L'église Sainte-Marie-Madeleine de Mutvoran  

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Nous n'avons pas visité cette église.

Les images de 3 à 21 de cette page ont été capturées sur le site Patrimoine Culturel de l'Istrie, créé par Ivan Matejcic.  Les bas-reliefs représentés sur ces images ont été déposés dans le Musée Archéologique d'Istrie situé à Pula. Celui-ci était fermé lors de notre visite. Compte tenu de l'intérêt que représentaient ces sculptures et uniquement pour les besoins de notre recherche, nous avons estimé nécessaire de les présenter.

Les scènes représentées étaient datées du XIe siècle et accompagnées du commentaire suivant : « Le royaume messianique selon le texte du Prophète Isaïe (Isaïe 11. 6, 9) ».

En utilisant la référence qui nous était donnée, nous avons obtenu le texte suivant tiré de la Bible :

« 06 : Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.

   07 : La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage.

   08 : Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main.

   09 : Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la
          mer.
»


Commentaires sur le texte d'Isaïe

Il s'agit là d'un passage à valeur symbolique. En langage modern,e on pourrait le traduire par l'expression « coexistence pacifique ». Ce n'est pas la lutte du Bien contre le Mal. Car il n'a pas de lutte, de volonté de domination d'un clan sur un autre.


Comparaison entre le texte d'Isaïe et les scènes sculptées

Remarquons tout d'abord que le texte d'Isaïe parle de couples d'êtres vivant en harmonie : loup-agneau, léopard-chevreau, veau-lionceau, nourrisson-cobra.

À l'inverse, sur les 13 scènes sculptées en bas-relief, seules 6 présentent des couples, les 7 autres étant des individus isolés. Et parmi les 6 couples, 2 présentent des individus adossés qui ne peuvent symboliser la parfaite harmonie suggérée par le texte d'Isaïe.

À cela s'ajoute le fait que le texte d'Isaïe cite des noms d'animaux parfaitement identifiables : loup, agneau, léopard, … Ce qui signifie que le loup ressemble à un loup, l'agneau à un agneau, le léopard à un léopard … Alors que certains des animaux sculptés de Mutvoran n'ont que peu de ressemblance avec des animaux réels (lion à tête humaine, dragon, sorte d'hippocampe aussi grand qu'un lion).

En conséquence, nous pensons que ces représentations sculptées sont très éloignées du texte d'Isaïe. Si elles en sont inspirées, les chaînons manquants restent à découvrir. Nous pensons que dans ce cas particulier, on subit le phénomène d'absence de texte explicatif. Il faut comprendre en effet que pour ces périodes anciennes, notre ignorance en histoire est beaucoup plus grande que nos connaissances obtenues par les textes anciens qui ne sont qu'une toute petite partie conservée d'un ensemble plus vaste ayant en grande partie disparu. Face à cette pénurie de textes, l'historien à tendance à surestimer la documentation existante.


Les thèmes évoqués

On constate que certains thèmes sont repris à plusieurs reprises.

C'est le cas du lion à tête humaine s'abreuvant à un canthare (images 6, 9 et 15). Les trois images sont très semblables entre elles. La ressemblance va jusqu'à la représentation de la queue qui passe horizontalement au-dessus du corps du lion.

C'est aussi le cas des deux oiseaux adossés présentés verticalement (images 12 et 21).

Les lions des images 14 et 17 montrent des caractéristiques analogues : une queue qui remonte en passant sur le corps. Mais surtout une très longue langue sortant de la gueule du lion et atteignant le sol. L'image 8 présente des caractéristiques presque semblables aux deux précédentes, mais la langue s'épanouit en fleuron.

Pour le autres figures, les ressemblances sont moins évidentes. Ainsi le fauve, ours ou lion, représenté sur l'image 18, ne montre pas de trait particulier, hormis une forte dentition et l'absence de queue.

Il reste encore les scènes représentant pour chacune un lion et une sorte de dragon ou un monstre hybride (images 4, 5 et 11). Ces images sont différentes entre elles. Une fois, le lion développe une longue langue, une autre fois il semble dévorer la tête du dragon. Toutefois, dans chacune de ces représentations, le lion domine le dragon.

On a enfin une scène de deux hybrides affrontés (image 20).

Toutes ces représentations sont nouvelles pour nous. La seule ressemblance qu'il pourrait y avoir avec une scène vue auparavant est avec la représentation du lion à queue feuillue. Il y aurait aussi celle des deux oiseaux adossés, mais auparavant, ces volatiles étaient disposés verticalement et non, comme ici, horizontalement.

Nous espérons que ces représentations ne sont pas uniques et que des images semblables vues en un autre lieu permettront de résoudre les mystères de celles-ci. Nous pensons qu'elles ont été réalisées par un peuple barbare mais nous ignorons lequel.


Datation envisagée pour l'église Sainte-Marie-Madeleine de Mutvoran : an 800 avec un écart de 200 ans.