée pour confirmer ou infirmer ces hypothèses. Il faudrait aussi une recherche plus élargie, car nous ne pensons pas que l'écriture glagolitique ait été la seule écriture cachée à avoir été utilisée durant le premier millénaire. Pour une écriture mise en exergue pour distinguer l'identité croate, combien d'autres ont été ignorées parce qu'elles ne correspondaient pas à l'imaginaire collectif ?