La basilique pré-euphrasienne de Poreč 

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Nous avons visité en avril 2024 cette partie de l'enclos cathédral de Poreč où l'on a les restes d'une basilique. La plupart des images de cette page ont été prises lors de cette visite. Les autres sont extraites de galeries d'images d'Internet.

Image 1 : La zone de fouilles vue en direction de l'Est.

Image 2 : Vue par satellite montrant une partie de l'enclos cathédral. Cette page décrit trois parties de cet enclos : en haut de l'image, une zone de fouilles aérienne de couleur grise, à sa droite, une autre zone de fouilles à l'intérieur d'un groupe de bâtiments recouverts de toits rouges, et, encore à droite, un bâtiment tri-conque couvert d'un toit en lauzes (nous n'avons pas eu accès à ce dernier bâtiment).

Image 3 : Cuve baptismale taillée dans un chapiteau ancien.

Image 4 : Restes de la nef de la basilique pré-euphrasienne. On reconnaît, au centre, le vaisseau central et son pavement de mosaïques. On distingue trois grands panneaux carrés décrits ci-après. On retrouve sur ces panneaux des décors de mosaïques déposées dans le palais épiscopal et analysés dans la page précédente.

Image 5 : Grand panneau du côté Est ; au fond à gauche, la mosaïque au poisson (image 18 de la page précédente) ; au premier plan à gauche, un nœud de Salomon ; au fond et au premier plan au centre, le décor de bande d'entrelacs inséré dans une svastika (image 22 de la page précédente).

Image 6 : Grand panneau du milieu ; il est situé au centre de l'image à décor de canthare (image 25 de la page précédente).

Image 7 : Grand panneau du côté Ouest. On retrouve des décors vus précédemment (image 24 de la page précédente).


Il reste ensuite à découvrir les vestiges de cette basilique paléochrétienne cachés à l'intérieur du bâtiment situé à gauche sur l'image 8 et en face sur l'image 9. Nous avouons avoir été un peu perdus en présence de la multiplicité des vestiges et le peu de temps dont nous disposions pour les étudier sereinement. Cependant, grâce à des panneaux explicatifs, nous pouvons opérer une tentative de compréhension.

Le plan de l'image 10 recueilli sur le site représente la partie Est de cette basilique, c'est-à-dire le chevet, de forme carrée. Les numéros inscrits sur ce plan sont associés aux légendes suivantes :

1 : Abside rectangulaire de la basilique mineure pré-euphrasienne, avec un pavement en mosaïque du Ve siècle.

2 : Synthronon.

3 : Sarcophage à arcosolium du VIIIe siècle.

4 : Autel du VIIIe siècle.

5 : Bases de trois absides inscrites de l'église du IXe - Xe siècle.

6 : Tombe à voûte de la fin du XVIIIe siècle.


Éléments de vocabulaire


Le synthronon désigne en grec un banc semi-circulaire qui, dans les églises paléochrétiennes (à partir du Ve siècle), est aménagé dans ou devant l'abside, derrière le bêma (clôture de chœur). Il est réservé au clergé et peut comporter plusieurs gradins.

L'arcosolium est une niche semi-circulaire avec un arc placé au-dessus d'une tombe ou d'un sarcophage.

La vue en perspective de l'image 11 fait apparaître la basilique telle qu'elle devait être au Ve siècle : une grande nef à trois vaisseaux. Le vaisseau central était porté par des colonnes cylindriques monolithes. Une abside rectangulaire prolongeait ce vaisseau central. Une clôture séparait le chœur de la nef. Un synthronon était placé au centre de l'abside. L'autel est placé entre le synthronon et la clôture de chœur.

Au VIIIe siècle, un autre autel est placé contre le mur Est et une tombe à arcosolium (probablement d'un dignitaire de l'église ou d'un saint) jouxte le mur Sud (image 12).

Enfin l'image 13 montre que trois absides semi-circulaires ont été ajoutées au IXe ou Xe siècle. Vers la même époque, la clôture de chœur aurait été réduite sans être supprimée.


Lors de notre trop rapide passage dans ce site archéologique, nous avons pris des photographies sans comprendre l'évolution de la construction comme indiqué ci-dessus. Il faut cependant reconnaître que des images identiques à celle de l'image 14 peuvent dérouter au premier abord. Mais en examinant de plus près cette image, on identifie les restes de deux des trois absides semi-circulaires (celle du milieu et celle de droite) construites au IXe ou Xe siècle. Et devant l'abside centrale (ici à gauche), on découvre l'autel ajouté au VIIIe siècle. Le sarcophage situé à droite est-il celui de la tombe à arcosolium ? Il est difficile de le savoir. Mais la banquette située à droite de ce sarcophage (image 15) pourrait être un reste de cet arcosolium. En tout cas, une chose est sûre : tous ces éléments, absides semi-circulaires, autel, sarcophage, ont été posés sur un pavement de mosaïque. Ce qui montre qu'ils sont postérieurs à ce pavement.

Les images 15, 16 et 17 suivantes décrivent certains détails des mosaïques vues sur l'image 14. On note sur l'image 17 la présence d'un « nœud de Salomon ». Il est probable que la troisième abside construite au IXe siècle (située côté Nord) est représentée sur l'image 18.


Nous n'avons pas pu accéder à la chapelle tri-conque, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Nous avons seulement pu photographier de loin son vestibule et, au delà de celui-ci, le sarcophage qu'elle abrite. Ce tombeau contiendrait les reliques de Saint Maur (image 19). Diverses salles précèdent cette chapelle. Elles contiennent des mosaïques et des sarcophages (images 20 et 21).


Datation

Selon le texte « LES PLUS ANCIENNES ÉGLISES D'ISTRIE », de Lucijan FERENČIC, diverses monnaies ont été trouvées sous les mosaîques, des monnaies de Licinius (307-323), Constantin (307-337) et Valens (364-378). Et selon Lucijan FERENČIC, « les mosaïques ont été très probablement réalisées dans la seconde moitié du IVe siècle ». Nous sommes toujours un peu surpris par le genre de situations dans lesquelles un site archéologique est daté par des monnaies appartenant à des périodes très espacées dans le temps. Si on associe la date de 316 à la monnaie de Licinius, 322 à celle de Constantin et 371 à celle de Valens, on peut considérer que les monnaies de Licinius et de Constantin sont contemporaines. Mais elles ne le sont pas avec celle de Valens (différence d'une cinquantaine d'années soit deux générations). En conséquence, faire des déductions en ce qui concerne les datations s'avère être un exercice délicat.

Contrairement à ce que l'on pense, les premières églises chrétiennes n'ont pas été construites après les réformes de Constantin, mais bien avant. Les premières églises ont été construites sur des propriétés privées. Il est donc possible que cette basilique pré-euphrasienne ait été construite avant les réformes de Constantin. On sait par ailleurs que, par la suite, elle a subi de nombreuses améliorations.

Datation envisagée pour la basilique pré-euphrasienne de Poreč : an 350 avec un écart de 100 ans.